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que la lumière qui aborde & qui tombe fur ces corps, eft détournée par une force quel conque de la direction qu'elle doit fuivre.

2o. Lorfque la lumière pénètre & paffe dans l'ouverture que laiffent entr'elles deux lames de couteau, peu diftantes l'une de l'autre, une partie de cette lumière eft attirée, l'autre eft manifeftement repouffée.

3. Suppofons une furface inégale & raboteuse de métal, de pierre, ou de toute autre espèce de matière, on verra toujours la lumière, qui tombera deffus, fe difperfer en toutes fortes de fens. Si on vient à polir ces furfaces autant qu'elles font fufceptibles de poli, on les verra alors réfléchir uniformément la lumière, & la réfléchir d'autant plus uniformément qu'elles feront plus polies, & que les petits fillons que le poli laiffe toujours fur les corps feront tirés en long & non fur la largeur de la surface réfléchiffante; car, on obferve fi ces fillons ont cette dernière direction, quelque peu fenfibles qu'ils foient, le brillant de la furface en eft sensiblement altéré.

que,

De quelque manière néanmoins qu'on s'y prenne pour polir la furface d'un corps réflé chiffant, elle ne peut jamais être parfaitement polie, & conféquemment la lumière ne peut jamais être réfléchie avec la plus parfaite régu larité. De là la lumière réfléchie par un miroir quelconque n'éclairera jamais un objet auffi bien qu'il le feroit par la lumière directe du foleil. Par conféquent, puifqu'il fubfifte toujours de petites inégalités fur toute l'étendue d'une furface travaillée avec tout le foin pofTome IV. B

fible, & que néanmoins elle raffemble & elle réfléchit plufieurs rayons vers un endroit qu'elle éclaire spécialement, cet effet annonce néceffairement une force agiffante au-delà de cette surface, qui renvoie les rayons incidens, avant qu'ils foient parvenus jufqu'aux parties folides de cette surface.

4. Cette force produit au-delà de la furface véritable d'un miroir une espèce de furface virtuelle qui renvoie la lumière quoiqu'elle ne foit point parfaitement plane & mathématique; car s'il n'y avoit point quelque chofe de femblable dans les miroirs de verre, qu'on. peut regarder comme un affemblage de plufieurs couches des parties folides, appliquées les unes pardeffus les autres, il eft conftant que chaque couche réfléchiroit & repréfenteroit un très-grand nombre d'images, & qu'on n'en remarqueroit pas feulement deux, l'une produite par la furface antérieure, & l'autre par la furface poftérieure. Il eft certain, à la vérité, que la fubftance intermédiaire du miroir réfléchit quelques r yons de lumière qui nous font diftinguer cette partie du miroir; mais ces rayons font en très-petit nombre. Ils font réfléchis fans ordre par quelques parties folides, & ils ne peignent aucune image.

Il ne faut pas croire non plus que ce foit la furface poftérieure d'un miroir qui réfléchit la lumière, & qui forme l'image de l'objet, mais la vertu attractive qui attire & qui fait retourner vers le miroir les rayons qui en font déjà fortis. Veut-on une preuve de cette vérité? la voici, Si on pofe 'cette furface fur de

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l'eau, de l'huile ou fur tout autre verre, cette réflexion n'a point lieu, car la lumière pénètre alors l'eau ou l'huile qui eft au-delà. Or, dans cette expérience, les parties folides qui conftituent la furface poftérieure du miroir, ne prennent aucun changement par leur contact avec les fubftances dont nous venons de parler. Quel changement arrive-t-il donc ici le voici. La force attractive du verre, plus grande que celle de l'air, est affoiblie ou troublée par celle de l'eau, de l'huile, ou du verre qu'on applique contre la furface postérieure du miroir; ce qui fait que la lumière qui tombe fur la furface de celui-ci, & qui le pénètre, fuit la direction qu'elle affecte, continue à fe mouvoir en ligne droite, paffe au-delà de ce verre au lieu d'être réfléchie. comme précédemment. La réflexion de la lumière, produite par le verre, ou par tout autre corps transparent, est donc l'effet de deux caufes différentes. La réflexion qui se fait à la furface antérieure eft produite par une force répulfive, & celle qui s'opère à la furface poftérieure vient de fa force attractive.

Soit en effet le corps ABCD (Pl. 1, Fig. 1.), dont la force répulfive de la furface antérieure A B s'étend jufqu'en I H, tandis que la force attractive ne fe produit que jufqu'en K L: fi un rayon de lumière parvient, felon une direction très-oblique, jufqu'à la force répulfive I H, fon mouvement fera confidérablement retardé; il fera infléchi vers Q, il fera repouffé felon la direction QR, & il fe réfléchira felon

R S. Mais fi un autre rayon OP tomboit moins obliquement fur IH, il auroit plus de force pour le mouvoir en ligne droite, ce qui n'empêcheroit cependant pas qu'il ne fouffrît une légère inflexion; de forte qu'il décriroit la courbe PQ mais, parvenu en KL, où la force attractive exerce fa puiffance, fon mouvement deviendroit accéléré; il décriroit une courbe contraire QR, & il pénétreroit le corps A BCD felon la direction R S.

Mais pour mieux concevoir comment un rayon de la lumière, qui tombe très-obliquement fur un corps même diaphane, eft réfléchi & devient moins oblique oblique, confidérons le rayon OP (Pl. 1, Fig. 2.), qui tombe trèsobliquement fur IH, où la force répulsive ceffe d'exercer fon action. Décompofons ce mouvement OP, en ON, parallèle à I H, & en NP, perpendiculaire à I H. Dans cette fuppofition, la force avec laquelle ce rayon agit contre la force répulfive eft exprimée par NP, quantité fort petite, fi on la compare à OP, & conféquemment ce rayon pourra être réfléchi par la force répulfive I H. Mais fuppofons que ce rayon tombe moins obliquement felon la direction MP, & décompofons encore ce mouvement en MX, parallèle à IH, & en XP perpendiculaire; cette ligne XP exprimera une force affez considérable & conféquemment le rayon MP agira avec beaucoup plus de force fur la puiffance réfléchiffante I H. Cette force fera même telle qu'elle pourra furmonter cette dernière puiffance

porter le rayon en avant jufqu'à

l'endroit où la furface attractive KL produit fon action, & lui faire pénétrer le corps diaphane ABCD.

On a la coutume d'enduire la furface poftérieure des glaces avec de l'étain & du mercure ; ce qu'on appelle les mettre au tain, afin de les rendre plus réfléchiffantes. Lorfqu'elles font ainfi préparées, la furface antérieure de ces glaces ainfi que le mercure réfléchiffent prefque toute la lumière qui tombe dessus. Si la lumière qui vient d'un même point de l'objet, eft réfléchie par ces deux furfaces, & qu'elle fe raffemble & coïncide en un même point, le miroir réfléchit alors très-vivement: c'eft ce qui arrive, lorfque la glace eft trèsmince; car lorfqu'elle eft très-épaiffe, les rayons réfléchis ne fe rencontrent point pour fe réfléchir, & la glace eft moins réfléchiffante. C'est pour cela que celui qui fe regarde dans un miroir, dont la glace eft très-épaiffe, voit pour l'ordinaire deux fois fon image; & ces deux images font bien moins diftinctes que celle qu'il verroit, s'il fe regardoit dans un miroir de métal.

Nous ajouterons enfin ici qu'il en eft d'un rayon de lumière qui fe réfléchit comme de tout autre corps élastique quelconque ; & même comme la lumière eft plus élastique que tout autre corps connu la loi de la réflexion confidérée dans la lumière paroît beaucoup mieux accomplie : l'angle de réflexion eft toujours égal à l'angle d'incidence. Nous avons décrit dans le fecond Volume de notre Ouvrage : intitulé Defcription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique,

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