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cequ'il n'avoit aucun orgueil à combattre, ni aucun amour du plaifir à vaincre. Ainfi l'on peut dire qu'il lui étoit en quel que manière inutile pour lui-même. Mais nous avons au-contraire des maux dont l'humiliation & les fouffrances font les uniques remedes. Il ne faut pas prétendre furmonter l'orgueil qu'en s'humiliant, ni fe détacher de l'amour des chofes du monde qu'en renonçant à leur poffeffion ou à leur ufage. Ainfi ce que Jelus-Chrift nous exhorte de faire par fon exemple, est un remede néceflaire à la guérison de nos maux.Il a fait comme un médecin, qui pour engager un malade à prendre un remede pénible, le prendroit lui-même le premier fans neceffité : & c'est une chofe honteufe aux Chrétiens de refufer de l'imiter au-moins en cela, & de ne vouloir pas faire pour leur propre falut, ce que Jefus Chrift a fait pour les y engager par fon exemple.

VI. Jefus-Chrift étoit incapable d'agit autrement que felon une fouveraine raifon, & par confequent il éteit incapable de rendre injure pour injure en la maniete que les hommes ont coutume de le faire. Ils s'imaginent foulager leur mal, en faifant du mal à ceux dont ils en ont teçu: mais c'est une erreur dont JesusChrift étoit incapable. Les injures d'ail

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notre interêt de les fouffrir; car étant tout pleins de reffentiment & de colere, notre interêt eft de réfifter à ces paffions, & de ne les pas fatisfaire par la plus promte de toutes les vengeances, qui eft celle quife tire par les paroles.

VII. Saint Pierre ajoûte encore que Je23. Chrift, quand on l'a maltraité, n'a point fait de menaces. Les menaces dans les hommes marquent proprement un defir de vengeance pour l'avenir, & une impuiffance de fe venger pour le préfent. On déclare par-là qu'on defire de faire quel que jour ce qu'on n'est pas en état de faire préfentement.: & ainfi elles ne convien nent point à des Chrétiens,qui ne doivent avoir pour leurs ennemis que des pensées de paix & de charité, & que des fouhaits pour leur converfion & pour leur vérita ble bien. Et c'eft pour cela que Jefus Chrift n'a point voulu ufer de menaces, quoiqu'étant le maître & le juge des hom mes, il eût droit de les punir, & par con fequent de les menacer, mais il ne l'a pas voulu faire ; parcequ'étant venu au monde pour nous donner exemple, cet exem ple nous auroit été dangereux. Il a donc renoncé aux menaces auffi-bien qu'à la vengeance, & nous a donné l'exemple d'une patience entiere & parfaite, dont nous ne faurions nous éloigner fans fui

On

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vre nos paffions qui font nos véritables

ennemis.

VIII. Il s'eft livré entre les mains de celui qui le jugeoit injuftement. v. 23.

Ily a felon le Grec, justement, qui femble faire un fens contraire; mais ces deux fens reviennent au même, & font égale ment véritables. Jefus-Chrift s'eft livré à Pilate, aux Juifs, aux démons, & à tout ce qu'il appelle lui-même la puissance des tenebres, qui le jugea très-injuftement. Mais il s'y eft livré en refpectant l'ordre enc de fon Pere, & en reconnoiffant fa puif fance dans ces inftrumens injuftes. Il s'eft de donc auffi livré à fon Pere qui l'a jugé juftement, & qui le regardant comme char gé des pechés des hommes, pour lesquels il vouloit fatisfaire, exerçoit fur lui une fo jufte punition.Jefus-Chrift n'a point fouf fert par contrainte : il n'a point fallu l'y eforcer: il s'eft livré lui-même à la mort & aux fouffrances: il a accepté tous les or dres de fon Pere avec une volonté toute libre. Ceft auffi ce qu'il exige de nous. Il ela veut que le partage des maux qu'il nous deftine devienne volontaire par notre acceptation; que nous nous livrions & à la jultice de Dieu & à l'injuftice des hommes; & que nous rendions les maux les plus néceffaires & les plus inévitables, libres & volontaires par notre confente

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ment & par notre approbation. C'est ce que doit produire en nous l'exemple de l'obéiffance de Jefus - Chrift. Il est bien jufte que s'étant offert pour nos pechés à des tourmens fi demefurés, nous rece vions avec reconnoiffance la petite mefure qu'il nous en laiffe. C'eft un préfent de Jefus-Chrift fouffrant, & fouffrant pour nous. Ce n'est qu'une goute de fon calice, qui n'eft destinée qu'à nous faire connoître foiblement ce qu'il a fouffert pour nous, & à nous rendre participans de fa gloire par l'imitation de fes fouffrances.

IX. C'eft auffi ce que faint Pierre nous dit dans les paroles fuivantes : C'eft lui qui a porté nos pechés en fon corps fur la croix, afin qu'étant morts pour le peché, nous vi. vions pour la justice. Ceft par fes meurtrifju res & parfes plaies que vous avez été gué ris. Il veut dire, que ce que Jefus-Chrift a fouffert nous étoit dû, & non pas à lui; qu'il a porté fur lui-même la peine de nos pechés ; & que nous devions même fouf frir éternellement ce qu'il a fouffert paffagerement. Ainfi ce qui nous refte à fouf frir n'eft qu'une très-petite partie de ce que nous devions fouffrir. Les mérites de Jefus Chrift rendent ces fouffrances temporelles, d'éternelles qu'elles devoient être, & les rendent des remedes, au-lieu

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