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rectiligne avec l'oblique qu'il a décrite avant de paffer dans le milieu réfringent. Il décrit au contraire une courbe, dont la courbure varie à proportion de fon immersion, jusqu'à ce qu'étant entièrement plongé dans le fecond milieu, il parcourt alors une véritable droite. Ce phénomène dépend de la manière felon laquelle le mobile se préfente au fecond milieu, & de la réfiftance qu'il éprouve fur les différens points de fa furface. M. Clairaut a donné à ce fujet, mais concernant la réfraçtion de la lumière dont nous parlerons plu's bas, un Mémoire affez curieux qu'on trouvera imprimé parmi les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1739.

Cette déviation qu'éprouvent les corps qui paffent obliquement d'un milieu dans un autre eft-elle affez fenfible, pour que celui qui tire dans l'eau foit obligé d'y avoir égard? c'eft une question fur laquelle les fentimens font partagés. Nous croyons cependant, d'après des expériences certaines que nous avons rapportées dans le premier Volume de nos Elémens , que cette réfraction ne doit point inquiéter le chaffeur dans l'ufage ordinaire perfonne n'y fait attention, & on atteint le but auffi facilement dans l'eau qu'on l'atteindroit dans l'air mais ce qu'il eft plus important d'obferver lorfqu'on tire dans l'eau, c'est de ne point tirer trop obliquement. La balle, au lieu de plonger dans l'eau, fe réflé chiroit vers la rive oppofée, & pourroit oc cafionner des accidens très-fâcheux. (Voyez RICOCHETS).

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On remarque les mêmes phénomènes, par rapport aux rayons de la lumière, lorsqu'ils paffent obliquement dans différens milieux : mais ces fortes de phénomènes fe manifestent d'une manière contraire. Les rayons lumineux s'approchent davantage, au lieu de s'éloigner de la perpendiculaire, lorfqu'ils paffent obliquement de l'air dans l'eau, & ils s'en éloignent, au lieu de s'en rapprocher, lorfqu'ils paffent de l'eau dans l'air. Or, quoique l'eau foit plus denfe que l'air, & qu'en général la réfraction augmente avec la denfité du milieu, il ne faut cependant pas croire que la réfraction de la lumière fuive conftamment la raifon de la denfité des milieux. Les corps huileux, en général, quoique moins denfes que l'eau, occafionnent néanmoins de plus grandes réfractions, ainfi que Newton, Hauxbée, Helsham, & plufieurs autres l'ont démontré. Il en eft encore qui occafionnent des réfractions, & dont les denfités ne font point différentes. L'alun, par exemple, & le vitriol de Gedan font de même denfité; & fi cependant la lumière paffe obliquement de l'alun dans le vitriol, elle y éprouve une réfraction .fenfible.

Il eft enfin des milieux dont les denfités font différentes, & qui ne font éprouver au2cune réfraction aux rayons de lumière : c'eft ce qu'on éprouve, lorfqu'on fait paffer des rayons de lumière du borax dans de l'huile d'olives ou alternativement. Cependant la denfité de l'huile eft à celle du borax dans le rapport de 6 à 11, & conféquemment elles font très-différentes.

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: Ceci nous prouve manifeftement que fi la réfraction de la lumière dépend de la denfité des milieux qu'elle parcourt, elle en dépend relativement aux forces attractives que ces milieux exercent contr'elle ; & la route même que fes rayons fuivent dans leur réfraction est une preuve inconteftable que ce phénomène ou que la force réfringente des milieux eft abfolument dépendante de leur force attrac

tive.

Il est constant, d'après une multitude d'obfervations faites avec toute la fagacité poffible, que dans la réfraction de la lumière, l'angle de réfraction dépend de trois conditions: 1°. de la nature du corps réfringent: 2o. de la conftitution du rayon incident; car il est démontré, par les expériences de Newton, que tous les rayons de la lumière n'ont point le même degré de réfrangibilité, & qu'ils fe réfractent différemment en traverfant obliquement le même milieu (Voyez COULEUR): 3°. du degré d'inclinaifon du rayon incident. Or, malgré le concours de ces caufes qui influent plus ou moins fur la réfraction de la lumière, il est constant & démontré que le rapport de la réfraction eft un rapport conftant, c'eft-à-dire, qu'il y a un rapport conftant entre le finus d'incidence & le finus de réfraction ; & on doit cette belle découverte au célèbre Snellius. Elle fut depuis confirmée par les obfervations de Newton, Caffini, s'Gravefande, &c. Ils prouvèrent tous que la raifon des finus de réfraction étoit conftante, foit que la lumière pafsât d'un milieu plus

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denfe dans un milieu plus rare, ou d'un plus rare dans un plus denfe. On trouvera dans le fecond Volume du Cours de Phyfique expérimentale de Muffenbroeck une expérience trèsfimple & très-facile à faire, qui prouve manifeftement cette vérité; & on trouvera, dans le même Ouvrage, un développement trèscurieux des principaux phénomènes qui ont rapport à la réfraction de la lumière : détail dans lequel nous ne pouvons nous permettre de defcendre.

REFRANGIBILITÉ. Difpofition dans les corps à être réfractés. Elle fouffre du plus & du moins dans les rayons de la lumière ; & on doit à Newton cette première découverte qui fait la bafe de fon fyftême fur les couleurs. (Voyez COULEUR & REFRACTION.)

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REFRIGERANT. Efpèce de feau dont on entoure le chapiteau d'un alambic qu'on remplit d'eau froide, pour condenfer plus promptement les vapeurs qui s'élèvent fous ce chapiteau. (Voyez ALAMBIC).

REFRINGENT, Propriété qu'on remarque dans les milieux, & en vertu de laquelle les corps qui les traversent obliquement le réfractent. (Voyez RÉFRACTION.)

REFROIDISSEMENT. Se dit de l'acte par lequel un corps perd une portion de fa chaleur. De là on conçoit, que tout ce qui fera fufceptible de s'emparer de la chaleur d'un corps, produira fon réfroidiffement. De là un corps doué d'une chaleur donnée étant tranfporté dans une atmosphère dont la température fera moindre, s'y réfroidira, & ce n'eft ici que

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l'effet de cette tendance qu'on remarque dans la matière ignée à fe mettre en équilibre dans tous les corps environnans. De là, fi on agite ce corps, au lieu de le plonger fimplement dans cette atmosphère, il s'y rétroi dira davantage, parce qu'étant entouré d'un plus grand nombre de parties plus froides que lui, elles lui déroberont une plus grande quantité de fa matière ignée. De là le même corps fe réfroidira davantage fi on fait paffer un courant d'air fur fa furface, que fi on le tient fimplement plongé dans une maffe d'air. De là encore un corps d'une chaleur donnée fe réfroidira d'avantage, lorfqu'on le plongera dans un fluide plus denfe, que lorfqu'on le plongera dans un fluide moins dense, toutes chofes égales d'ailleurs. De là enfin on conçoit qu'un corps fe réfroidira d'autant plus qu'il y aura une plus grande différence entre fa chaleur & celle du Auide dont il fera enveloppé. Or, à l'aide des mélanges de glace & de fel, ou d'acide nitreux, on parvient à produire un froid très-piquant, propre à s'emparer bien davantage de la matière ignée d'un corps qui en contient une quantité don& à le réfroidir plus puiflamment. Un pareil froid eft même propre à congeler le mercure, comme il eft démontré par une expérience faite par les Académiciens de Saint-Pétersbourg.

née,

On peut encore produire de très-grands degrés de réfroidiffement par voie d'évapora tion ; & c'est un moyen connu depuis longtems, mais dont on n'a bien examiné l'in

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