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fon difcours & par toutes les propheties qu'il leur cite en géneral, comme à des gens qui en étoient parfaitement inftruits, & qui n'avoient qu'à les comparer à ce qu'ils avoient vû de Notre-Seigneur Jefus-Chrift, & à tout ce qu'ils voyoient encore? Mais fur tout furent-ils perfuadez que c'étoit du Sauveur du monde que leur grand Prophete & légiflateur Moyfe avoit parlé dans la prophetie qu'il rapporte de lui? Qui peut en douter, puifqu'il y en eut cinq mille d'entr'eux (2) qui fe convertirent, & qui abandonnant la Loi de Moyfe, fe foumirent à celle de JefusChrist, qu'ils reconnurent pour le véritable Meffie?

C'est ce que Grotius ne peut nier, puifque les Actes des Apôtres en font foi. Il cherche pourtant à obfcurcir cette prophetie de Moyfe, & à en détourner le fens autant qu'il peut, pour qu'on n'y reconnoiffe le Sauveur du monde que confufément, avec tous les autres Prophetes auxquels il l'attribuë directement. Il s'y prend d'une maniere affez adroite en apparence. Les Saints Peres ont fait attention à ces paroles, comme moi, ou tel que je fuis. D'où ils ont conclu, que Moyfe ayant été en même temps Prophete &

(2) A&t. IV. 4.

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législateur : & entre tous les autres Prophetes qui ont paru après lui parmi les Juifs, Notre-Seigneur ayant été le seul qui ait été en même temps législateur & Prophete, c'étoit donc uniquement de lui dont il étoit parlé dans cette prophetie, & non pas des autres Prophetes. Grotius en reftreignant le fens naturel de ces paroles: Comme moi, ou femblable à moi foutient qu'elles ne regardent point la qualité de légiflateur qu'avoit Moyfe mais feulement celle de Prophete: mais fur quoi restraint-il ici le fens de ces paroles; il n'en produit & n'en peut produire aucune raifon? Mais s'il restraint ici le fens des paroles de la prophetie, il l'augmente auffi lorfqu'il le trouve bon, fans fe mettre en peine des régles de la Grammaire, lui qui eft fi fubtil Grammairien quand les interêts de fa Secte l'y obligent. Car quoi? Il n'est parlé dans cette prophetie que d'un feul Prophete, qui devoit être tel que Moyfe, fans exclufion de fes autres qualitez, qui le rendroient le Maître & le Seigneur de Moyfe: Dieu vous fufcitera un Prophete d'entre vos freres, tel que je fuis. Et Grotius veut qu'il y foit parlé de tous les Prophetes qui ont paru parmi les Juifs depuis Moyfe, comme fi la langue Hébraïque n'avoit

point de nombre pluriel, ou qu'elle eût coutume de le confondre avec le fingu lier. Mais c'eft que Grotius vouloit fuivre l'exemple de fes Maîtres, & ruiner autant qu'il étoit en lui toutes les propheties qui appartiennent à Notre-Seigneur Jefus Christ.

Je paffe plufieurs autres propheties contenues dans ce fecond difcours de Saint Pierre aux Juifs, & qui ne font pas moins apportées en preuve que les précedentes, pour venir à celle que Saint Philippe, l'un des fept Diacres, (3) explique à l'Eunuque de Candace, Reine des Ethiopiens, qui revenant de Jérufalem, lifoit affis dans fon char le Prophete Ifaïe. Il en étoit à l'endroit du Prophete, où il est dit: (4) Il a été mené à la more comme une brebis,& de même qu'un agneau muet devant celui qui le tond, il n'a pas ouvert la bouche... L'Eunuque prenant la parole, dit à Philippe dites-moi je vous prie de qui le Prophete dit-il cela? Eft-ce de foi-même, ou de quelqu'autre? Là-deffus Philippe, ajoute le Texte Sacré, fe mit à parler, & commençant par ces paroles de l'Ecriture, il lui annonça Jefus. Comment Saint Philippe put-il annoncer l'Evangile à cet

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(3) A&t. VIII. 324 (4) Ifaiæ LIII, 7,

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Eunuque en commençant par cette prophetie d'Ifaïe, finon en lui faisant voir qu'elle convenoit entierement au Sauveur du monde, & que c'étoit de lui feul dont il y étoit parlé ? S'il lui avoit dit : c'est de Jéremie dont le Prophete Ifaïe parle en cet endroit, ainsi que Grotius le prétend; mais en prenant cette prophetie dans un fens plus fublime, elle convient encore à Jefus: l'auroit-il converti? L'auroit-il convaincu que Jefus étoit le véritable Meffie, dont il falloit pour être fauvé embraffer la doctrine & recevoir le Baptême: Ne s'en feroit-il pas tenu au fens litteral de la prophetie qu'on lui auroit dit appartenir à Jeremie ou à quelqu'autre Prophete, fans fe mettre en peine de ce fens plus fublime, où on auroit voulu le faire entrer, & qu'il ne cherchoit pas ? Cet Eunuque étoit encore Payen, ou tout au plus profelythe parmi les Juifs, ce qui n'étoit pas fort différent, & il ne connoif foit rien à tous ces fens myftiques & allegoriques que Grotius fuppofe avoir été fort ordinaires & fort communs aux Juifs. Il cherchoit comme tous les autres hommes ont accoutume de faire dans ce qu'ils lifent, le fens propre & litteral de l'autheur, le fens que ces paroles préfentent naturellement à l'efprit, & c'eft fans doute

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ainfi que Saint Philippe expliqua à cet Eunuque la prophetie d'Ifaïe, qu'il lifoit & qu'il n'entendoit pas ; & qu'en lui montrant que dans fon véritable fens dans fon fens propre & litteral, elle annonçoit Notre-Seigneur Jefus-Christ, il le convertit & le baptifa. Si malgré tout cela Grotius prétend le contraire, & qu'il ofe dire que le Diacre Saint Philippe au roit mieux fait de s'en tenir aux Miracles & à la Réfurrection de Jefus-Chrift pour convertir cet Eunuque, que de lui expliquer une prophetie qui dans fon sens litteral ne regarde pas le Sauveur du monde; nous mépriferons fes idées Sociniennes, fi visiblement confondues par l'effet que produifit cette prophetie expliquée litteralement de Notre-Seigneur JefusChrist, à qui elle appartient en effet uniquement, comme nous le ferons voir plus au long dans la feconde partie de cet Ouvrage.

VII. Je n'ajouterai plus ici qu'une feule prophetie, de celles qui font citées dans le Livre des Actes des Apôtres : car il feroit infini de les rapporter toutes; & c'est celle que produifit l'Apôtre Saint Jacques dans le premier Concile de Jéru falem pour montrer comme l'Apôtre Saint Pierre l'avoit fait avant lui, que

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