Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

enjoignons de faire jouir l'Expofant ou fes ayans caufes pleinement & pailiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie deldites Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin defdits Livres, foit tenue pour dûement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amez & feaux Confeillers & Secretaires, foi foit ajoûtée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous Actes requis & néceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Chartre Normande & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles le douzième jour de Juillet, l'an de grace mil ept cens trente-fept, & de notre Regne le vingt-deuxième. Par le Roy en fon Confeil. SAINSON,

Registré fur le Regiftre IX. de la Chambre Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris, No 499. fol. 468. conformément aux anciens Réglemens confirmez par celui du 28. Février 1723. A Paris le 18. Juillet 1737.

Signé LANGLOIS, Syndic.

DE'FENSE

DEFENSE

DES PROPHETIES

DE LA

RELIGION CHRETIENNE.

[ocr errors]

LIVRE PREMIER.

A maniere dont Grotius explique les Propheties de l'ancien Teftament, qui annoncent Notre-Seigneur JefusChrist, eft affez connue de tous ceux qui ont lû fes Commentaires fur l'Ecriture Sainte. Elle confifte à donner à ces Propheties deux fens tout differents; dont il rapporte le premier, qu'il prétend être le fens propre & litteral, aux perfonnes & aux évenements les plus voifins des temps auxquels les Prophetes ont vécu ; & le fecond qui eft allegorique, & qu'il appelle fouvent le fens le plus fublime,

A

à Notre-Seigneur Jefus-Chrift. C'est ainsi, pour rendre la chofe plus claire par quelques exemples, qu'il rapporte (1) l'Oracle d'Ifaïe touchant la Vierge, qui devoit enfanter un fils qui feroit appellé Emmanuel, à la femme d'Ifaïe même, qui au temps qu'il la prit pour épouse étoit vierge; avouant cependant que ce même Oracle a un fens beaucoup plus excellent, fi on l'explique de celle qui a conçû en demeurant toujours vierge; ce qui n'eft arrivé, ajoute-t-il, qu'à Marie feule: De même que le nom d'Emmanuel eft celui du fils d'Ifaïe; mais que ce nom à une fignification beaucoup plus parfaite en Jesus-Christ.

C'eft ainfi encore qu'il explique litteralement d'Ezéchias fils d'Achaz, cet autre oracle du même Prophete: (2) Un petit nous eft né, un fils nous a été donné, &c. De telle forte néanmoins, ajoute-t-il, que cet oracle convient bien plus excellemment au Meffie, comme les Chrétiens, & même la Paraphrafe Chaldaïque le reconnoiffent. Enfuite de quoi il fait tous fes efforts pour montrer que les qualitez toutes divines que le Prophete attribue à ce fils qui nous a été donné, convien

(1) Grotius in cap. 1. Matth. v. 22. (2) Grotius in cap. 1x. Ifaiæ. v. 6.

nent fort bien au Roy Ezechias. Et c'eft ce que nous examinerons dans la feconde partie de cet Ouvrage, ainfi que les au tres oracles du même Prophete, qu'il explique toujours litteralement de tour autre que de Notre-Seigneur Jefus-Chrift, mais fans exclure un autre fens, fpirituel & allegorique, qu'il veut bien lui accor

der.

Quoique Grotius débite fon fyftême d'une maniere très-infinuante, il ne faut pas néanmoins être fort éclairé pour s'appercevoir d'abord que par ces deux fens fi différents, qu'il donne aux Propheties, il ruine entierement la preuve qui se tire de ces mêmes Propheties en faveur de la Religion Chrétienne, & qu'il authorife les Juifs & les autres incredules dans leur infidelité & leur endurciffement ; puifqu'en leur accordant que les Propheties dans leur fens propre & litteral ne regardent point Notre-Seigneur JefusChrist, on leur accorde tout ce qu'ils demandent; & que fi on veut les preffer par le fecond fens que Grotius admet il eft clair qu'ils s'en mocqueront tout ouvertement, comme d'un fens mystique ou allegorique, qui ne prouve rien eu qui au moins ne convainc pas. C'est ce que Grotius reconnoît lui

,

même (3) après Epifcopius (4) & les au tres Sociniens, de qui il a emprunté cette nouvelle maniere d'expliquer les Propheties, quand il dit, que les Apôtres mêmes, lorfqu'ils citoient aux Juifs ces Propheties, n'avoient pas le deffein de les convaincre par là que Jefus - Chrift fût le véritable Meffie, & qu'ils fe contentoient pour cela de leur produire fes miracles & fa refurrection, Et fi on lui demande pourquoi les Apôtres & les Evangeliftes citent fi fouvent ces Propheties dans leurs divins Ecrits, il répond fans façon que ce n'a pas été pour prouver, mais pour orner & illuftrer leurs difcours.

On voit affez les conféquences de ces propofitions, fans que je m'arrête à les expofer: il eft aifé d'en découvrir le principe, qui n'eft autre que le Socinianisme & le deffein formé de ruiner les preuves de la divinité de Jefus - Chrift, qui fe trouvent dans les Propheties de l'ancien Testament, & particulierement en celles que les Evangeliftes & les Apôtres citent à cet effet dans le Nouveau: Et c'eft ce que nous ferons voir clairement dans toute la fuite de cet Ouvrage.

(3) Grotius in cap. 1. Matth. 22,

(4) Epifcopius in cap. 1. Marth. 22. & Inftitut, Theo log. L. III. cap. xiii.

« AnteriorContinuar »