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& qué d'un autre côté, on ne dit point que Mithras foit né, il s'enfuit évidemment que Mithras ne peut être que le principe ou le pere d'Oromaze.

Selon Hefychius, Mithras étoit le premier des Dieux chez les Perfes (1). Mihr, felon quelques Interprêtes, fignifie grand, maître unique. On cite une infcription où Mithras eft nommé le Dieu invincible : Deo foli invicto Mithra. (2) Il y en a une autre qui le fait tout-puissant: Omnipotenti Deo Mithra. (3) De ces autorités, auxquelles on pourroit en joindre un grand nombre d'autres, on peut conclure que Mithras étoit chez les anciens Perfes ce que Lumiere incréée étoit chez les Chaldéens, & Dieu chez les Hébreux.

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Quand on dira que ces infcriptions font en l'honneur du Soleil, il n'en résultera point de conféquence contraire à celle que nous tirons, puisque rien n'empêche le Soleil ne foit devenu avec le temps,

que

(1) Ο' πρώτο.
(2) Ezech. Spanheim

ad Jul. Cæf. pag. 144.

(3) Grut. p. 34, nh, 62

maffe informe, un cahos, mêlé d'eau, de terre, de ténebres, &c, 2.° Autour ou audeffus de cette maffe, une fubstance lumineufe, qui s'étendoit à des distances indéfinies. Il faut fe fouvenir de ces deux idées fondamentales, qui fe retrouveront toujours dans tous les fyftêmes qu'on verra ci-après.

Ces deux idées étant pofées, il étoit naturel que l'imagination des Chaldéens se peignît la Divinité comme regnant au milieu de l'espace lumineux: c'est l'idée que nous nous en faifons nous-mêmes encore aujourd'hui. Ils allèrent plus loin: ils donnèrent à Dieu le nom de cette lumiere ; ils l'appellèrent, Feu principe, Feu intelligent, Splendeur éternelle; dénominations figurées, qui ne devoient être employées qu'avec des modifications & des reftrictions que probablement les Chaldéens cefferent d'y mettre, lorsque la pureté des idées primitives fe fut altérée dans leurs. efprits. S'ils prirent le change dans cette matiere fi délicate, du moins choisirent-ils

l'image qui fembloit approcher le plus de l'immatérialité : celle que Dieu confacra lui-même dans la fuite, lorfqu'il apparut à Moïfe, fous la forme d'un buiffon ardent, lorsqu'il marchoit à la tête de son peuple, fous la forme d'une colonne de feu; enfin lorfque dans fon tabernacle, il inftitua le feu facré, pour être l'image fenfible de fa préfence & de fon action.

A l'idée de cet Être-lumière, les Chaldéens attachèrent tous les attributs qui appartiennent à la Divinité. Il étoit éternel, tout-puissant, infiniment fage, infiniment bon; c'étoit lui qui, par un choix libre de fa volonté, avoit formé le Monde; c'étoit lui qui le gouvernoit par fes décrets (1): en un mot, comme le dit un oracle de Zoroaftre, cité par S. Juftin & Eufebe, les Chaldéens avoient fur la Divinité, la même doctrine & les mêmes idées que les Hébreux. (2) Voilà donc un premier

(1) Diod. Sic. L. 2. (2) Par. ad Gent, & Demonit. Ev. 3. Soli Chal

dei fortiti funt & Hebræi, purè colentes Deum regem per fe genitum.

principe d'activité & de bonté, reconnu par les plus anciens Philofophes du monde.

Le spectacle des maux qui affligent la nature, & dont le sentiment est si vif dans tous les hommes, leur en fit bientôt chercher un fecond. Comment attribuer à un Être infiniment bon, tant de chofes qui semblent mal dans l'ordre physique, & qui le font en effet dans l'ordre moral? Car l'objection eft de tous les temps.

Les Ténebres, qui par elles-mêmes infpirent l'horreur & la crainte, & dont par conféquent la notion eft mêlée de puiffance & de malignité, leur parut un dénouement aussi heureux que fimple. Comme ils avoient attaché à l'Etre-lumiere toutes les notions du bon, ils attachèrent à l'Etre-tenebres toutes les notions du mauvais. Moïfe, parlant de la lumiere & des ténebres, leur avoit affigné à chacune, dans l'efpace, un domaine féparé: Divifit lucem & tenebras. De ce fonds donné, ils firent deux maffes de fubftances contraires, deux genres de caufe qui, marchant en

Tens contraire dans la Nature, montroient l'empreinte de leur activité dans tous les êtres, où il paroiffoit un mêlange de bien & de mal.

Cette duplicité de principes métaphy❤ fiques fembla fe confirmer par ce qu'il y a de plus fenfible dans toute la nature, par le jour & par la nuit. Le foleil roi de l'un, la lune reine de l'autre, marquèrent nettement les deux empires. Bientôt on fit de ces deux aftres deux Dieux, qui eurent leurs temples, leurs autels, leur culte.

La même divifion fe porta fur les planetes, auxquelles on attribua un pouvoir bien ou mal-faifant, felon les caracteres qu'on crut remarquer dans la couleur & les degrés de leur lumiere. Enfin on alla jufqu'à imaginer que les phafes, les afpects réciproques, les levers, les couchers, les rencontres des corps céleftes, étoient le livre de l'avenir. On inventa un art pour interprêter les pronoftics du bonheur & du malheur; & on vint en tremblant, l'or à la main, aux pieds des prêtres, dépofi

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