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gnage de l'Ecriture que l'explication fimple & litterale de ce Pleaume, pour confondre non-feulement les Juifs, mais encore les Arriens, les Marcionites, les Manichéens, Paul de Samofate, & tous les autres ennemis de la divinité de JefusChrift. Et voilà ce qui oblige les Sociniens, & Grotius qui les fuit, à donner à ce Pfeaume un fens allegorique, en abandonnant aux Juifs le fens litteral. II veut par-là détruire toute la force de l'argument que l'on en tíre pour établir contre tous ces Hérétiques ce dogme fondamental de la Religion Chrétienne.

A cette Prophetie citée par Notre-Seigneur Jefus-Chrift pour prouver fa divinité, j'en ajoute une autre, qu'il produit pour montrer qu'il étoit le véritable Mes fie. Elle eft tirée du Chapitre IV. de l'E vangeliste Saint Luc, (1) qui rapporte, que Notre-Seigneur étant allé à Nazareth, où il avoit été élevé, il entra felon fa coutume le jour du Sabat dans la Synagogue,& qu'il fe leva pour lire. On lui mit, continue le Texte Sacré, entre les mains le Livre du Prophete Ifaie; & en l'ouvrant il trouva l'endroit où il étoit écrit: (2) l'Esprit du Seigneur eft fur moi,

2.

(1) Luc 1v. 16. 17. 18.
(2) Ifaiæ LXI. I.

c'est pour cela que j'ai reçû l'onction de lui, qu'il m'a envoyé pour prêcher l'Evangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur accablé de trifteffe, pour annoncer la liberté aux captifs, & le recouvrement de la vie aux aveugles, pour délivrer ceux qui font dans l'oppreffion, pour publier l'heureufe année du Seigneur, & le jour auquel on fera juftice. Ayant enfuite fermé le Livre, il le rendit au Miniftre & s'assit. Toute la Synagogue avoit les yeux attachez fur lui, & il commença à leur dire : Ces paroles de l'Ecriture font accomplies aujourd'hui que vous les entendez.

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Notre-Seigneur déclare ici que cette Prophetie d'Ifaie eft accomplie en lui qui ofera dire ou penfer le contraire? Qui ofera dire, comme Grotius, qu'elle a été accomplie en Ifaïe? Que fi elle a été accomplie en Ifaïe, comme il le prétend, qu'il nous faffe donc voir en même temps, qu'Ifaïe a prêché l'Evangile aux pauvres, qu'il a rendu la liberté aux captifs, & la vûë aux aveugles. Mais c'eft ce que Grotius ne fait pas, & ce qu'il ne fera jamais. A qui perfuadera-t'il qu'Ifaïe en publiant ou en écrivant les Propheties a operé toutes ces merveilles ? Quelle preuve en apportera-t'il? Pour nous, nous montrons par le témoignage des Evangelistes

& des Apôtres, & par celui de tout le monde converti, que le Sauveur du monde a operé & qu'il opere encore tous les jours réellement & véritablement toutes ces merveilles. Et nous fçavons que dans le temps même qu'il produifoit aux Juifs cette Prophetie pour les convaincre qu'il étoit leur véritable Meffie, il accomplif foit à leurs yeux tout ce qui y eft énoncé : qu'il prêchoit l'Evangile aux pauvres, qu'il gueriffoit ceux qui avoient le cœur accablé de trifteffe, à caufe de leurs maladies & de leurs péchez, dont il les délivroit, qu'il donnoit la liberté aux captifs qui gémiffoient fous l'efclavage des Démons qu'il chaffoit de leurs corps, qu'il rendoit la vûë aux aveugles, qu'il publioit par tout que le temps des miféricordes de Dieu étoit arrivé exhortant tout le monde d'en profiter, & d'éviter par-là les terribles effets de fa juftice.

:

Auffi lorfque Saint Jean-Baptifte, pour inftruire fes Disciples, en envoya deux d'entr'eux pour lui demander, s'il étoit celui qui devoit venir, c'est-à-dire, s'il étoit le Meffie; le Sauveur du monde, pour les en convaincre, fe contenta de faire en leur préfence quelques-unes des merveilles énoncées en cette même Prophetie, & leur dit: (3) Allez, rapportez

(3) Matth. XI. 2.

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à Jean ce que vous avez ouï & ce que vous avez vu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux deviennent nets, les fourds entendent, les morts reffufcitent l'Evangile eft prêché aux pauvres. Parce qu'après avoir vû le Sauveur du monde operer toutes ces merveilles, c'étoit pour eux une preuve invincible qu'il étoit véritablement le Meffie annoncé & promis dans les divines Ecritures, & en particulier dans cette prophetie d'Ifaïe. Mais puifque l'on a vu toutes ces merveilles operées par Notre-Seigneur Jefus-Christ, & non pas par Ifaïe, ou par quelqu'autre Prophete quel qu'il puiffe être; c'eft done de Notre-Seigneur Jefus-Chrift, & non pas d'Ifaïe, dont il eft parlé dans cette Prophetie. Elle lui appartient donc uniquement, & dans fon fens propre & litteral, puifqu'il la propose lui-même aux Juifs pour leur prouver qu'il étoit le Meffie qu'ils attendoient. Si cette prophetie avoit été fufceptible d'un double fens & que dans fon fens propre & naturel elle eût appartenu à Ifaïe, comme Grotius le prétend, pourquoi les Juifs ne difoient-ils pas au Sauveur du monde qu'elle appartenoit à Ifaïe même, & que par conféquent il avoit tort de fe l'appliquer. Mais les Juifs fçavoient trop qu'Ifaïe on

Ieurs autres Prophetes n'avoient rien fait de ce qui eft contenu dans cette Prophetie; & ils voyoient au contraire le Sauveur du monde qui accompliffoit tous les jours ces merveilles à leurs yeux. Comment donc auroient-ils pû appliquer cette Prophetie à Ifaïe, ou nier qu'elle appartint à Jefus-Chrift, puifqu'ils en voyoient en lui l'accompliffement?

Auffi le Texte Sacré ajoute incontinent, (4) que tous lui donnoient leur ap probation, & qu'ils admiroient les paroles de graces qui fortoient de fa bouche. Cependant le Sauveur du monde leur ayant fait entendre enfuite qu'ils ne profiteroient guéres de fa préfence & des graces qu'il leur offroit, & que les nations idolâtres en profiteroient plus qu'eux ; ils furent tellement irritez de ce difcours que s'étant levez ils le chafferent, & qu'ils le conduisirent jufqu'au fommet de la montagne fur laquelle leur Ville étoit bâtie, à deffein de le précipiter : par où ils commencerent à vérifier ce que le Sauveur du monde venoit de leur prédire. Ils ne pouvoient nier qu'il ne fût le Meffie, puifqu'ils voyoient que laProphetie d'Ifaïe s'accompliffoit en lui; mais ils prétendoient, fuivant leurs fauffes idées, que

(+) Luc IV. 22

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