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par parelle, ou par précipitation. IV. Et lorfqu'il fera venu, il convaincra le monde touchant le peché, touchant la juftice, &touchant le jugement. v.8.

Le Saint-Esprit a convaincu le monde de peché, c'est-à-dire (comme Jefus-Christ l'explique lui-même) d'incredulité, qui eft la fource de tous les pechés, en ce qu'elle en exclut le remede qui eft la foi. Et il le fait en deux manieres. L'une par une conviction qui corrige ceux qu'il en convainc. L'autre par une conviction à laquelle on refifte par une malice opiniâtre. L'une & l'autre forte de conviction a été l'effet de la defcente du Saint-Elprit, mais principalement la premiere. Car il n'y a proprement que ceux qui reconnoiffent leur incredulité qui en foient parfaitement convaincus; parceque le Saint-Efprit formant dans leur cant une difpofition defincerité, en bannit l'averfion pour la verité. Il fait qu'il s'y rend, qu'il s'y foumet, & qu'il reconnoît que l'oppofition qu'il y avoit étoit une pure opiniâtreté & une incredulité de malice. Ceux qui fe convertiffent font donc convaincus par le Saint-Elprit, & de leur incredulité, & de celle des autres. Ils. voyent clairement que c'eft la fource de tous les pechés, parceque non feulement c'eft ce qui empêche d'en obtenir le par

don, mais que cette averfion pour la verité vient de la cupidité qui domine dans le cœur, & qui y produit tous les pé

chés.

V. Non feulement le Saint-Esprit produit cet effet de convaincre les pécheurs dès le commencement de leur converfion, de l'incredulité qui leur faifoit rejater la verité; mais il le produit dans tout le cours de leur vie. Il y a toujours bien de fecrettes racines d'incredulité & de manque de foi cachées dans le cœur de ceuxmêmes qui ont été juftifiés : & le Saintprit les leur découvre peu à peu, à mefure qu'il s'empare de plus en plus du fond de leur cœur. Ce n'eft qu'à l'aide de ce foleil que nous découvrons la poùffiere de nos ames. Le Saint Efprit continue donc dans toute leur vie à les convaincre du peché d'incrédulité, parcequ'il les convainc de plus en plus de leurs attaches fecretes à la créature, & de leurs retours fur eux-mêmes qui font contraires à l'efprit de foi, qui leur apprend à ne s'attacher qu'à Jelus-Chrift. Moins les hommes participent à l'esprit de Dieu, moinsils voyent leurs imperfections, parce qu'ils conçoivent moins cette obligation de fe léparer de l'amour des créa 11res, & de fe tourner totalement vers Je fas-Chrift...

VI. Le Saint-Esprit en convainquant les ames qui le reçoivent, des pechés conaires à la foi, les convainc auffi de la juf v. no tice, c'eft-à dire, de la juftice de la foi, qui confifte à n'efperer rien de foi, & àefpeperer tout de Jefus Chrift affis à la droite de fon Pere De juftitia verò, quia ad Pa- v. 10.j rem vado, & jam non videbitis me. Il étoit néceffaire pour connoître & pour pratiquer cette juftice de la foi,que Jefus-Christ alât prendre la place qui lui étoît due, pour y être l'objet de nos efperances, & y exercer l'office de médiateur. Il falloit pour cela qu'il fe rendit invifible aux hommes en fe féparant d'eux, afin qu'ils ne fuffent attachés à rien de vifible. Et il falloit de plus que le SaintElprit defcendit fur eux pour y former cette juftice qui nous feparant des chofes fenfibles & préfentes, nous attachât uniquement aux chofes invifibles & abfentes, & nous fît chercher Jefus Chrift à la droite de fon Pere, pour nous approcher de Dieu par fon moyen, & être reçu de Dieu comme faifant partie du corps de fon Fils. C'est là le propre effet du Saint Efprit lorsqu'il reffufcite une ame; & c'eft ce qui fait que l'Apótre faint Paul dit aux Coloffiens: Si vous êtes reffufcités avec Jefus-Chrift, Coloff. 3. cherchez les chofes d'en-baut, où Jesus-1. 30

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Chrift eft à la droite de fon Pere, & non pas les chofes qui font fur la terre. Voilà la justice dont le Saint-Esprit devoit perfuader les ames qui le devoient recevoir Juttice fans laquelle elles ne peuvent être qu'injuftes; parceque n'aimant point Jefus Chrift, elles aimeront neceflairement les créatures, & fe foumettront à elles. Il est bien injufte que des ames rachetées par Jefus Christ se détachent de leur Redemteur; que des efclaves ne fuivent pas leur maître; que des mem bres fe feparent de leur chef. Or qui fe fepare de Jefus-Chrift glorieux, commet toutes ces injuftices, & ne connoît point ainfi la véritable juftice; & c'eft ce que cet Esprit apprend aux ames dans lef quelles il habite.

VII. Enfin le Saint-Esprit convainc 11. ces ames qui le reçoivent, du jugement porté contre le démon, par lequel il a été dépouillé avec juftice de l'empire qu'il avoit fur les hommes. Car comme on n'eft délivré de cet empire du démon que par le Saint-Efprit, on ne connoît auffi cette délivrance que par le S. Efprit. Ceux qui font encore affujettis à cette domination ne la connoiffent point. Ils la prennent pour un état de liberté, parcequ'ils l'aiment. Il n'y a que ceux dont le Saint-Esprit a rompu les liens, qui les

puiffent bien connoître, & qui en voyent la mifere & la honte. Ils connoiffent par experience le jugement que Jefus-Christ a porté contre le diable en le chassant de fa maison par une force fuperieure à la fienne, qui eft celle de fon S. Esprit. Ils fouhaitent l'execution entiere de ce jugement en eux & dans les autres. Ils travaillent à détruire en eux-mêmes tous les reftes de ces liens, & toutes les marques de leur fervitude, & ils s'appuyent uniquement pour cela fur la force infinie de Jefus-Chrift, qui ne fait, en dé-/ livrant les membres de la fervitude du démon, qu'executer l'Arrêt qu'il a rendu contre lui, par lequel il l'a condanné à perdre fur tous ceux en qui le Saint Esprit habiteroit, l'empire qu'il y avoit auparavant.

VIII. Mais la defcente du S. Efprit dans les cœurs des fideles ne convainc pas feulement de ces divines verités ceux qui le reçoivent; ils en convainc auffi ceux-mêmes qui les rejettent, non feulement par les paroles qu'il met en la bouche des Prédicateurs de l'Evangile, mais par la vie même des vrais Chrétiens, qui leur font voir par leur exemple la force de la foi, la véritable juftice, & l'expulfion du démon des cœurs des fidelles par l'habitation du Saint-Elprit. Toutes ces

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