Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Mais en vain la raison plus forte
Fait enfin fentir fon pouvoir :

Un cœur que fon penchant emporte
Sçait bien fe jouer du devoir.
Infenfé! pour fe fatisfaire

L'homme d'une erreur volontaire

Implore le charme impofteur.
Des paffions l'adreffe étrange
A la raifon donne le change;
L'efprit flechit au gré du cœur.

Ainfi le veut la Confcience.
Il ne nous eft permis d'aimer
Rien qui du bien n'ait l'apparence;
Le mal feul ne peut nous charmer.
Ainfi confervant fon empire,
Quand même au mal elle confpire,
C'eft qu'au bien qu'elle confent.
Mais quoi! pour la rendre complice.
Ilefte au crime un artifice;
Le crime paroît innocent.

Imposture à nous feuls funefte!
Aveuglez par nos interêts

Nous prononçons fur tout le refte
Les plus équitables Arrêts.

Je vois David dans fa colere
Prêt de punir fon adultere

Sous les traits d'un crime étranger.
Saint transport! juste impatience!
Laiffez parler fa conscience
Vous l'aiderez à fe vanger.

Qu'on le prépare de fupplices,
Lorfque, féduit par fes defirs,
On s'abandonne aux plus grands vices.
Sous le nom des plus doux plaifirs!
Le bandeau tombé, les yeux s'ouvrent:
Que d'horreurs alors fe découvrent
Sous l'attrait des plus doux dehors!
De fon erreur, trifte victime,
Notre cœur perd le goût du crime
Et n'en fent plus que les remords.

[ocr errors]

Plus de paix; ce ne font qu'allarmes. Que troubles toujours renaissans :

Plus le crime avoit eu de charmes

Plus les regrets en font cuifans.
Non, deformais un cœur coupable
D'un plaifir pur n'eft pas capable;

Il tremble, il feche au moindre bruit ;
Tout hi fait peur, tout l'embaraffe :
Il craint où rien ne le menace ;
Il fuit, quand rien ne le pourfuit.

Que vois-je? un frere parricide t
Fuit devant l'ombre de la mort:
Tout lui paroît un homicide;

Dans fon crime il croit voir fon fort. Mais quel tranfport faifit ce Traître *?

Il craint de furvivre à fon maître,

Et devient fon

propre

bourreau.

Vains efforts! aveugle efperance!
Sla mort la Confcience

ui réferve un tourment nouveau,

[blocks in formation]

Que manquoit-il à ta vangeance
Jufte Cicl! pourquoi des Enfers?
Pour nous punir la Confcience
Te fournit cent tourmens divers.
S'il faut que le crime s'expie,

A fes remords livre l'impie
Et tu feras assez vangé.

Les flots de feu, l'étang de fouffre,
Sont moins cruels que ce qu'il fouffre
De ce ver dont il eft rongé.

O! quelle aimable difference

Du fort du juste ! il goûte en paix
Les doux fruits de fon innocence:
Rougit-il ? trembla-t'il jamais ?
Au fort du plus fanglant outrage
Son cœur lui rend un témoignage,
A qui foufcrit la verité.

De fa vertu naît fa conftance;
Il ne fent point la violence
D'un fort qu'il n'a point merité.

Non, quoyque l'homme en puiffe

Ce n'eft

croire,

que dans fon propre cœur Qu'il trouve fa honte ou fa gloire

Son infortune ou fon bonheur,

En vain fe fait-il des chimeres
De felicité, de miferes,

D'honneurs, d'eftime, de mépris :
Bientôt la trompeuse apparence
Se diffipe, & la Confcience

Rend à tout fon poids & fon prix.

« AnteriorContinuar »