C'est ce qui nous a engagé à vous exhorter, mes tres-chers Freres, connoiffant la capacité & l'érudition de plufieurs d'entre vous, à nous faire part de vos reflexions fur cet Ouvrage, afin qu'il puiffe recevoir toute la perfection. Il eft à propos de vous faire obferver que ce n'eft pas ici un nouveau projet de Breviaire que l'on médite; ainfi le travail que vous feriez fur ce plan feroit entierement inutile ; c'eft feulement une feconde édition que l'on veut rendre plus correcte & plus égale en toutes fes par ties. Nous ne doutons pas que vous n'entriez avec joye dans les vûes que nous vous propofons, puifqu'en cela nous ne cherchons que la gloire du Seigneur & votre édification. Vous pourrez à mesure que vous ferez vos reflexions, les adreffer par des perfonnes fûres, à Monfieur Fenel, Doyen de notre Eglife Metropolitaine, qui travaillera avec ceux à qui nous commettrons le foin de cette feconde édition, afin que fur leur rapport, nous y faflions toute l'attention qu'elles meriteront; cependant, mes tresFreres, nous prions le Seigneur qu'i vous comble de fes graces. DONNE' à Sons en notre Palais Archiepifcopal, le 24 Mai 1715.Signé HARDOUIN,Arch de ARTICLE VIII Uelques perfonnes auroient fouhaité de trouver dans ce Recueil plus de pieces de Poëfie, que je n'y en ai encore mis; mais les bons vers font fi rares, & les mauvais fi rebutans, que c'eft faire grace aux Lecteurs de n'en pas farcir cet Ouvrage. Il n'y a que l'obfcenité & la fatyre qui puiffe faire goûter, je ne dis pas de mauvais vers, mais des vers qui ne font pas excellens, & je dois par toutes fortes d'endroits écarter l'une & l'autre de mon Livre : c'eft beaucoup d'y donner place à la critique, encore n'eft-ce qu'autant qu'elle eft inftructive : malgré le préjugé, & peut-être même le goût du fiecle, c'eft un foible merite de fçavoir amufer, quand on ne fçait que cela. Les Poëtes fe piquent aujourd'hui de manier toutes fortes de fujets, & M. de la Motte nous a fait voir effectivement, a morale & même les Sciences plus traites étoient fufceptibles de tous les ag émens de la Poëfie, & pouvoient être la atiere de l'Ode, qui ne chantoit guere ute fois que les plaifirs & les combats: mais de tant d'Auteurs qui ont effayé de marcher fur fes traces, quel eft celui qu'on fit ? Si l'on devoit trouver quelques bons morceaux de Poëfie, ce devroit être naturellement dans les Recueils de l'Académie Françoise & dans ceux de l'Académie des Jeux Floraux. Qu'on les ouvre cependant, à peine peut-on lire les pieces de l'année courante, qui intereffent par la nouveauté : le Prix même adjugé à la meilleure, ne la met pas à l'abri de la critique. Je ne crains point que ces illuftres Académi ciens condamnent la liberté de cette reflexion; elle leur fait ce me femble honneur ce ne font pas leurs Ouvrages qui rempliffent ces Recueils, il y paroît bien. Cette critique rendra peut-être un mau vais office à l'Ode fuivante; elle m'a paru cependant meriter une place dans ce Recueil. Je fouhaite que fe publie la goûte affez pour engager l'Auteur, que je ne connois point du tout, à avoüer son Quvrage, LA CONSCIENCE O D E. Uelle eft donc cette voix fecrette Qui s'élevant du fond des cœurs, Ici du Dieu de la nature S ne fuit dans notre fupplice Non, quand même au bruit du ton nerre Dieu vint aux Juifs donner des mœurs ; Qu'il n'eût gravé dans tous les cœurs. De la morale la plus pure Voyez-vous la timide enfance |