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chercher Alexandre. Cette fatale démarche fut mise en exécution fur-le-champ, malgré les fortes représentations d'Amyntas * de Macédoine & de tous les confeillers Grecs de Darius qui l'exhortoient, d'une voix unanime, à attendre l'ennemi dans la position avantageufe où il se trouvoit. Mais, dans le langage de l'antiquité, un destin irrésistible, qui avoit déterminé que les Grecs feroient la conquête des Perfes, comme les Perfes avoient conquis les Mèdes, & les Mèdes les Affyriens, entraîna Darius à fa perte. Ayant paffé les défilés d'Amanus, il dirigea fa marche au fud vers la baie d'Iffus, & prit la ville de ce nom, où se trouvoient les malades & les bleffés Macédoniens qui n'avoient pas été en état de fuivre l'armée dans fa marche rapide au-travers des montagnes. Les Perfes mirent à mort ces malheureux, après leur avoir fait fouffrir des tourmens cruels, ne

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* Quoiqu'Amyntas fût un banni, il n'étoit pas un flatteur. Il affura Darius qu'Alexandre viendroit certainement par-tout où les Perfes feroient campés. Arrian, p.34.

Ariftomène le Phéréen, Bianor l'Arcananien, Thymondas, le fils de Mentor le Rhodien, & d'autres mentionnés par Arrian.

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ε χαλεπως αικισαμενος αποκτεινε. Arrian, p. 34. Il faut remarquer qu'il attribue cette férocité à Darius lui-même.

Circonftan

fe doutant pas qu'Alexandre étoit alors derrière eux prêt à tirer vengeance d'un tel acte de férocité.

ces qui en- Ce prince éclairé, qui pouvoit à peine croire couragèrent l'armée Ma- la démarche imprudente de Darius, envoya un cédoniene. petit efquif reconnoître fes mouvemens. Le

vaiffeau revint promptement vers Alexandre lui annoncer que fes ennemis étoient venus tomber dans fes mains. Ayant convoqué fes généraux le roi n'oublia aucun de ces moyens d'encouragement que l'occafion fuggéroit fi naturellement, puifque le moindre foldat Macédonien pouvoit difcerner les mouvemens peu judicieux des Perfes, qui avoient abandonné une plaine fpatieufe, pour s'embarraffer dans les détours des montagnes, où leur nombreufe cavalerie ne pouvoit leur rendre aucun fervice effentiel. Dans ce moment même, l'efprit des Macédoniens étoit élevé par le concours de plusieurs événemens heureux. On venoit d'apprendre que Ptolomée s'étoit rendu maître des plus fortes places de la Carie. Le brave Memnon s'étoit échappé, à la vérité, mais cet habile commandant, qui avoit attaqué lès ifles Grecques avec fa flotte, pour se préparer à envahir la Macédoine, étoit mort depuis; & fes fucceffeurs, après avoir irrité les infulaires par leur info

lence & leur oppreffion, avoient échoué dans tous leurs projets par la vigilance d'Antipater. L'armée d'Alexandre s'étoit accrue de plufieurs volontaires d'Afie, qui admiroient fon courage, fa douceur & la continuité de fes fuccès; d'un autre côté, les foldats qui avoient été envoyés en Europe l'année précédente pour y paffer leur quartier d'hiver, non-feulement étoient venus rejoindre leurs drapeaux, mais avoient amené avec eux de nombreuses levées de la Grèce, de la Macédoine & de toutes les contrées voifines. Des hommes ainfi difpofés par l'efpérance du fuccès & l'amour de la gloire, écoutèrent avec une vive ardeur la harangue militaire de leur prince. Ils s'embrassèrent l'un l'autre; ils embrassèrent leur géneral, & fa contenance confirmant leur empreffement, ils le fupplièrent de les conduire au combat a.

des deux ar

Alexandre envoya fur-le-champ quelques ca- Difpofition valiers & des archers pour nettoyer la route mées. qui conduifoit à Iffus. Il fe mit en marche fur le foir avec toute fon armée, & vers le milieu de la nuit il s'empara des détroits Syriens. On permit alors aux foldats de fe repofer un moment, ayant pofté un nombre fuffifant de

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gardes fur les hauteurs d'alentour. Au point du jour l'armée fe mit en mouvement, marchant par fon flanc tant que le paffage continuoit d'être étroit, & de nouvelles colonnes fe joignant fucceffivement aux premières, à mesure que l'ouverture des montagnes s'élargiffoit. Avant d'arriver au fleuve Pinarus, fur les rives oppofées duquel l'ennemi étoit campé, les Ma cédoniens fe trouvèrent ainfi formés en ordre de bataille, Alexandre conduifant l'aile droite, & Parménion commandant la gauche. Ils continuèrent d'avancer jufqu'à ce que leur droite Le trouva appuyée par une montagne, & leur gauche par la mer, d'où Parménion eut ordre de ne pas s'éloigner. Darius ayant appris l'approche de l'ennemi, détacha un corps de cinquante mille hommes de cavalerie & d'infanterie legère qu'il plaça en travers du Pinarus, afin que le refte de fon armée pût avoir affez de place pour se former fans confufion. Il pofta fes mercenaires Grecs, qui étoient au nombre de trente mille hommes, vis-à-vis la phalange Macédoniene. Ces Grecs étoient foutenus par foixante mille Barbares pefamment armés. La nature du terrein ne permettoit pas de mettre de front un plus grand nombre de troupes ; mais comme la montagne, fur la gauche

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d'Alexandre, formoit un enfoncement dans

fon intérieur, Darius plaça, dans cette finuosité, vingt mille hommes qui pouvoient voir l'arrièregarde de l'ennemi, quoiqu'il ne paroiffe pas qu'ils aient pu fe porter fur elle. Le refte des Barbares étoit rangé derrière la première ligne, fuivant l'ordre de leurs nations refpectives, mais de manière à ne pouvoir être d'aucune utilité; de forte que Darius fe trouvoit au milieu de cette maffe énorme de foldats, fans favoir comment il devoit la diriger a.

d'Iffus.

Olymp.
CXI. 4. A.

C.

La pufillanimité de ce prince lui fut plus La bataille fatale que fon ignorance. Lorsqu'il vit les Macédoniens s'avancer, il donna ordre à fes troupes c. 333. de garder leur pofte fur le Pinarus, dont les bords, en quelques endroits, étoient hauts & efcarpés. Par-tout ailleurs où l'accès paroiffoit facile, il ordonna d'élever un retranchement ; précaution qui fit voir à l'ennemi, qu'avant même le commencement de la bataille Darius étoit déja vaincu . Alexandre, pendant ce

a Arrian, p. 36

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Και ταυτη ευθυς δήλος εγενετο τοις αμφι Αλέξανδρον τη γνωμή δεδελωμενος. « Et dès-lors il parut, à ceux qui étoient autour d'Alexandre, qu'il étoit déja enchaîné dans fon efprit ». Dans ces temps-là, l'esclavage étoit la fuite naturelle de la perte d'une bataille.

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