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& rendre à ces Princes l'honneur qui leur étoit dû, & qui leur avoit toujours été accordé.

Après un écart peut-être un peu trop long, mais qu'un fujet fingulier, & qui fera nouveau pour bien des gens, m'a engagé de faire, je reviens aux autres Ouvrages de M. de Leibnitz.

Nous avons de lui quelques Lettres écrites à feu M. Peliffon, en forme de Differtations, fur la Tolerance (a) des Religions. Ils avoient longtems examiné l'un & l'autre ces matieres, & en étoient peut-être trop pleins. On rifque toujours d'exceder, quand, fur certains fujets, on donne plus à l'efprit qu'à la lettre, & qu'on veut trop étendre la liberté du Chriftianifme.

Les Journaux de France, d'Angleterre,

,

ayant de grands Etats ils devoient jouir des mêmes honneurs, codem jure fuprematus, que les Princes d'Italie & la République de Venife. V. les Negociations du Prefident Jeannin. part. 1. p. 262. édition d'Hollande.

(a) On doit lire fur cela la Lettre de M. Locke furla Tolerance: Epiftola de Tolerantiâ ad clarifsimum virum T. A.R. P. T. O. L. A. fcripta à P. A. P. O. J. L. A-c'est à dire, Theologie apud Remonftrantes profefforem, tyrannidis oforem, Limburgium Amftelodamenfem : fcripta à pacis amico, perfecutionis ofore Joanne Lockio Anglo; & l'on verra en quoi il differe fur ce fujet de M. de Leibnit2

&

en quoi ils conviennent. M. Locke n'admet point de tolerance à l'égard de ceux qui nient l'exiftence de Dieu: M. de Leibnitz paroît moins tolerant que lui fur la difcipline. & les ufages de l'Eglife. La Le

de Hollande,de Leipfik, (aufquels il a travaillé longtems, foit par lui-même, foit en fournissant des Memoires à M.Mencke & aux autres Auteurs) d'Hanover, & tant d'autres qui fe font en Allemagne, font pleins, & comme parfemez, des réflexions & des Memoires de M. de Leibnitz. Par exemple, à l'occafion de ce qui fut dit dans le premier volume (a) des Memoires de Trevoux fur la generation de la glace, il écrivit une Lettre fur cette matiere, dont on trouve l'extrait dans le premier volume (b) de la même année. Il croit à l'égard de cette production, que l'Eau ceffant en Hyver d'être affez agitée par la chaleur, & que l'air qui y étoit auparavant enfermé, brifé & preffé par cette agitation, fe trouvant plus libre, il fe réunit en plus groffes bulles, & fe détachant de l'eau, lui donne plus de moyens de fe joindre & de fe prendre; (c) c'est à caufe de cela,dit

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tre de M. Locke a paru pour la premiere fois en notre langue, dans le Recueil de fes Oeuvres pofthumes, impri mé à Rotterdam en 1710. Elle fut fuivie de trois autres mais qui n'ont pas été traduites.

a) Les Memoires de Trevoux.de Janvier & Fevrier de l'année 1701.

(b) V. les Mem. de Septembre & Octob.1701. pag. 201. & fuiv.

(6) Le Chevalier Pery, Anglois, donne des conjectu jes affez fenfées sur cette matiere, dans une nouvelle

il, que l'eau fe glaçant, l'air amaffé devient plus fort, tant par l'union, que parce que cette violente compreffion,où il fe trouvoit prefqu'autant que dans le falpêtre,ou dans la poudre à canon,n'étant plus balancée par le mouvement interne de l'eau, il exerce fa force claftique, & par là devient capable de rompre jusqu'à des vafes de fer.

Dans la même Lettre M. de Leibnitz propofe fon fentiment fur une demonftration de l'existence de Dieu du feu Pere Lamy, Benedictin, dont il avoit déja

Relation de Mofcovie qu'il a publiée II dit que la gelée la plus forte ne pouvoit pas la premiere année de la création du monde, former une glace fort épaiffe, & que ce n'eft que par la fuite des tems qu'elle eft parvenue à cotte grande épaiffeur qu'elle a dans les pays Septentrionaux. Il ajoute même qu'une partie fe fond tous les ans par la force d'un foleil continuel de fix mois, quoyque dans une pofition fort oblique, plus ou moins, fuivant que les Vents regnent dans ces climats ; de forte qu'il faut que cette grande quantité de glace qui fe trouve d'une centaine de pieds d'épaiffeur dans divers endroits de la Zone froide, foir l'ouvrage graduel de plufieurs milliers d'années enfin il va jufqu'à dire qu'il femble que c'eft une verité inconteftable qu'au commencement, & quand Dieu créa le monde,'il n'y a• voit point de glace fur la furface des eaux. Et il appuye fa conjecture par l'hypothefe du Docteur Chyne, autre Anglois, qui foutient dans fes principes Philofophi ques de la Religion, que le Soleil a perda de fa fe (ce que ces deux Anglois affurent que bien des gens croyent), d'où l'on peut conclure, qu'à mesure que la glace s'eft augmentée, fa réflexion a donné plus d'e tendue au froid qu'il n'en avoit originairement, & lorf -que le monde a été créé.

:

auffi été parlé dans le premier volume() des Memoires de Trevoux. Cette démonstration n'eft autre que celle de S. Anfelme, renouvellée par Descartes, employée avec plus d'étendue par le feu Pere Mallebranche, mais mife dans un beau jour, & dans tout celui qu'elle pouvoit recevoir, par le Pere Lamy dans fon Livre de la Connoiffance de foi-même,où ill'a employée comme une démonstration achevée de cette premiere verité. M. de Leibnitz avoit dit auparavant fon fentiment fur la démonftration de faint Anfelme, mais dans la Lettre dont il s'agit ici, il déclare qu'il veut tenir le milieu entre ceux qui prennent le raifonnement de S. Anfelme pour un pur fophifme, & la maniere dont le Pere Lamy en a fait ufage. Il avoue que c'eft une démonftration, mais une demonftration imparfaite, qui demande ou fuppofe une verité qui doit être encore demontrée. Perfonne n'ignore l'état de cette question importante, & que la fubftance de cette demonftration, eft que ce qui renferme dans fon idée toutes les perfections, ou le plus grand de tous les Eftres

(a) left parlé de cette demonftration dans les Memoires de Janvier & Fevrier 1701. & l'on trouve l'exotrait de la Lettre de M. de Leibnitz fur ce fujer dans ceux de Septembre & Octobre de la même année p. 203.

ez fuiv.

poffibles, comprend auffi l'exiftence dans fon effence, puifque l'existence eft du nombre des perfections, & qu'autrement quelque chofe pourroit être ajoûtée à ce qui eft parfait.

Les bornes que je dois donner à l'éloge de M. de Leibnitz m'empêche d'écouter le penchant que j'aurois à défendre le fyfteme du Pere Lamy, (b) & à faire voir ici la force de fon raisonnement; je donnerois moins en cela à l'amitié dont il m'honoroit, qu'à la conviction interieure qu'a produit en moi ce qu'il a écrit fur cette matiere dans fonLivre de la Connoiffance de foi-même ; mais, je l'avouerai ici en paffant, il falloit un plus grand nombre de degrez d'évidence pour mettre l'efprit de M. de Leibnitz que celui des autres hommes. Sa foi n'étoit pas toujours à l'épreuve des doutes; & s'il croyoit, c'étoit fouvent après avoir longtems douté, même quelquefois un peu legerement.

fou

Il y a une quinzaine d'années, ou environ, qu'il parut divers fyftêmes fur l'union de l'ame & du corps. Les plus mediocres Philofophes fe mêloient de

(b) Il feroit furtout aifé de juftifier le Pere Lamy fur ce qu'il dit que l'Ecole a adopté la démonftration de fain: Antelme, & il feroit bien plus difficile de faire voir, comme le dit M. de Leibnitz, que S. Thomas l'a rejettes

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