Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

fertation, finon que l'Auteur veut prouver ou qu'effectivement Chapelain eft auffi bon qu'Homere, ce qui eft une bêtife; ou qu'Homere eft aufli mauvais que Chapelain, ce qui eft une extravagance.....

Matanafius parloit avec tant de feu, qu'il ne s'appercevoit pas que le foleil étoit déja fort haut. Pour moi, à qui l'attention n'êtoit pas le fentiment, je m'apperçus que la chaleur devoit l'incommoder, & que la place n'étoit pas te+ nable. Je l'interrompis pour le lui faire remarquer, & lui propofai d'aller achever notre converfation à l'ombre, dans un Caffé. Il accepta la propofition. Nous fortimes du Luxembourg, & fumes chez ***. Le changement de théatre produifit de nouveaux incidens. La rencontre que nous fimes de M. le Févre de Fontenai, Auteur du Mercure Galant (a) donna lieu à une fcene des plus comiques, & des plus divertiffantes. Je vous en ferai part dans ma premiere Lettre: car la longueur de celle-ci me fatigue, & peutêtre vous ennuye.

Le 21. d'Août 1716.

(a) Ce n'eft plus M. le Févre qui fait le Mercure

Galant, c'eft M. l'Abbé Buchet.

[ocr errors][merged small]

ARTICLE LII.

E R. P. Ange de fainte Rofalie Auguftin Déchauffé, étant en Rouffillon, où il a demeuré long-tems, envoya il y a quelque tems à un de fes amis en cette ville les Prophéties qui fuivent.Il y ajoûta les Notes Françoifes qui fervent à éclaircir le Texte, de lui-même affez ténebreux. Ce Religieux connu par de bons & gros Ouvrages fortis de fa plume, & aufquels il travaille encore actuellement, dit que les Efpagnols font pleins de refpect & de véneration pour ces fortes de traditions, qu'ils les regardent comme de précieux monumens de l'Antiquité, & que ce feroit parmi eux une efpece d'irreligion, que de douter tant foit peu de la verité qu'elles contiennent, & il ajoute qu'en particulier ils ont grande foi aux Propheties de l'Abbé (Joachim) de Poblet (a). Mais quoyqu'il en puisse être de

(a) Cet Abbé eft connu dans l'Hiftoire Ecclefiaftique du XII. fiecle, & il me femble avoir lû quelque chofe de lui dans les Ecrits d'Abelard. Je fçai bienne S. Bernard en a fait mention dans quelqu'une de fes Lettres. Pandolphe dans fon Hiftoire de Naples, dit que pen dant la groffeffe de l'Imperatrice Conftantine de Sicile, qu'on prétend qui étoit âgée de 68. as lorfque l'Empereur Henry IV. l'époufa (c'eft Albert Stade qui le dit) l'Abbé Joachim, que ce Prince confulta, l'assura qu'il

la verité de ces prophéties, j'ai crû qu'on feroit bien aife de les trouver dans ce Recueil; ne fut-ce que pour pouvoir juger de la latinité des anciens tems parmi les Efpagnols, & de l'efprit qui regnoit dans ces fiecles éloignez parmi cette nation, qui a toujours été fi célebre, & qui s'eft toujours diftinguée des autres par tant d'endroits. De plus, les notes font tres-curieufes, & ces prophéties, n'euffent-elles produit d'autres bons effets que de donner lieu au R. P. Ange de les faire, on doit toujours fçavoir quelque gré au Prophéte Efpagnol.

Mais qu'il me foit encore permis de remarquer, que ceux qui obfervent la nature dans le deffein d'écrire & de fe faire honneur de leurs découvertes à la posterité donnent fouvent le merveilleux pour le vrai, & leurs imaginations pour des réalitez; c'eft pourquoi tout homme qui embraffe une opinion, & qui s'y attache, doit fuppofer, à moins qu'il ne fe condamne lui-même tout le premier,

étoit véritablement pere du Prince dont l'Imperatrice accouché soit. [Elle en accoucha à Naples en 1196.j& l'Hiftorien ajoûte que cet Abbé paffoit pour un grand Prophéte. On fçait que le Prince que l'imperatrice mit au monde fut le fameux Empereur Frederic II. dont on difputa enfuite l'état malgré les précautions que l'Impe ratrice avoit prifes pour éviter les foupçons de la suppos fition de fa part.

qu'elle eft fondée fur de bons principes, qu'il ne la reçoit qu'à proportion de l'évidence qu'il en a, & que ce n'est point par inclination, ou par quelque travers qu'il la foûtient, mais parce qu'il en a de fortes & folides preuves. Si malgré tout cela il ne peut fouffrir qu'on le combatte, ni qu'on l'examine avec foin ; s'il ne peut, dis-je, fouffrir qu'on écoute les raifons de fon adverfaire, ne donne-t'il pas lieu de croire que le préjugé le tyrannife, que ce n'eft point l'évidence de la verité qui le perfuade, mais qu'il fe repofe tranquillement fur quelque fuppofition anticipée, ou fur quelque préjugé (je le repete) qu'il cherit, dont il ne peut fouffrir qu'on le dépouille? •

Enfin, je crois qu'on doit chercher l'origine des préfages & des prédictions, qui n'ont pas une autorité infaillible pour fondement dans la fuperftition de l'homme, dont la curiofité a voulu pénetrer dans l'avenir, & dont l'orgueil a voulu, pour ainfi dire, abaiffer l'Etre Louverain jufqu'à lui.

PROPHETIES

PROPHETIES

fur les Rois d'Espagne.

Es Prédictions font attribuées à un Religieux de Clairvaux nommé JOACHIM premier Abbé de Poblet, Monaftere célebre en Catalogne, fondé par Raymond Berenger le 7. du mois de Septembre 1153. (a) Des perfonnes dignes de foi affurent avoir vû dans cette Abbaye des copies de ces prédictions qui paroiffent étre au moins du XIV. fiécle. On y voit auffi un Commentaire fur ces Prédictions qui finit à la bataille de Lepante en 1571. Plufieurs curieux de Barcelone & d'autres Villes d'Efpagne ont de pere en fils des copies de ces Prédictions & du Commentaire de Poblet ; & à mefure que les évenemens font arrivez, ils ont augmenté le Commentaire. Gens de caractere, de probité & d'honneur d'un âge plus que fexagenaire ont certifié avoir oui parler dès leur premiere jeuneffe deges Prédictions, d'en avoir vû des copies tres-anciennes, & même des

(4) Selen Diago liv.2 Hift. des anciens Comtes de Bar◄ celon ch. 163. Le premier Abbé fut Frere Guerao, Religieux, dit l'Hiftorien, d'une vertu & d'une fainteté res connuë.

Pietes Fug. Tom. 151,

C

« AnteriorContinuar »