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taires de cette science, demander les arrêts du fort, dont on leur croyoit l'intelligence & la clé. Voilà en deux mots l'hiftoire de la Philofophie, ou plutôt de la Théologie des Chaldéens. L'erreur commença par la diftinction fi naturelle de la lumiere & des ténebres la fuperftition & l'intérêt firent le reste. (1)

Cependant, & il eft effentiel de le dire ici, les Savans conviennent affez unanimement, qu'il y avoit, felon les Chaldéens, au-deffus de cette lumiere opposée aux ténebres, une autre lumiere, principe unique, feul Dieu fuprême, qu'ils appeloient Lumiere incréée, Lumiere par excellence, pour la diftinguer de cette autre substance fecondaire, qui figuroit avec les ténebres.

On ne me demandera pas, je crois, des explications détaillées de la maniere dont les anciens Chaldéens développoient ces dogmes, & les concilioient les uns avec les autres. On fait que tous les monumens de l'antiquité profane font trop modernes (1) Voy. Stanlei & Bruker.

pour

pour nous en fournir. Nous pouvons feufement dire en général que l'idée fi naturelle de l'unité, qui s'eft confervée dans tout l'Orient, & qui y a décidé de la forme des gouvernemens, toujours monarchiques dans cette partie du Monde, a dû se conferver chez les Chaldéens plus qu'ailleurs, à caufe du voifinage des Hébreux, auxquels ils touchoient. Si les Perses, qui étoient plus éloignés des Hébreux, admetoient, outre les deux principes fecondaires, un conciliateur fuprême, maître des deux autres, comme on va le voir; à plus forte raifon doit-on faire honneur de ce dogme fi sensé à cette portion de l'Afie qui a eu dans les commencemens la plus grande réputation de fageffe & de piété.

C

ARTICLE IV.

Dogmes des Perfes fur les Caufes premieres. (1)

LES

ou OROMAZE ET ARIMANE.

Es Philofophes de cette nation fe nommoient Mages; nom qu'on a donné auffi quelquefois aux Chaldéens, quoique moins proprement. Ce mot fignifioit, savant, prêtre, théologien ; parceque les Mages étoient à la fois philofophes, théologiens, facrificateurs. Ils étoient fi refpectés chez les Perfes, que nul roi ne pouvoit monter fur le trône, fans avoir auparavant pris leurs leçons. (2) Lorsque le prince destiné à regner avoit atteint l'âge de quatorze

(1) Le pays des Perfes s'étendoit à l'orient de la Chaldée, le long du golfe Perfique, & s'alongeoit vers le feptentrion, à des distances qui ont varié

felon les temps.

(2) Rex Perfarum non poterat effe, qui non ante magorum difciplinam fcientiamque percepiffet. Cic de Div. I. 41.

ans, on lui donnoit quatre maîtres ; le plus fage de l'empire, le plus jufte, le plus fobre, & le plus brave. Le premier lui enfeignoit la magie de Zoroastre (1), c'est-à-dire, ce qui concernoit les Dieux, leur culte, & les principes de l'art de gouverner. Que lui enfeignoit-il fur le premier article, qui eft ici notre seul objet?

Les Mages, felon Diogene Laërce, (2) reconnoiffoient deux principes; l'un bon, qu'ils appeloient Oromaze, & l'autre mauvais, Arimane. Plutarque leur attribue la même doctrine dans fon Traité d'Ifis & Ofiris (3), où il prouve, par l'énumération, que les Sages de tous les pays ont connu deux principes, ou, comme dit Amiot, deux Dieux de métier contraire ; & que chez les Perfes, le bon étoit Oromaze, & le mauvais, Arimane. Cependant entre ces deux noms, on en trouve un troisieme,

(1) Plat. Alcib.
(2) L, L. feg. 8.

(3) Pag. 369. D.

Ca

Mithras, qu'on traduit ordinairemenr par celui de médiateur.

Avant que d'examiner quelle étoit la nature de ces Dieux & leurs fonctions dans l'Univers, il eft néceffaire de s'accorder fur leur nombre, & de favoir fi Mithras, Oromaze & Arimane étoient effectivement trois principes féparés; ou fi Mithras & Oromaze n'en faifoient qu'un; de maniere que l'un des deux ne fût qu'une émanation, un écoulement de l'autre.

Les deux Auteurs qu'on vient de citer, femblent nous mettre sur la voie, lorsqu'ils font entrer les Perfes dans la lifte de ceux qui n'admetoient que deux principes. Il falloit donc que Mithras & Oromaze n'en fiffent qu'un. Lequel des deux étoit principe de l'autre? Mithras, fans doute. Plutarque, en commençant le récit de la Fable mystique des Perfes, nous dit qu'Oromaze & Arimane font nés, l'un de la Lumiere la plus pure, l'autre, des Ténebres. Puifqu'il n'y a chez les Perfes, que deux Dieux, qu'on dit être nés tous deux,

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