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D'où vient donc que tous ces Juifs ramaffés de toutes les parties du monde en tirerent fi peu de fruit? C'eft qu'il y en avoit peu qui cherchaffent fincerement la verité. Or quand le cœur n'eft point animé d'un véritable defir de connoître la verité, les plus grandes & les plus évidentes merveilles demeurent inutiles & fns efft. Il y eut peu fans doute de tous ces Juifs aflemblés à Jerufalem, qui n'ertendiffent parler de cette merveille; mais il y en eut une infinité qui n'en ayant qu'entendu parler fans en avoir été témoins, ne prirent pas la peine de s'en informer à fond. Il plut à la plupart de la croire fauffe fans examen. C'eft le parti ordinaire de la pareffe & de la préoccupation. On trouve prefque toujours plus court de croire que les chofes font fauffes, que de s'en éclaircir. D'autres qui ne pouvoient fe diffimuler ce miracle, parcequ'ils en étoient témoins, fe formoient un nuage touchant ce qui pouvoit en être la caufe, & en demeuroient là fans enti rer aucune confe quence. Ceft, difoientils, une merveille dont nous ne savons → pas la raifon; & après cet aveu ils laiffoient-là cet examen, & continuoient dans leurs opinions touchant Jefus Chrift. D'autres attribuoient tout cela à l'impreffion d'efprits étrangers, en fup

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pofant que les démons parloient par la bouche des Apôtres. D'autres les accufoient d'être ivres, comme il est mar qué dans les actes. Les plus mauvaises raifons fuffifent à un efprit qui n'eft pas fincere pour le retenir dans fa préoccu pation; & les plus évidentes ne fuffifent pas pour la lui faire quitter. C'est ce qui fait voir la néceffité du don de la foi, dont le premier effet eft de donner à l'a me l'amour de la verité, & de la lui faire rechercher fincerement. Car on ne la recherche que parcequ'on l'aime, & on ne la cherche point quand on ne l'aime point.

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SUR L'EVANGIL

DU

JOUR

DE LA

PENTECOSTE

EVANGILE Jean 14. 23.

tems-là,

E. Nice tems. - là, Jesus dit à fes Difciples: Si quelqu'un m'aime il

gardera ma parole, & non Pere l'ai

mera, & nous viendrons à lui, & nous ferons en lui notre demeure. Celui qui ne m'aime point, ne garde point mes paroles; & la parole que vous avez entendue n'eft point ma parole, mais celle de mon Pere qui m'a envoyé. Je vous ai dit ceci demeurant encore avec vous. Mais le Confolateur, qui eft le Saint-Esprit que mon Pere envoyera en mon nom, fera celui qui vous enfeignera toutes chofes, & vous fera refJouvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laiffe la paix, je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne fe trouble point, & qu'il ne foit point faifi de frayeur. Vous avez oui que je vous ai dit: Je m'en vais,

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je reviens à vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais à mon Pere, parceque mon Pere eft plus grand que moi. Et je vous le dis maintenant avant que cela arrive, afin que lorsqu'il fera arrivé, vous ayez une entiere créance en moi. Je ne vous parlerai plus gueres car le Prince du monde va venir, quoiqu'il n'ait rien en moi qui lui appartienne. Mais afin que le monde connoiffe que j'aime mon Peres

Bf. §. 5.

c'est pour cela que je fais ce que mon Pere m'a ordonné.

EXPLICATION.

I. LA véritable charité est inséparable de l'accompliffement des commandemens, car on ne fauroit aimer Dieu que l'on ne fache qu'il eft ennemi de l'injuftice: Quoniam non Deus volens iniquitatem tu es. Or c'est une manifeste injuftice que de defobéir à Dieu lorfqu'il nous commande quelque chofe. Ainfi quand même on ne pénétreroit pas la raifon & la juftice des commandemens, on voit clairement qu'il eft injufte d'y defobéir dès que Dieu les fait. Il eft clair par là que l'execution de ce commandement de rapporter toutes nos actions à Dieu, n'eft point fi difficile qu'on penfe, & qu'il fuffit prefque pour l'obferver, d'avoir vraiment la charité dans le cœur. Car il fuffic pour cela que le motif d'obéir à Dieu foit le principe de nos actions. Or ceux qui ont véritablement l'amour de Dieu dans le cœur agiflent par ce principe, fans même qu'ils y penfent. Qu'on propofe à un véritable Chrétien une mau vaite action, comme par exemple, un profit qui engageroit fa confcience, il le rejette incontinent; parceque Dieu le

defend. Donc, quand il fait le contraire, ce qui le fait agir, eft que Dieu l'oblige d'agir ainfi. Il eft vrai qu'il y mê' fouvent d'autres vûes; mais ce qui conduit、 & qui forme fa réfolution, c'eft le com mandement de Dieu: & quand toutes ces autres vûes ne fe présenteroient pas, il n'agiroit pas autrement.

II. Ce qui nous trompe fouvent en ce point, eft , eft que nous jugeons du principe de nos actions par nos réflexions & par nos pensées, & que nous croyons qu'elles en font le principe, quand nous les appercevons dans notre efprit. Mais il s'en faut bien que cela ne foit. Car il arrive trèsfouvent que ceux qui rapportent leurs actions à Dieu par des réflexions formelles, n'agiffent point en effet pour Dieu, & que ceux qui ne les lui rapportent pas de cette maniere exprelle, ne laiffent pas d'agir par amour de Dieu. Ce n'eft pas qu'on puiffe agir pour une fin fans l'avoir dans la pensée, mais c'eft qu'on l'y peut avoir de deux manieres fort differentes. Car il y a des pensées expreffes, connues, déclarées; & il y en a de fecrettes & de cachées, dont l'efprit ne s'apperçoit pas par une réflexion expreffe. Or fouvent la penfée qui fait agit, n'eft que de cette derniere efpece.

HI, Et mon Pere l'aimera, & nons vien

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