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ai dit ces chofes afin que vous n'en foiyez point fcandalifes. Ils vous chafferont des fynagogues ; & le tems vient, que quiconque vous fera monrir croira faire une chofe agreable à Dieu. Ils vous traiteront de la forte, parcequ'ils ne connoiffent ni mon Pere ni moi. Or je vous ai dit ces chofes afin que lorfque ce tems-là fera venu, vous vous fouveniez que je vous les ai dites.

EXPLICATION.

1. Efus-Chrift promet à ses Disciples le Saint-Elprit, & l'appelle en cet endroit l'Esprit de verité, pour nous donner lien de le difcerner de l'efprit du monde qui eft un esprit de faufleté. C'est la marque la plus claire que nous ayons pour reconnoître le vrai principe de nos actions & de nos pensées. Et c'eftpourquoi faint De div. Bernard n'en donne point d'autre pour 23. difcerner fi les pensées qui paffent dans notre efprit, ont Dieu ou le démon pour auteur. Il veut que nous attribuyons à Dieu toutes les penfées véritables, & au démon toutes les fauffes penfées:&l'on ne doit pas juger autrement de nos œuvres. Car toutes celles qui font faites felon une lumiere véritable, dans l'intention & dans le choix de l'action,doivent être attribuées

21.

2. Joan.

4. 3.

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à Dieu, puifque ce font des œuvres de lumiere ; & celles qui font faites en fuivant de fauffes lueurs, doivent être attribuées au démon, puifque ce font des œuvres de ténebres. C'est l'origine de ces expreffions Foan.. de l'Ecriture: Faire la verité, marcher dans la verité, qui ne fignifient autre chofe que fe conduire felon la verité. Mais il faut Joan. bien remarquer qu'il le fait quelquefois un certain mélange dans nos penfées mêmes, & que le diable a l'adreffe de mêler quelquefois de faufles intentions & de faufles lunieres qui viennent de lui, parmi les véritables qui viennent de Dieu, On voit un pauvre dans une grande & réelle néceffité; on eft en état de l'affifter ; & l'on conclut qu'on le doit faire. Voilà une pensée qu'on doit attribuer au Saint-Efprit, parcequ'elle n'a rien que de véritable. Le diable qui la découvre dans notre efprit, nous montre en même tems, qu'en pratiquant cette aumône nous pafferons pour charitables; & il nous repréfente cette réputation comme un bien que nous devons defirer, Ceft une lumiere fauffe: car il eft faux que cette répu tation foit un bien qui doive être defiré, Cependant ces deux lumieres, l'une véritable, l'autre fauffe, nous portent à la même action; & quand nous la faisons, il eft incertain quelle est celle qui nous y détermine.

II. Quand on s'apperçoit de ce mélan ge de vraies & de faufles lumieres dans fon cœur, faut-il omettre de fuivre les véritables, dans la crainte de fuivre les fauffes? Non. Il faut fe contenter de renoncer à ces vûes fauffes, à moins que cette même action ne fe puiffe faire enforte que nous y évitions entierement le danger de fuivre les faufles. Mais quand on ne s'en apperçoit pas, il est plus difficile de difcerner le véritable principe de nos actions. Car fouvent c'eft la vanité qui nous porte à ces œuvres, lorfque nous nous imaginons de les faire pour la verité: & c'en eft une grande preuve quand nous fommes froids & fans mouvement, lotfqu'il n'y a que la verité qui nous poufle, & que nous fommes pleins d'ardeur quand il s'y mêle de la vanité, quand nous n'avons aucune inclination aux œuvres qui n'ont que Dieu pour témoin, & que nous en avons beaucoup pour celles dont les hommes font fpectateurs.

Cependant cela n'eft pas univerfel, & il peut arriver que la charité fe ferve ntilement du fecours même de fes ennemis, qui font la vanité & la crainte de déplaire aux hommes. Toutes les regles les plus austeres ont puni par certaines confufions humaines les actions qui bleffoient latégularité, afin que la crainte de coute con

fufion aidât aux Religieux à être plus exacts. Et ce n'eft point une mauvaise pratique quand on veut ferieulement se donner à Dieu, que de s'attacher à lui être fidelle en faifant des démarches qui nous expoferoient à la moquerie du monde fi nous y manquions. C'est au- contraire un fentiment très digne d'une ame chrétienne, que de vouloir bien être l'objet du mépris de toute la terre, fi elle vient à manquer de fidelité pour Dieu en retournant en arriere. Quand on ne fe fert donc de ces vûes des jugemens des homines qu'en cette maniere, ce ne font point ces vûes qui nous conduifent & qui font le principe de nos actions. Ceft la charité & la verité qui s'en fervent pour diminuer

l'effort des tentations.

III. Enfin la verité eft tellement le propre caractere du Saint- Efprit, qu'il n'y a rien qui marque plus fenfiblement fa préfence dans les ames qu'un certain goût pour la verité qui les porte à s'y rendre fitôt qu'on la leur propose, fuivant cette Foan. 8, maxime de l'Evangile : Celui qui eft de Dieu entend la parole de Dieu. Ce goût leur fait difcerner & fuivre la verité en toutes chofes ; il les éloigne de toute duplicité, de tout déguisement,de tout artifice dans leurs paroles & dans leurs actions. Les gens du monde qui fom animés d'un au

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tre efprit, ont de coutume au-contraire de cacher leurs véritables fentimens, comme dit faint Gregoire, & d'ufer d'une infinité de détours & de fineffes pour arriver où ils prétendent. Ils méprifent même ceux qui agiffent fimplement, comme des gens fans adreffe: mais ils ne prennent pas garde qu'ils font eux-mêmes les dupes du diable qui fe joue d'eux en les engageant dans ces conduites artificieu fes, au lieu qu'il eft lui-même le jouet de ceux qui marchent dans la droiture de la verité.

IV. Jefus-Chrift dit que quand le SaintElprit fera venu, il rendra témoignage de lui, & que fes Apôtres en rendront auffi témoignage. Et par - là il nous apprend que les verités de la foi doivent être autorisées par deux témoignages. L'un exterieur qui eft celui des Apôtres. L'autre interieur qui eft celui du Saint-Efprit. Il n'a point voulu dans la voie ordinaire que la foi fût reçue par la feule infpiration du du Saint-Elprit ; il l'a attachée au témoignage des Apôtres. Tout ce que les Apôtres n'ont point enfeigné, n'appartient point à la foi: & ce font eux & leurs fucceffeurs qui jugent du fens des Ecritures. Ceft cette précaution de la Sageffe divine, qui préferve la foi des Chrétiens de toute illufion. Car combien auroit-on pu

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