Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ileft encore une autre voie que les appels comme d'abus pour se pourvoir contre les jugemens, même en dernier reffort, des Tribunaux eccléfiaftiques, c'est la requête civile; ies cas dans lefquels. on peut recourir à cette voie font difertement énoncés dans les articles 34 & 35 du titre 35 de l'ordonnance de 1667. Voyez le Livre des Loix Eccléfiaftiques de M. de Héricourt, premiére partie, chap. 25. Ce fçavant Jurifconfulte s'explique avec tant de jufteffe & de précifion für cette matiére qu'il traite à fond, que l'on ne pourroit que redire ici ca qu'il a déja dit.

CHAPITRE II.

Des limites de la Puiffance des Rois fur les matieres de la Religion.

MAXIME I.

L n'appartient pas aux Princes temporels de connoître & juger des matiéres qui concernent le dogme.

Les Rois, & finguliérement ceux de France, font protecteurs & défenfeurs de la Religion dans leurs états. Ce droit de défense & de protection s'étend à rendre des ordonnances , pour que - leurs fujets fe foumettent aux décifions que l'Eglife a jugées vérités de foi; ce droit leur donne encore celui de décerner des peines temporelles, pécu niaires ou corporelles, contre ceux qui ne se soumettent pas à ces décisions, ou qui enfeigneroient le contraire; ce font là les limites de la puiffance de nos Rois en matiere de Doctrine; il y auroit excès, s'ils les étendoient au-delà,

Le monde Chrétien eft gouverné par deux Puiffances; & tel eft le partage que

Dieu en a fait. Les Princes gouvernent en fon nom & fous fes ordres immédia tement le temporel; les Miniftres de fes autels gouvernent le fpirituel, ils font établis par Jefus-Chrift les difpenfateurs des Mysteres de la Religion, & le S. Efprit les guide dans l'adminiftration de l'Eglife: Per Jefum-Chriftum accepimus gra tiam & Apoftolatum ad obediendum fidei in omnibus gentibus. (a)

Nulle confufion entre les deux Puiffances l'ordre de Dieu y régne: elles font fouveraines également dans ce qui eft de leur miniftere.

Les Eccléfiaftiques doivent donc fe foumettre aux loix des Princes pour tout ce qui concerne le temporel, de même que pour les chofes qui regardent la foi & la morale, les Princes doivent reconnoître l'autorité des loix de l'Eglife.

Si les Princes mettoient la main à l'encenfoire, & que fans être revêtus du caractere auguffe qui donne le pou voir de difpenfer les chofes faintes, ils vouluffent préfider dans le Sanctuaire cet ordre divin pour lors feroit troublé, la fociété des hommes qui ne doit for

(a) Roman. 1°. so.

mer. qu'un corps, & dont chacun doit être membre,feroit défunie; car cette fociété ne pouvant fubfifter que par l'accompliffement des devoirs réciproques, de ceux qui la compofent, & ces devoirs n'étant autre chofe que les fonctions propres de l'état de ceux qui font partie de ce corps, le défordre, la défunion feroient une fuite néceffaire, ou de la négligence de faire les fonc tions de fon état, ou de l'entreprise que l'on feroit fur celles d'un autre état. Le Monarque, en qui réfide la plénitude & l'unité du gouvernement temporel, doit décider de la guerre ou de la paix ; il doit la fûreté à fes fujets, contre les entreprises des ennemis, il doit veiller. pour que la juftice foit également rendue à tous; il doit principalement maintenir la Religion, parce qu'elle eft le fonde ment de la fociété des hommes ; il doit fes foins pour que les chofes qui peuvent contribuer aux commodités & aux néceffités de la vie, abondent dans fes états. C'est-là en quoi confiftent les fonctions de celui qui a le fuprême gouvernement dans le temporel; imo vero dit M. de Marca, Apoftolus gladio Principem accingit ad fcelerum vindic

[ocr errors]

,

şam non ad fidei canones fanciendos. (a) Les Miniftres de l'Eglife d'un autre côté doivent difpenfer les myfteres facrés, il eft de leur reffort de juger ceux qui en font dignes ou indignes, ils doivent ouvrir les divines Ecritures, annoncer ce qu'elles contiennent, les interpréter, & comme l'efprit de la Religion, qui doit être auffi celui qui les anime demande des hommes l'union des cœurs & un amour entre-eux égal à celui que chacun d'eux a pour foi-même ils doivent nous infpirer par l'exemple d'un détachement de foi-même, par un un amour fincere pour les autres, tout ce qui peut nous remplir de cet efprit; ils doivent enfin nous montrer la voie du fouverain bien, & nous apprendre ce qui peut nous y conduire.

Des fonctions fi différentes en ellesmêmes, & par rapport à leur objet, ne peuvent être de différent état; par que conféquent, pour maintenir l'ordre qui peut feul donner la paix & la tranquillité à laquelle tous les hommes & chacun d'eux afpirent naturellement; il eft de toute néceffité que ces fonctions ne foient exer

(a) Concord. Sacerd. & imper. l. 2. cap. 4o,

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »