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d'Alexan

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Partage des Telle fut la vie de ce grand homme, dont conquêtes le génie auroit dû changer la face de l'ancien monde d'une manière plus marquée, fi l'homme qui peut faire le bien général n'étoit mortel, & fi les progrès du bien ne demandoient pas des efforts non interrompus. Il femble, au premier coup-d'œil, qu'on doive regretter, de ce qu'en négligeant de donner un fucceffeur à fon trône, il ait laiffé la carrière ouverte à ces guerres fanglantes qui défolèrent fi long-temps la terre; mais les difficultés contre lefquelles il avoit été obligé lui-même de lutter, pouvoient lui démontrer l'impoffibilité d'affurer l'empire à fon fils Hercules, encore enfant, ou à fon frère Aridée, homme foible & fans caractère. Les droits de la fucceffion au trône n'avoient jamais été établis d'une manière solide en Macédoine, & l'on ne devoit pas s'attendre que camp d'un conquérant deviendroit une école de modération ou de juftice. Le premier parti que prirent fes généraux, fut de rejetter les prétentions naturelles d'Hercules, né de la fille de Darius, & de nommer pour cohéritiers de la monarchie, Aridée, & l'enfant de Roxane, alors enceinte, dans le cas où elle accoucheroit d'un fils. Cette deftination annonçoit peu d'union ou de ftabilité. Perdiccas, poffeffeur de l'anneau, ou

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fceau de fon maître décédé, prit la régence en vertu de ce droit. Les troupes & les provinces: furent partagées entre Cratérus, Ptolomée, An. tigonus & d'autres chefs, qui, ayant été pré cédemment les égaux de Perdiccas, dédaignérent de refter fes inférieurs. Chaque général comptoit fur fon épée pour fe former un établiffement indépendant; de nouvelles troupes furent levées & difciplinées; des ligues fe formèrent & fe rompirent; les enfans & les parens d'Alexandre, après avoir été fucceffivement pri→ fonniers en différentes mains, périrent tous miférablement. Les crimes & les calamités fe mul tiplièrent, & aucun établissement ne put fe A. C. 30. confolider jufqu'à la bataille d'Iffus en Phrygie, qui confirma Ptolomée dans la poffeffion de l'Egypte, & Seleucus dans celle de la haute Afie b. L'événement de la même bataille donna la Macedoine & la Grèce à Caffandre, & la Thrace avec plufieurs provinces de l'Afie mineare à Lyfimaque.

Les grands peuples de Syrie & d'Egypte, qui Hiftoire fubl continuèrent dès-lors, jufqu'à ce que les Romains les euffent fubjugués, à être gouvernés par les de la Syrie.

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féquente de l'Egypte &

familles refpectives de Seleucus & de Ptolomée, n'adoptèrent jamais, en général a, le langage ou les mœurs de leurs fouverains Grecs. En Egypte, les premiers fucceffeurs d'Alexandre perfectionnèrent les établissemens de commerce projettés par ce prince; & les rois de cette contrée, ainsi que ceux de Syrie, affectèrent de réunir, dans leurs cours, les arts & l'élégance

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La langue Grecque continua cependant à prendre faveur parmi les perfonnes du premier rang. Avant l'ère chrétienne, les Juifs, les Romains & les Africains la parloient. C'étoit le langage des favans, & des gens polis, en Egypte & en Syrie, ainfi qu'en Italie & à Carthage. Il devoit être généralement en usage dans la Judée, puifque les écrivains facrés de ce pays-là l'employèrent à propager l'Evangile, qui fut d'abord prêché aux Juifs. Cette univerfalité de la langue Grecque femble avoir été due, 19. aux colonies innombrables de Grecs en Europe, en Afie & en Afrique. 2°. Aux conquêtes d'Alexandre, dont les armées & les garnifons étoient continuellement recrutées en Grèce. 3°. Au caractère fociable & agréable des Grecs. 4°. A l'excellence du langage en lui-même, (Voyez les ch. 5 & 6.) dont la durée eft auffi étonnante que fon extenfion. Le Grec étoit parlé au milieu du quinzième siècle, lorsque Conftantinople fut prife par les Turcs; de forte que, depuis Homère, il fubfifta fans varier beaucoup, comme langue vivante, deux mille & quatre cents ans.

de la Grèce à la pompe & au luxe de l'Orient.
Mais ils montrèrent moins de goût que d'often-
tation. L'énergie de leur caractère s'affoiblit infen-
fiblement par
le contact continuel de la fervitude..
Ils tombèrent dans la molleffe & l'infouciance
des defpotes héréditaires; leurs règnes furent en-
tièrement paffifs pour le bonheur de leurs fujets
& pour l'inftruction du genre humain : des in-
trigues de femmes & d'Eunuques, ou de ministres
auffi efféminés qu'eux, ne forment pas un sujet
affez intéreffant pour fuccéder aux faits mémo-
rables qu'on trouve dans l'hiftoire des républiques
Grecques.

occidentale

Dans l'hiftoire de ces royaumes, l'événement Ladivifion le plus important eft leur conquête par les Ro- de l'empire mains, qui s'emparèrent peu à peu de toutes les d'Alexandre conquifepar dépouilles de l'empire d'Alexandre à l'occident, les Romains. comprises entre l'Euphrate & la mer Adriatique, & les réduifirent fucceffivement en provinces. La Grèce, qu'on diftingua alors fous le nom d'Achaie, communiqua fa littérature, fes arts &

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a Malgré la dégénération des Grecs, fous l'empire des Macédoniens & des Romains, leur contrée, & fur-tout Athènes, fut regardée long-temps comme le fiège principal des arts & de la philosophie. Mais les artistes Grecs, ainfi que les poëtes, les orateurs, les hiftoriens & les philofophes des derniers temps, ne furent que des fimples imi

fes vices à l'Italie. La conquête de la Macédoine affianchit Rome du poids des taxes. L'acquifition de la Syric doubla les revenus de cette république La foumiffion de l'Egypte augmenta les bénéfices du 'commerce en Italie. Mais quelle que put être la richeffe de ces nations, elles méritent peu les regards de la poftérité, puifque, dès la mort d'Alexandre, elles ne fe diftinguèrent par aucune invention qui tendît à perfectionner l'art de la guerre, ou à augmenter les jouiffances de la paix. Le foible mêlange de colonies Grecques rélefiècle d'A- pandues dans l'Orient, étoit fuffifant, à la vérité, pour donner une nuance de civilisation aux Barbares, mais trop peu confidérable

Etat de la Grèce après

lexandre.

pour changer &
s'affimiler cette maffe de nations diverfes & nom-

breuses. D'un autre côté, comme le principe de
dégénération eft fouvent plus fort que celui de
perfection, l'indolence & la fervilité de l'Afie fe

tateurs, qui étoient bien loin du mérite & de la réputation
des grands modèles. Les ouvrages de Phidias & d'Apelles,
de Sophocles, de Démosthènes, de Platon, &c. furent
des objets d'admiration pour Ciceron & Sénèque, pour
les écrivains du fiècle d'Augufte, pour Pline, Tacite, &c.
& non ceux des Grecs leurs propres contemporains.
Voyez le chapitre fuivant.

a On voit un détail de tout ceci, extrait des registres
publics, dans Appian. Alexand. in Proem.

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