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deffus fuffit; on lui fera faire dormant des deux bords fur la vergue, fans trop le ferrer fur le mât, quand le hunier ou le perroquet fera amené fur le ton ce racage fera plus fimple, moins pefant & plus courant que les autres.

On capele à la tête des bas mâts deux poulies de driffe à trois ou deux rouets, pour hiffer les baffes vergues, fur lefquelles on etrope auffi deux autres poulies, pour correfpondre aux deux premieres tout cela eft abfolument inutile ; c'eft un poids confidérable fur la tête des mâts & un trop grand volume qu'il faut totalement fouftraire. On hiffera les baffes vergues avec deux petites caliornes que l'on tiendra toujours parées au befoin, foit pour les amener ou hiffer; & quand les vergues feront hautes & portées par leurs furpentes, on mettra les caliornes à bas ; les deux etropes deffus vergues que l'on éguillette avec les furpentes, étant bien placées au milieu de la vergue, elle en fera bien mieux balancée, & fatiguera beaucoup moins quand il faudra amurer les basses voiles ; ce qui n'arrivera jamais quand il y aura des poulies fur vergues, car il faut nécessairement une certaine distance de l'une à l'autre ; de forte que la vergue n'est balancée que lorsqu'il y a vent arriere.

Lorfque les baffes vergues feront bien balancées fur leurs fufpentes, on amarera les balancines à demeure, les faifant d'ailleurs affez fortes pour qu'en amurant les baffes voiles, elles puiffent fupporter l'effort que l'on fera pour bien roidir les ralingues du vent, avant de haler les boulines. J'ai vu un Vaisseau fi bien gréé, que je fuis obligé

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de le propofer ici pour modele, pour ce qui m'a de meilleur.

paru

Au lieu de capeler deux poulies à la tête des mâts de hune, pour paffer les itaques des huniers, on fait les longis des barres de perroquet un peu plus épais, & larges de façon à pouvoir y pratiquer un pouliot de chaque bord, dans lequel on place un rouet, fur lequel paffera l'itaque; ce pouliot fera couvert d'une garniture de fapin affez haute, arrondie par-deffus, & gougée en deffous, de façon que le cordage y paffe aifément & fans toucher le bois; cette garniture fert d'appui aux capelages des mâts, & empêche que l'eau n'entre dans le pouliot; de cette façon on peut fouftraire deux groffes poulies, & rien ne paroît aux têtes des mâts.

On fera faire dormant aux itaques fur la vergue ; & dans les Vaiffeaux où l'on aura peu de monde (ou en temps de paix ), on pourra avoir une poulie fur vergue, dans laquelle passera l'itaque pour la rendre plus courante.

On pratiquera dans les longis fur l'avant de la premiere barre de perroquet, un petit pouliot à deux rouets de chaque bord, fur lefquels pafferont les cargues-fonds, & les cargues-boulines des huniers; de forte que l'on aura huit poulies de moins fur les colliers d'étai de hune; en avant de ce dernier pouliot fur les longis du grand mât de hune, on en placera un autre à un feul rouet qui fervira à paffer les bras du petit perroquet, qui feront de là leur retour le long de l'étai de hune, à l'ordinaire. Sur l'arriere de la barre de hune qui traverse les longis, en arriere du petit

mât de hune, on placera de chaque bord, fur ces longis, un petit pouliot oblique à un feul rouet, dans lequel pafferont les boulines du grand perroquet.

Les itaques de perroquets, & les perroquets volants pafferont, à la tête de leur mât, dans des clans pratiqués dans les noix qu'on laiffera pour cet effet ; & afin de ne pas trop affoiblir les mâts, on paffera les balancines des perroquets dans une petite poulie capelée pour cela pratiquer d'autres clans que ceux qui fervent pour les itaques; c'est-à-dire, quand on gréra des per

roquets volants.

fans

On pratiquera dans les chouquets des mâts de hune, des clans avec rouets, pour paffer les driffes & les drailles des voiles d'étai; on fouftraira fur les haubans, toutes les poulies de conduite, pour les cargues-point, balancines, & écoutes de perroquets on fubftituera à leur place des coffes ou margouillets.

On fera paffer les bras des perroquets de fougue fur le tenon du grand mât, fa bouline fur le bord de la grande hune, & le bras-baré, au grand trelingage: les bras de mifaine viendront deffous la grande hune, & au pied du grand mât; les faux bras de mifaine fur les paffe-avants.

Lorfque la mature fera plus baffe qu'elle ne l'eft aujourd'hui, on difpofera les étais du grand mât de hune de façon à ne point gêner le mât de mifaine; & pour cet effet, on les fera paffer, l'un à tribord, & l'autre à babord de ce mât, en fixant leurs caps-de-mouton déridés précisément au raz des liures du beaupré, de forte qu'ils ne

fatigueront aucun des mâts, ni les étais de mifaine.

Voilà le principal de notre objet rempli ; & je crois en avoir affez dit pour faire comprendre que l'on pourra, pour le refte, trouver de quoi s'exercer, en diminuant par-tout où on le pourra faire, le volume & le poids; ce qui ne fera certainemeut pas difficile, pourvu qu'on s'y porte avec quelque forte d'attention, & de bonne volonté pour le bien de la chose.

Je ne m'étendrai pas davantage fur un article qui eft fi arbitraire, qu'il eft toujours poffible de trouver mieux à faire.

CHAPITRE XI.

Idées fur la façon de former des Sujets à la Marine & fur la diftribution du Service de l'Officier & de l'Equipage à la Mer

DANS

ANS tous les Vaiffeaux on regle le fervice; mais comme les Ordonnances n'en marquent point la diftribution, les Capitaines difpofent les chofes comme ils l'entendent, & le plus fouvent fuivant l'ufage. On pourroit cependant examiner s'il y a quelque chofe de mieux à faire.

Je n'ai pas affez de préfomption pour me croire en état de donner des principes décidés fur cette matiere qui demanderoit plus de connoissances

'du grand art de conduire les hommes; ainsi je demande de l'indulgence pour ce que l'on trouvera que je hazarde dans ce chapitre où j'expofe mes réflexions fur un objet que l'on peut regarder comme la premiere qualité que doit avoir tout homme qui commande.

La fcience d'un Capitaine ne confifte pas à faire tout par lui-même, comme plufieurs fe le perfuadent; c'est une présomption que d'efpérer d'en venir à bout, où de vouloir perfuader aux autres qu'on en eft capable; d'ailleurs le détail eft la fonction de l'Officier qui travaille immédiatement après le Capitaine, lequel doit feulement conduire ceux qui commandent fous fes ordres, & fe faire rendre compte, après avoir fait choix des fujets pour les employer felon leurs talents. Au refte, fi ceux qui fe montrent par-tout, & dans tous les temps, étoient bien perfuadés de cette vérité, qu'un génie borné au détail n'eft propre qu'à exécuter fous autrui ; je ne fais aucun doute que l'amour propre les retiendroit, & qu'ils trouveroient plus dequoi flatter leur vanité, en agissant autrement; car c'eft elle qui les porte à paroître le plus qu'ils peuvent, dans la perfuafion où ils font que plus on les voit, plus ils en impofent; erreur d'autant plus groffiere qu'il ne leur eft jamais venu dans l'idée, « « que le vrai génie du » commandement dit un Auteur célébre, eft celui qui ne faisant rien fait tout faire, qui penfe, qui arrange, qui invente, & qui eft attentif à ne rien laiffer au hazard; fa plus grande attention étant de bien connoître les hommes qu'il a fous lui, afin de les bien pla

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