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totale du foleil pour le monde 2. Figure hardie, mais jufte, puifqu'après la bataille de Chéronée il ne refta plus aucun espoir de résister au vainqueur. La dignité & la liberté Grecques furent perdues pour jamais & les vapeurs affoupiffantes du defpotifme & de la tyrannie defcendirent fur toute la Grèce, & la couvrirent de leur funefte obfcurité b.

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2 Ωσπερ γαρ ει τις εκ τ8 καθεςηκοτος κόσμε το φως εξελόντα, δυσχέρης και χαλεπος ἅπας ὁ λειπομένος ημιν βιος στω των δε ανδρον αναιρεθέντων, εν σκότει και πολλή Δυσκλεια πας ὁ πρωτος ζήλος των ελληνων γεγονε. p. 155. « De même que fi le monde étoit privé de la lumière, le peu de vie qui refteroit aux mortels feroit plongé dans les horreurs & la misère; de même, par la mort de ces guerriers, la gloire de la Grèce étoit enfevelie dans l'obfcurité & l'ignominie ».

b Hic dies univerfæ Græciæ, & gloriam dominationis; & vetuftiffimam libertatem finivit. Juftin. 1. 9. ch. 3. Démofthènes, Diodore, Strabon & Paufanias expriment tous les mêmes fentimens, & à peu près dans les mêmes

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CHAPITRE XXX VII.

ESPRIT de libéralité qui régnoit dans le gouvernement Macédonien. - Philippe nommé général des Grecs. Révolte de l'Illyrie.

Alfaffinat de Philippe.- Son caractère.— Avénement d'Alexandre. - Son expédition contre les Illyriens & les Triballes. - Il paffe le DaRebellion en Grèce. - Deftruction de Thèbes. Héroïfme de Timoclée. - Alexandre

nube.

traverse l'Hellefpont.

Etat de l'Empire de Perfe. Bataille du Granique. Siège de Milet & d'Halicarnaffe. Aventure courageufe. de deux foldats Macédoniens. - Plan de guerre d'Alexandre très-bien conçu.- Moyens par lef quels il confervoit fes conquêtes. - La bataille d'Iffus.-Les vertus d'Alexandre fe développent avec fes fuccès.

Efprit de LES Grecs voyoient, avec chagrin, que, par libéralité du la victoire décisive de Chéronée, Philippe devenoit le maître de leur pays 2. Mais nous nous

gouvernement Macédonien.

a Demofth. Eschin, Diodor. Plutarq. Arrian, Pafsim. Je ne citerai que les paroles de Strabon: Xaspavaca sa ὁπε Φίλιππος ὁ Αμυντε μεγάλος νίκησας Αθηναίης τε και

formerions une idée très-fauffe du gouvernement Macédonien, fi nous le comparions au defpotisme de l'orient, ou à la domination abfolue de plufieurs monarques Européens. L'autorité de Philippe, même dans fon royaume. héréditaire, étoit modelée fur cet admirable fyftême de puiffance & de liberté qui diftinguoit & ennobliffoit la politique des fiècles héroïques. Il adminiftroit la juftice à fes fujets nés libres, déçidoit leurs différends, & commandoit à la valeur des foldats b. Son mérite

Βοιωτες και Κορινθίας, κατέςη της Ελλάδος κύριος, σε Et Chéronée, où Philippe, le fils d'Amyntas, ayant vaincu les Athéniens, Béotiens & Corinthiens, dans une grande bataille, fe rendit maître de la Grèce ». Strab. Geograph. 1. IX. p. 414.

a

Lorfqu'Alexandre, enivré de fa prospérité, prétendoit à des honneurs trop élevés, le philofophe Callifthènes lui dit : « οι πρόγονοι εξ Αργος εις Μακεδονιαν ήλθον, δε βια αλλα νομω Μακεδονεων άρχοντες διατέλεσαν ». « Vos ancêtres vinrent d'Argos en Macédoine, & y demeurèrent gouvernant les Macédoniens, non par la force, mais par la loi». Arrian. Exped. Alexand. p. 87.

bLes foldats, dit Curtius, étoient juges en temps de guerre, dans les affaires capitales, & les citoyens en temps de paix. Il ajoute enfuite: « Nihil poteftas regum valebat nifi prius valuisset au&toritas »; fcilicet populi. Curtius, l. 6. ch. 9. p. 441.

étendue de

Philippe en
Grèce.

perfonnel lui donnoit le droit de porter le sceptre qui, étant un figne de la royauté émané de Jupiter, ne pouvoit être tenu long-temps par des mains qui n'en auroient pas été dignes. La fupériorité de fes talens, fa vigilance & fon équité dans l'administration, formoient la bafe principale de fes prérogatives, puisque, fuivant les principes & l'opinion des Macédoniens, celui qui ofoit enfreindre les droits de ses sujets *, ceffoit dès ce moment d'être roi.

Nature & Ayant effectué la conquête de la Grèce, Phil'autorité de lippe fut trop prudent pour introduire dans cette contrée des maximes de gouvernement plus févères que celles qui régnoient en Macédoine. Il affecta, au contraire, de conferver inviolablement les anciennes formes de la conftitution républicaine, & réfolut de gouverner les Grecs par la même politique avec laquelle il les avoit fubjugués. Tandis que les garnifons Macédonienes occupoient les Thermopyles & les autres poftes fortifiés de la Grèce, les partifans de Philippe dirigeoient les réfolutions de chaque république. La furintendance des jeux

a Un homme de la dernière claffe dit, en propres termes, à Philippe : « Si vous refusez de me rendre justice, ceffez donc d'être roi ». Plut. Apophth.

facrés & du temple de Delphes le rendoient le feul chef vifible de la religion nationale. Le double droit de préfidence & de fuffrage au confeil amphictyonique, lui donnoit le titre de magiftrat fuprême pour l'administration civile. de la Grèce, & la victoire glorieuse qu'il avoit remportée à Chéronée fur les feuls états qui s'oppofoient à fa grandeur, le défignoit comme le général le plus capable de conduire les forces militaires de la Grèce & de la Macédoine dans l'invafion de la Perfe, projettée depuis fi longtemps. Comme il avoit droit de prétendre à ce titre, il le follicita & l'obtint du confentement unanime de tous les états Grecs a.

Philippe nommé gé

néral des

Olymp.

337

Le choix qu'on fit du roi de Macédoine pour l'exécution de cette entreprise brillante, paroît avoir flatté infiniment la vanité des Grecs, fur- Grecs. tout d'après ce qui fe paffa à Corinthe, où CX. 4. A. C. Philippe, après la bataille de Chéronée, avoit convoqué une affemblée générale des états amphictyoniques. Dans cette affemblée, Dius d'Ephèse représenta, avec une énergie touchante, les vexations & l'oppreffion que les foibles

a Diodor. 1. 16. p. 556. Twv Eaanvov Eroμevæv autor σρατηγον, &c.

b Diodor. 1. 16. p. 556.

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