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gnité fuprême de la juftice, un Magiftrat (a) en qui V. M. toujours jufte & penetrante dans les choix qu'elle fait, a reconnu une experience fi parfaite, une integrité fi grande, des vertus fi éminentes & des lumieres fi pures, que l'eftime que vous avez témoignée pour ce grand homme en l'élevant à cette éminente dignité, s'eft trouvé d'accord avec celle de tous les gens de bien votre Confeil étant rempli de Juges fi penetrans, fi zelez pour le bien de la Justice, qui fecondant les fages intentions de V. M. & les juftes inftances de tous les Officiers, s'élevant genereufement au-deffus de leurs interêts propres, & n'envisageant que celui de la juftice, donneront leurs foins & leur application à faire ce Reglement general entre les Compagnies fuperieures du Royaume, & les particuliers qui les compofent vos Parlemens étant remplis de perfonnes fi éclairées, & ayant à leur tête des Magiftrats d'un merite fi rare, & fi digne de cette place où votre prudence. les a mis, qui s'employeront à établir le même ordre entre les Compagnies inferieures & les Officiers de leus refforts, s'il plaît à V. M. de leur ordonner de travailler à ce Reglement, qui couronnera tous ceux que jufqu'à prefent on a faits (a) M. Boucho

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avec tant de fagefse & de justice. C'eft de ces deux grandes vertus, com me de deux fources pures & divines que fortira ce Reglement fi neceffaire, & pour lequel, tant d'Officiers depuis fi longtems foûpirent, auquel la faveur & l'intrigue n'auront aucune part, où le credit, les amis, les interêts particuliers ne prévaudront pas à la force des raisons; où la Juftice enfin feule agira, puifqu'il fera l'ouvrage de V. M., en qui elle refide avec toute fa pureté & toute fa force; c'est un chef, qui animé d'une fageffe admirable, mettra pour jamais le bon ordre dans une grande & nombreuse famille; c'eft un pere, dont le cœur penetré de l'amour le plus tendre, ôtera la caufe fatale qui divife fes enfans; c'eft un Monarque jufte & éclairé des plus vives lumieres, qui rétablira & affermira la paix entre lesSujets les plus fideles de fesEtats; c'est ce qu'entreprit de faire autrefois l'Empereur Valentinien par une Conftitution celebre, qui regloit le rang de toutes les dignitez Romaines; Conftitution fibelle & fi jufte, que fon fils pour en foûtener la juftice & l'execution, en fit tne feconde, par laquelle il déclaroit criminel de Leze - Majefté, quiconque auroit l'audace de la violer: c'est un fem

blable ouvrage que l'on attend de la ju ftce & de la fageffe de V. M., excitée par cette tendreffe & cette bonté que vous avez pour nous; de vous, SIRE, que la nobleffe du fang, la grandeur, la puiffance, les vertus, le merite, la renommée, élevent autant au-deffus des autres Monarques de l'univers, qu'euxmêmes font élevez par leur dignité fur le refte des hommes. Orietur in diebus tuis juftitia & abundantia pacis. Pfal. 71.

La France joüiffoit d'une paix profonde, lorfque ce Memoire fut prefenté au Roi & diftribué à tous fes Miniftres; c'étoit avant la guerre de 1688. Les divers Reglemens que Louis XIV. avoit fait pour remedier à bien des abus qui s'étoient gliffez dans le gouvernement fous le regne de fes prédeceffeurs, le bon ordre furtout que ce Prince avoit mis dans l'adminiftration de la juftice enhardiffoit plufieurs habiles gens à lui proposer bien des vûës de reglement ou de reforme que la guerre fit abandonner. Aujourd'hui que la paix ramene tout le monde des foins plus tranquiles, qui fçait fi le projet en queftion ne pourroit point avoir lieu. Ja mais la France n'a vû à la tête de la jufti

C

ce, un Magiftrat plus capable de faire ceffer tant de conteftations. La veneration qu'on a pour lui, ne rendroit pas fes décifions moins refpectables, que l'autorité royale dont elles feroient revêtucs: On ne s'en tiendroit pas fans doute aux vûës duMagiftrat Auteur de laPiece précedente, nous aurions encore un ceremonial complet: c'est un ouvrage qui nous manque, & dont on fent tous les jours le befoin.

Lorfqu'en 1664. le Cardinal Chigi vint en France avec la qualité de Legat à Latere du Pape Alexandre VII. fon Oncle ; il y eut des difficultez fur le ceremonial, à l'égard du pas & de la préféance. Le Roi fouhaita d'avoir fur cela l'avis de quelque habile homme. Perfonne à M. de Salo près, n'ofa entreprendre de traiter cette matiere : elle étoit tresdifficile, & le Roi vouloit une prompte réponse: ce Magiftrat à qui on s'adreffa donna en huit jours fur ce fujet unTraité également folide & fçavant: on le traduifit enfuite en latin, & on l'imprima en Hollandenais M. de Salo fe plaignit hautemer, & du peu d'exactitude avec avec laquelle on avoit fait cettę traduc&tion, & de ce qu'on avoit corrompu fon

texte.

LE

ARTICLE II.

Es remarques du Docteur Matanafius fur le chef-d'œuvre d'un inconnu ont été fi bien reçûës à quelques endroits près, qui ont paru un peu trop libres, qu'il eft à craindre que les critiques qu'on en donnera,ne faffent pas fortune. Le public eft intereffé à la reputation de cet ouvrage, il lui a plû, & on ne fçauroit deformais l'attaquer fans faire le procès à fon goût & à fon difcernement. Si quelqu'un cependant pouvoit être jaloux de l'honneur que ce Livre a fait à M. Themifetil, ce feroit fans doute le vraiMatanafius:c'eft auffi ce fameux Docteur qu'on fait paroître fur la fcene pour critiquer le Livre publié fous fon nom. Sa critique a paru jufte & fenfée en bien des endroits; mais l'ouvrage critiqué n'en fera pas lû avec moins de plaifir. Les remarques fur le chef-d'œuvre d'un inconnu font pleines de faillies vives & heureufes; c'est une idée neuve & aufant; elles plairont toujours, & même qux perfonnes qui conviendront de bonne foi, que ce Livre a dû tout fon fuccès au ridicule outré, qu'on s'eft attaché d'y répandro

fu

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