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& qui aime tout ce que Dien fait, qui aime la juflice, & qui lait qu'il n'arrive rien que de juite, qui a une hunible confiance que Dieu l'a reçûe dans la grace & la veut fauver pour l'éternité, mais qui n'en demande pas une plus grande aflurance que celle que Dieu veut lui don

ner?

II. Cette paix fut accompagnée du don du Saint Elprit, & d'une miffion femblable à celle que Jesus-Chrift avoit reçûe de ton Pere, & qui en étoit une fuite. C'eft ce qui eft marqué dans ces pa.21. roles du Sauveur: Comme mon Pere m'a envoyé, je vous envoye auffi de même. Cette miffion comprenoit, outre le pouvoir d'annoncer l'Evangile, & de remettre & retenir les pechés, une vocation exprefle à cet emploi: car fans cette vocation de Jefus-Chrift, c'eft un crime terrible d'exercer ces minifteres. Quel larcin plus criminel que d'ufurper cette miffion que le Pere a donnée à fon Fils, & que le Fils s'eft réservé de donner à qui il lui plaît, de vouloir malgré qu'il en ait être fon miniftre, & cela, non pour le fervir & pour l'honorer, mais pour s'honorer foi même, & pour faire fervir ce miniftere à fes interêts? C'est l'ufage qu'en font tous ceux qui s'y engagent fans que JefusChrift les y appelle. ils n'ont aucun def

fein de contribuer à la gloire de JefusChrist. Ils ne tendent qu'à fe procurer une gloire toute humaine & des avantages tout humains. Ainfi ils font fervir la plus grande chose du monde à la plus vile, & ils ne prétendent pas feulement acquerir le don de Dieu pour de l'argent, comme Simon le magicien, mais faire 48, 8, fervir le don de Dieu qu'ils ufurpent à ac- 18. querir de l'argent ou d'autres chofes auffi viles que l'argent.

III. Cette miffion des Apôtres eft comprise en ce peu de paroles: Comme mon Pere m'a envoyé, je vous envoie auffi de mê me. Mais ces paroles font le principe de tout ce qui s'eft fait dans la fuite des fiécles par les miniftres de l'Eglife, rien ne s'y faifant qui ne foit l'effet de cette miffion que Jefus Chrift donne à fes Apôtres, & que les Apôtres ont tranfmife à leurs fuccefleurs. Tous ceux à qui les pechés ont été remis n'ont reçu cette grace que par l'efficace de ces paroles. Nous ne pouvons prétendre aux graces des Sacremens qu'en vertu de cette miffion. Enfin tout ce qui s'opere dans l'Eglife par fes miniftres en est l'effet, foit qu'ils ayent légitimement reçu cette puillance, soit qu'ils l'ayent ufurpée. Car elle ne laiffe pas d'operer fur les ames pat les Sacremens qui leur font conferés par des mi

niftres qui ont ravi ce pouvoir injufte ment. L'injuftice de leur furpation n'empêche pas l'efficace des Sacremens de Je fus-Chrift. Elle rend feulement ces mi niftres criminels. Etrange & admirable efficace de la parole de Dieu, bien diffe rente de celle des difcours des hommes, qui pour pompeux & magnifiques qu'ils foient, font fans force & fans effet!

IV. Combien cette miffion que les Apôtres reçûrent, eft-elle plus glorieufe que celle de tous les conquerans dont Dieu s'eft fervi pour faire des changemens dans l'ordre du monde! Car leur ministere peut bien être auffi appelé une miffion de Dieu, & c'eft de Dieu qu'il tire toute la force & toute fon efficace. Mais cette miffion ne fe terminoit qu'à faire périr des hommes & à fonder des empires que d'autres ont détruit depuis. Le miniftere des Apôtres étoit bien d'une autre nature; il étoit deftiné à fauver les hommes & à fonder un empire éternel qui ne fera jamais détruit. Auffi ces conquerans n'étoient pas tant des inftrumens de la mifericorde de Dieu que de fa juftice. Leur miffion n'étoit qu'une permiffion de Dieu qui lâchoit la bride à leur ambition, & qui fe fervoit d'eux comme d'une verge pour punir les hommes, & comme d'un rets pour les enveloper &

feur faire fouffrir les peines qu'ils méritoient. Et ils étoient eux-mêmes deftinés au feu après avoir exercé ce miniftere; parcequ'ils n'y avoient point d'autre vue que de contenter leurs paffions. Mais les Apôtres en recevant l'ordre de fonder cet empire éternel, étoient destinés à être Princes de cet empire, à en jouir les premiers, & à y être élevés à une grandeur qui ne leur fera jamais ravie. Voilà quelle eft la difference de leur miffion d'avec celle de ces ames cruelles & ambitieufes dont Dieu s'eft fervi pour exercer sfa juftice fur les hommes.

V. Jefus-Chrift en envoyant fes Apô- .22 tres leur donna le Saint-Efprit. 11 fouffla fur eux, dit l'Evangile, & leur dit: Receve le Saint Efprit, leur communiquant en même-tems le pouvoir de remettre & de retenir les pechés des hommes. Cela fait voir que le pouvoir de remettre les pechés ne devroit point être séparé du Saint Elprit, & que c'eft un defordre quand on exerce l'un fans avoir l'autre. Les Piêtres font les inftrumens de la rémiffion des pechés, mais ils en doivent être des inftrumens vivans. Ils doivent allumer l'amour dans les cours des autres, par le moyen de celui dont ils doivent eux-mêmes être remplis. Ce doit être un feu qui allume un autre feu. Ce n'eft pas

pêchoit de la croire. Il vouloit s'affuter pleinement de la réalité d'un bien qu'il fouhaitoit ardemment. Jefus-Chrift lu accorda donc ce qu'il demandoit. Il hi montra fes piés, fes mains, fon côté. Il convainquit la défiance, & il l'en reprit avec une douceur admirable, en lui di 27. fant: Ne foyez pas incredule, mais fidelle: No L1 effe incredulus, fed fidelis. Il fit ainfi pour lui feul ce qu'il avoit fait pour tous les autres ensemble; afin de faire voir qu'il auroit fait pour un feul élu ce qu'il a fait pour tous les hommes.

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VII. Comme cette manifestation étoit accompagnée de la part de Jefus-Chrift d'un très-grand amour pour Thomas, elle produifit en lui cette illuftre confeffion de fa divinité, marquée par ces paroles: Mon Seigneur & mon Dieu: DOMINUS meus & Deus meus! Confeffion plus for te, plus nette, plus précise qu'aucune qui eût été faite. Car ces paroles n'expriment pas feulement la penfee & la creance de S.Thomas:elles marquent la foi que Jefus-Chrift vouloit qu'on eût de lui, puifqu'en lui répondant, il déclare heu 29, reux ceux qui croiroient fans avoir vu, ce que Thomas crut aprés l'avoir vu: QUIA vidifti me, Thoma, credidifti: beati qui non viderunt, & crediderunt. On eft donc heureux de croire que Jefus - Christ eft

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Dieu

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