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cependant que vous n'y retombiez plus; car en ce cas là, je jetterois plutôt tout mon papier au feu, que de vous écrire une feule ligne.

ARTICLE VII.

Quid caligata militia? Apud Tertullianum de idololatriâ, cap. 19. ci-après.

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E me fuis fouvenu, monfieur, que vous me demandâtes (a) ce que je penfois de ces paroles de Tertullien, la premiere fois que j'eus l'honneur de vous voir. Voici ce que m'en ont pû fournir mes petits memoires.

Les caliga étoient une partie de 1habillement des foldats Romains, & c'eft delà que l'empereur Caïus a tiré fon furnom de Caligula ; Caligula cognomen caf trenfi joco traxit, quia manipulario habitu inter milites educabatur. Sueton. in Calig. Et Pline 1. 2. c. 43. Multi juventam inopem caliga militari toleraffe, &c.

Les foldats Romains font appellez caligati milites à caliga. Sueton. in Vitellio. Caligatorum quofque militum obvios exoscu

lans.

Les foldats appellez caligati, étoient F*) Au commencement d'Avril 1704

les plus vils & des dernieres claffes. Cela eft marqué dans la loi 2. digeft. de his qui notantur infamiâ. Dimiffum accipere debemus militem caligatum vel fi quis alius ufque ad centurionem, vel præfectum cobortis, vel ala, vel legionis; dit Ulpien dans cette loi, en commençant fon énumeration par les degrez de la milice les plus bas, & la continuant en montant jufqu'au general.

La même chofe eft bien plus nettement exprimée dans l'authentique quibus modis, c. tit. 1. c. 4. par ces paroles. Et milites armatos & quos lex caligatos appellat, hos eft, viliores & obfcuriores. Tacite avoit dit auparavant, que les caliga faifoient partie de l'habillement. Gregariorum, en parlant de Caligula, tanquam parum ambitiosè filium ducis gregati habitu circumferat, Cafaremque Caligulam appellavère.

Mais qu'étoit-ce que ces caliga? pedine an tibia, an utriufque tegumentum? İl femble que Ciceron les prenne pour une efpece de fouliers dans fa feconde Philipp. en reprochant à M. Antoine d'avoir porté des caligas & lacernam ; cum caligis dit-il, & laceraâ cucurrifti. Il avoit un peu auparavant oppofé les caligas aux calceis, dom les Romains fe fervoient: cùm calceis & toga, nullis nec caligis nec lacernâ. Si çependant on ne doit pas lire en ces deux

endroits de Ciceron, gallicis au lieu de

caligis.

En effet, Beroald & quelques autres commentateurs, prétendent qu'on doit fire gallicis Leur fentiment eft appuyé fur l'autorité d'Aulugelle, qui a lû de cette maniere ces endroits de Ciceron, Vide Cellium noct. Attic. I. 13. c. 20.

Mais enfin foit qu'il faille dire d'une maniere ou d'une autre ce mot dans Ciceron, il est toujours conftant qu'Aulugelle a pris ce mot,pour une chaussure des pieds: lacernis indutos & gallicis calceatos. Ce mot étoit nouveau du tems de Cice ron, & c'eft le premier auteur dans lequel A. Gellius dit qu'il l'a lû, & ajoûte que id genus calceamenti crepidas vocave

runt.

Il me femble qu'on peut dire que ces crepida furent appellées gallica du tems de Ciceron, parce que c'étoit une espece de chauffure, que les Romains avoient prife des Gaulois, & dont M. Antoine pouvoit être accoûtumé de fe fervir, ayant longtems fait la guerre avec Cefar dans les Gaules.

Cependant Lazius, qui a parlé fort amplement dans fon traité de rep. Rom. de ces caliga, les appelle en fa langue, des bas; en effet, je croi que ce pouvoit

être des petites bottines, qui tenoient lieu de bas & de fouliers. Caligati, armati eâ ea parte corporis que tibialibus munitur. Je croi même avoir lû dans Tite Live, que les foldats legionaires portoient des caligas aneas ; & dans Vegece, qu'il y avoit à la femelle de ces caliges, des crochets ou crampons, avec lefquels les foldats s'attachoient fortement à la terre, & fe, mettoient par là en état de ne pouvoir, être aisément ébranlez & rompus. Voici le paffage de Tertullien.

At nunc drifto queritur an fidelis ad mili tiam converti poffit & an militia ad fidem admitti etiam caligata vel inferior.

Le même Tertullien carmine ad fenato rem c. 2. fi Tertullien eft auteur de ces vers, a dit encore:

Caligaque remota Gallica, fit pedibus molli redimita papiro. Ce vers de Tertullien prouve encore que les calige étoient des chauffures propres des Gaulois.

VIII

ARTICLE

ECLAIRCISSEMENT d'un point de l'hiftoire des comtes

J

de Provence.

'Avois juré, mon cher monfieur, de ne plus rien écrire contre nos critiques. Je ne trouve ni profit ni honneur dans cette difpute: mais puifque vous m'apprenez qu'ils ne font pas les feuls à exclurre deux Raimonds Berengers du rang de nos comtes, je veux bien pour vous faire plaifir développer un point d'hiftoire où il eft certain qu'on n'a pas encore fait affez d'attention. Je pourrois d'abord leur répondre pour couper court à toute conteftation, dont je fuis ennemi capital, qu'il ne s'agit pas de favoir fi ces deux princes ont veritablement été comtes proprietaires de la Provence, ou s'ils n'y ont eu qu'une autorité fubordonnée, ou pour parler comme nos critiques, s'ils n'ont été que comtes commendataires; mais étant conftant par les ti tres, que ces princes ont fait dans la Province divers actes de fouveraineté, il s'agit de décider, fi pour ne confondre" pas les faits hiftoriques qui fe font paffez

de

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