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L'auteur commence par la neceffité où il s'eft trouvé de parler dans une occafion où, felon lui, il n'auroit pas été une moins grande faute de fe taire que ç'en eft souvent dans d'autres une grande de parler. Il dit qu'ayant gardé religieufement le filence au-delà même du tems prefcrit par la loi des Hébreux, il a crû qu'il lui étoit permis de le rompre pour défendre une action de laquelle on parloit fi diversement, tant dehors que dedans le royaum:, & qu'il avoit été engagé par l'étonnement où il étoit que plufieurs en difcouroient à la façon de la pythoniffe plutôt du ventre que de la tête, c'est-à-dire, avec plus de paffion

que de jugement; difcours dont il avoit été lui-même témoin dans un voyage qu'il avoit fait l'année précedente (1614.). Il fait d'abord une hypothese d'un évêque dont la fituation du pays le met dans la. neceffité de défendre les corps auffi-bien que les ames de fon peuple, à caufe du demon de l'herefie qui investit fon investit fon pays; & pour établir le droit qu'a ce même évêque de défendre les corps de fes brebis, fans s'arrêter à un nombre de preuves tirées du fonds du fujet, de la loi naturelle, de toutes celles qui ont été prefcrites aux hommes, de la nature des animaux & des chofes infenfibles il for

me une chaîne de raifons tirées de la pratique continuelle de l'églife depuis fa naiffance jufqu'à nous mais avant d'entrer en matiere, il déclare trois choses; la premiere qu'il ne prétend point parter du fait particulier, ni de l'hypothese qui a donné lieu à la queftion, par refpect (à ce qu'il laiffe entendre) pour les décifions de l'églife; la feconde, qu'étant né dans le fein de l'églife Romaine, il protefte d'y vouloir mourir, c'eft pourquoi il lui foumet cet ouvrage qui paroîtra à quelques-uns contenir bien des choરે fes nouvelles & fingulieres; la troifiéme, qu'ayant été obligé à caufe de fon fujet de parler de l'accroiffement de l'églife, qui comme les autres états a eu fes âges & fes révolutions; il s'eft bien donné de garde de toucher à la queftion importante de la puiffance temporelle des rois, & que dans cette occafion, il croit avoir imité Origene, qui dans fes réponses à Celfe fur l'autorité des princes, relevoit de cette forte la puiffance des monarques de la terre, qu'il fembloit l'avoir voulu rendre moyenne comme le premier genre fubalterne entre la fouveraine fubftance & la plus noble efpece des creatures fenfibles & qu'enfin il ne pense pas qu'il lui soit mis de parler fur cette importante ma

per

tiere après un grand cardinal qui a trop d'excellence pour le pouvoir nommer.

Il finit cette préface en avertiffant le lecteur qu'ayant fait cet ouvrage durant un voyage où il étoit éloigné de fes livres il n'a pû remplir les marges de citations comme il l'auroit defiré ; & que ce dif cours ayant été imprimé fur une copie écrite de la main d'un autre & en un lieu où il n'a pû affifter à l'impreffion, il s'y eft gliffe un nombre de fautes, qui lui font dire, que les raisons aufquelles il s'eft principalement attaché pour mieux imiter Victorin (c), évêque de Poitiers, ( que faint Jerôme écrit avoir été plus foigneux des conceptions que des paroles) y paroissent encore avec toute leur force, une feconde édition fe roit auffi neceffaire que fuperfluë; laquelle il efperoit cependant augmenter de belles notes, & d'autant plus belles qu'on ne les trouve pas ailleurs, non plus que le fujet principal fur lequel elles font faites, s'il étoit affuré que la doctrine qu'il veut établir, que l'églife eft obligée de fe difendre par la priere, & par les armes ( comme faifoit la fynagogue qui étoit la meilleure partie de l'église de Dieu du tems des Mashabées), ne déplut pas à plufieurs ; & il

(c) M. de Launoy affure que Victorin né fut jamais évêque de Poitiers mais de Petau.

déclare que fi dans ce tems où tout le monde fe mêle de juger, & où les ignorans ne font gueres en plus grand nombre qu'étoient anciennement les fages, on trouve des fautes dans les principales preuves, il fera voir par fa réponse, fi leur réponse le merite, que ce ne feront pas tant celles de l'auteur que du lecteur. Le ftile de cette préface eft un peu fier.

L'auteur commence cette differtation en difant que ceux qui ont les premiers dreffé & policé les republiques ont ordonné des vertus particulieres pour les princes & les chefs du peuple, lefquelles étant fi fort au deffus de la portée du commun des hommes, ceux-ci s'imaginent qu'elles foient veritablement des fautes , parce qu'elles font pratiquées par ceux de leur condition, ne remarquant pas que ceux qui font dans les premieres places font fouvent obligez de faire, & par le devoir d'un homme de bien, & par celui d'un bon citoyen, des chofes

paroiffent étranges à ceux ou qui font dans la dépendance, ou dont les lumieres font trop bornées. Qu'à la verité durant la fplendeur de l'empire Romain le monde entier obéïffant à un feul maître, chaque particulier étoit propre વે tomes fortes de fonctions, quelque dif

proportion qu'elles euffent entr'elles. : que cette vafte monarchie ayant été démembrée, chaque particulier doit enfin borner fon courage & fa raifon aux chofes qui dans cette grande divifion font tombées dans fon partage.

Pour guerir l'efprit des foibles & défabuser les ignorans qui ne peuvent concilier les droits de la puiffance feculiere avec ceux du facerdoce, il fait voir, en divifant les tems & les fiecles, que cette pratique (le droit des armes aux ecclefiaftiques) ayant été univerfelle au ciel & en la terre, la raison eft plutôt établie que la. coutume. Il cite d'abord le combat de S. Michel à la tête de fes legions d'anges, contre Lucifer & cette multitude infinie de mauvais anges qu'il avoit feduit; combat qui, felon lui, figuroit dans le berceau du monde la hierarchie de notre églife compofée de diacres prêtres, & évêques, lefquels à l'imitation de ces grands modeles, peuvent bien prendre en un befoin les armes pour reprimer les violences des méchans Îorfqu'ils confpirent avec le diable: contre la gloire de Dieu.

Il parcourt enfuite la loi de nature, qui eft la premiere, dans laquelle il fait voir que cet ufage a été confacre dans la

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