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rée, de même que Thalès & quelques autres, de la Mythologie Egyptienne, où l'on envisageoit les premiers élémens comme détrempés dans le principe humide. Mais à cette idée il joint les dogmes effentiels, qu'il remontre fans ceffe, avec toute la clarté que la Poéfie a pu lui permettre. Tout eft l'ouvrage de Jupiter, tout lui obéit.

Par le concours d'Orphée, des Myfteres, d'Héfiode, d'Homere, pour ne pas citer d'autres autorités, il eft aifé de juger quels ont été les fentimens des Grecs dans les temps fabuleux. On voit également par-tout une maffe informe, comme fujet primitif, & un principe actif qui forme les parties du Monde, qui les maintient dans leur état, qui les gouverne. Ce principe étoit le Dieu fort, parcequ'il avoit triomphé de tous les obftacles; c'étoit le Dieu artifte, parcequ'il avoit tout organifé felon fes plans; le Dieu bon, parcequ'il avoit fait le Monde meilleur que le Cahos; le Dieu jufte, parcequ'il récompenfoit le bien

& puniffoit le mal. Voila ce qu'ils favoient.

Ce Dieu étoit-il avant le Cahos, ou le Cahos avant lui? Avoient ils été tous deux de tout temps, l'un comme ame, l'au tre comme matiere ou autrement? Dieu avoit-il formé le Monde felon fes deffeins, ou le Monde s'étoit-il formé lui-même par des lois méchaniques? Ces queftions, & d'autres du même genre, reftoient dans le vague de leur imagination, avec les idées de fort, de deftin, d'espace sans bornes, d'éternité, d'être en général, de néant &c. lefquelles n'ont pris à la fin quelque efpece de corps ou de confiftance, que par l'opiniâtreté de la métaphyfique à s'en occuper. C'eft, je crois, perdre le temps, que de chercher dans des fiecles fi obfcurs & fi reculés, des idées précises, que nous pouvons à peine faifir dans nos contemporains. Nous difputons tous les jours, & nous ne fommes point d'accord, fur les spéculations de Descartes, de Malebranche, de Leibnitz, &c. nous difputons fur des faits de notre propre Histoire, fur des faits de

nos jours, fans pouvoir quelquefois parvenir à la vérité; & nous pourrions nous flatter de rendre compte au jufte des penfées métaphyfiques d'Orphée, de Zoroaftre, de Confucius, dont nous ne favons pas la langue, dont nous n'avons point les textes? Tenons-nous-en-aux gran. des maffes, qui fe font défendues par ellesmêmes contre les imaginations humaines & contre le temps: c'en eft bien affez pour nous. Les anciens Grecs connoiffoient un Dieu, puiffant, bon, juste, regnant fur tout, par lui ou par fes miniftres. A cette vérité, ils joignoient la croyance d'une autre vie, qui étoit établie par les prieres pour les mourans, par les expiations pour les morts, par le culte des mânes, par les idées de Tartare & des champs Elifées. Ainfi ils avoient les deux points fondamentaux qui fervent de base à la religion & aux lois. Ces notions, il eft vrai, étoient mêlées de nuages, d'idées fauffes, de contradictions; mais où ce mêlange ne fe trouve-t-il point, quand les notions ont été

maniées long-temps par les hommes, & qu'elles ont des faces évidentes, & d'autres obfcures? Les Philofophes ont travaillé fur ce fond, pour le nettoyer & pour l'éclaircir; mais fouvent ils ont pris le change eux-mêmes, ou ils ont paffé le but, On va le voir dans ce qui fuit.

SECONDE ÉPOQUE.

IDÉES DES PHILOSOPHES GRECS SUR LES CAUSES PREMIERES.

Cette Époque fera partagée en quatre fections, où on préfentera le fond des fyftêmes de la Philofophie Grecque avec les pensées de fes premiers chefs, & les différentes formes que les différentes Écoles ont données à ces mêmes pensées.

SECTION I.

PREMIERES PENSÉES DES PHILOSOPHES GRECS SUR LES CAUSES..

ARTICLE I.

Coup d'œil général des Syftêmes..

EN
N présentant jusqu'ici les opinions des
Chaldéens, des Perfes, des Egyptiens, des

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