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le Monde univerfel, & fe font trouvés ré duits aux emplois très - fubalternes, d'enflammer & de tourmenter les Amans. Ou fi par la faveur de quelque Poëte plus philofophe que les autres, ils font rentrés quelquefois dans l'ordre des Causes, ce n'a été que pour parer de leurs noms & de leurs attributs poétiques, des fyftêmes qui s'expliquoient beaucoup mieux fans eux.

ARTICLE VI.

Théogonie d'Héfiode,

ou JUPITER ET LES TITANS.

HESIODE (felon les Marbres d'Arondel) vivoit dans le Xe fiecle avant J. C. & touchoit aux temps fabuleux. Sa Théogonie, qui comme toutes celles qui l'ont précédée ou suivie, n'est autre chose qu'une Cofmogonie, n'a pu avoir pour matériaux que les idées que nous avons préfentées jufqu'ici (1). Les alternatives du Jour & de la Nuit, les combats d'Oromaze & d'Arimane, ceux d'Ofiris & de Typhon, avec leurs détails, font évidemment l'idée originale qui a produit les combats de Jupiter contre les Titans ; de même que ceux-ci ont amené dans l'imagination des premiers Philofophes, les combats des qualités contraires dans les élémens, & (1) Mosheim ad Cudvorth. 227.

·les efforts de la matiere, qui attire les formes qu'elle n'a pas, & qui repouffe celles qu'elle a.

Le sujet du poëme d'Héfiode eft la naiffance des Dieux, c'est-à-dire, la formation de la Terre, de la Mer, de l'Air, du Feu, de l'Ether, des Aftres & des autres parties du Monde, lefquelles étant animées, selon la plupart des Philofophes anciens, & immortelles de leur nature, ont dû être regardées par un poëte comme autant de Divinités.

« Le premier de tous, dit Héfiode, eft le Cahos (1), & après lui la Terre, dont la large poitrine est l'appui inébranlable des Immortels, qui font placés au-deffous de l'Olympe. Enfuite le Tartare ténébreux, dans les profonds abîmes qui font fous la Terre; & enfin l'Amour, ce Dieu le plus beau des Dieux, qui diffipe les foucis, qui regne fur les cœurs des hommes & des Immortels. >>

Le Cahos eft nommé le premier, parce(1) Vers 116.

qu'il eft le premier état des élémens confondus. Quand les élémens commencerent à fe débrouiller & à fe mettre en ordre, ils formerent d'abord la Terre, laquelle, comme un difque, ou une large table, coupa par fon plan le Cahos en deux parties; l'une fupérieure, que le Deftin accorda aux Dieux immortels, qui s'élevèrent comme par étage jusqu'à l'Olympe ; l'autre inférieure, qui fut le Tartare, gouffre affreux, qui a autant de profondeur fous la Terre, que l'Olympe a d'élévation au-deffus: de forte que la Terre étoit à la fois, & la base de l'Olympe & le couvercle du Tartare.

pas en

L'Amour étoit, même avant que la Terre fe formât; & ce fut lui, felon toute apparence, qui en rapprocha les élémens & qui les lia entr'eux. Mais ce n'étoit core ce Dieu caractérisé, qu'on fit bientôt maître fouverain des êtres & des cœurs. Ce n'étoit guères qu'un effort obscur, qu'un reffort interne, qui agiffoit dans la maffe, qui tendoit à la réunion, & pouf

foit fourdement chaque efpece élémentaire dans le lieu de l'efpace qui lui convenoit.

« Du Cahos fortirent l'Erebe & la Nuit; & du commerce de l'Erebe avec la Nuit, naquirent l'Ether & le Jour.»

Il est inutile d'avertir que ces naissances prétendues ne peuvent être autre chose que le développement fucceffif des parties du Cahos, présentées fous la forme poétique d'actions & de personnages.

« La Terre engendra le Ciel orné d'étoiles, qui l'embrassa elle-même de toutes parts, comme une voûte fphérique, & devint la demeure inébranlable des Dieux bienheureux. Elle engendra enfuite les hautes montagnes, où les Nymphes fe retirent dans les grottes profondes, &c. » Voilà les effets du débrouillement du Cahos.

Mais ce débrouillement n'ayant pu fe faire qu'avec des efforts prodigieux de la Nature, qui éprouva dans toutes fes parties les fecouffes les plus violentes par la contrariété des élémens, ce fut la guerre

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