Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fes? Qui auroit pû s'imaginer qu'après avoir combattu dans un autre de fes ouvrages (a) le Chef de ces Héretiques avec toute l'érudition qu'on avoit droit d'attendre de lui fur une des plus importantes matieres de la Religion, il se rendroit b) à la moderation affectée d'une réponse qui lui fut faite,qu'il avoueroit qu'il y avoit appris beaucoup de chofes utiles & agréables, & qu'elle l'avoit excité à examiner plus à fond le fens des Ecritures? Qui auroit pû croire enfin, qu'après avoir foutenu contre les Juifs, dans fes Livres () de la Vérité de la Religion Chrétienne, que la plupart des propheties de l'ancien Teftament ne pouvoient convenir qu'au Meffie, de l'aveu même de leurs plus anciens Rabbins ; il dût enfuite les leur abandonner, en les expliquant, comme eux, litterale

(a) L. de Satisf. Chrifti adv. Faust. Socinum.
(b) Epift.Grotii ad Crell. an 1631. & 1632
(c) L. V. de Verit. Relig. Christ.

ment de leurs Rois ou de leurs Prophetes, & en n'accordant à Notre Seigneur Jefus. Chrift que le fens myftique & allegorique de ces mêmes propheties?

C'eft néanmoins ce qu'il a fait, fuivant l'exemple que les Sociniens fes maîtres lui en avoient donné, & c'eft là, fans doute,une de ces cho- fes utiles & agréables qu'il dit en avoir appris, en examinant plus à fond, fuivant leur méthode, le fens des Ecritures, (a) en quoi il a fi bien réuffi à leur gré, qu'il paffe parmi eux pour le premier qui a montré diftinctement que les prédiEtions de l'ancien Teftament ont eu la plupart un double accompliffement, comme elles ont, felon eux, un double fens, & c'est ce qui les porte à louer extraordinairement les Commentaires de cet Autheur, & à vanter fur-tout la penetra

(al Sentiments de quelques Theologiens de Hollande, Lettre XVII.

t

tion avec laquelle il a decouvert le fens des propheties.

Mais s'il y a lieu d'être furpris que Grotius, après avoir fi bien combattu les Juifs & les Sociniens, foit tombé en contradiction avec lui-même, en adoptant enfuite leurs erreurs & leurs malignes interprêtations des Ecritures, il y a bien plus de fujet de s'étonner qu'un Prêtre Catholique, tel que M. Simon, ait donné dans le même écueil, en fuivant Grotius dont il n'ignoroit pas les égarements, & qu'il ait foutenu fon fyftême Juif & Socinien fur les propheties de toute fon érudition Rabbinique, & d'une maniere certainement très- artificieuse & très-féduifante.

C'eft ce qui m'a fait prendre la réfolution de le réfuter conjointement avec Grotius, dont il fe déclare l'admirateur paffionné, & c'est à quoi j'ai destiné le troifié.

me Livre de cet Ouvrage, afin que ces deux Autheurs, trop eftimez de quelques Theologiens Ca tholiques, quoique fufpects, ou plutôt convaincus l'un & l'autre de favorifer le Socinianisme foient moins capables de les féduire, & de leur en imposer dans la fuite.

Il eft vrai qu'après les deux fçavantes Instructions,qu'un grand & illuftre Prélat a donné fur la Ver. fion du nouveau Teftament,imprimé à Trévoux, & la Differtation fur Grotius qu'il y a ajoutée, tout le monde doit être fuffisamment précautionné contre le poifon ca. ché dans les Livres de ces deux Autheurs : cependant j'ai cru qu'il ne feroit pas inutile de faire con noître plus en détail la faufseté & les pernicieuses conféquences de leur fyftême fur les propheties. Et quoique je n'aye pas à beaucoup près la même capacité ni

la même authorité que ce grand Evêque, je puis néanmoins, à ce qu'il me femble, entrer dans fes vûës, fuivre fes traces, profiter de fes lumieres, & déplorer enfin avec lui, que Grotius, cet . homme fi célebre & fi fçavant, (a) foit devenu un lacet à la Maifon d'Ifraël, & fes Livres un écueil fameux par le naufrage de ceux à qui l'appas de la nouveauté & l'envie de fe diftinguer, ont fait perdre le goût des Peres & de l'antiquité Ecclefiaftique.

(a) Differt, fur Grotius.

« AnteriorContinuar »