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Telles, que leur piété, leur zéle pour Eglife, & pour la tranquilité des confciences de leurs fujets, les obligent d'établir. Elles ont encore pour objet de protéger la religion, & d'en maintenir l'exercice libre dans leurs Etats, en faifant exécuter & obferver les loix de fes Miniftres.

Un canon du Concile de Paris (a) tenu fous le régne des deux Rois Louis & Lothaire, établit dans les termes les plus précis l'autorité des deux puiffances dans le gouvernement de l'Eglife; tel eft le partage qu'il en fait entre elles. Principes faculi non nunquam intrà Ecclefiam poteftatis adepta culmina tenent, ut per eandem poteftatem difciplinam ecclefiafticam muniant. Ceterum intrà Ecclefiam poteftates neceffaria non effent, nifi ut quod non prævalet Sacerdos efficere per doctrina fermonem, poteftas hoc impleat per difciplina terrorem. Sapè per regnum terrenum, cælefte regnum proficit: ut qui intrà Ecclefiam pofiti contrà fidem & difciplinam Ecclefia agunt, rigore Principum conterantur, ipfamque difciplinam quam Ecclefia humilitas exercere non prævalet, cervicibus fuperborum poteftas principalis im

(a) En 846€

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ponat : & ut venerationem mereatur virtu tem poteftatis impertiat. Cognofcant Principes faculi Deo debere fe rationem reddere propter Ecclefiam quam à Chrifto tuendam fufcipiunt: nam five augeatur pax & difciplina Ecclefia per fideles Principes, five folvatur, ille ab eis rationem exiget, qui eorum poteftati fuam Ecclefiam credidit. a)

Les Prêtres ont la parole de la doctrine, & les I rinces, comme protecteurs & Magiftrats, ont la terreur de la difcipline.

Mais il faut diftinguer deux fortes de difcipline, l'une qui dépend d la doctrine de la parole, & l'autre de la terreur de la difcipline. Toutes les parties de cette premiére qui ne regardent que l'administration de la parole, & des faints Myfteres, font du reffort des Prêtres; au contraire, tout ce qui eft indépendant de la doctrine, ou qui en étant dépendant, ne peut être exécuté ni maintenu par a paro e, regarde cette feconde efpéce : & comme dit le Canon, lä terreur de la difcipline qui eft le partage des Princes, doit fuppléer à ce que ne peut la doctrine de la parole.

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(a) Dans Ifidore, lib. 3°. Sententiarum, de fummo bono. c. 53. & inféré dans le Decret de Gratien, c. Principes 20°. Cauf. 2.3. q• S☀

M:

M. de Marca diftingue également deux fortes de discipline, l'une qui dépend entiérement du miniftere Sacerdotal, & qui eft dans l'ordre des chofes fpirituelles, & l'autre par laquelle fe fait la police extérieure de l'Eglife, & qui eft du reffort des Princes temporels. Cum autem, dit ce grand Prélat, de confirmatione Decretorum à Conciliis editorum agitur diftinguenda funt ea que fidem refpiciunt ab iis que de difcipliná feruntur. Vis enim eorum qua fidei controverfias ex fcripturis & antiquá traditione dirimunt, non à Principum fed ab Epifcoporum auctoritate pendet; quibus folis pafcendas oves non autem Cafari, Chriftus commifit. Quare folis Epifcopis datum eft ut de jure cognofcant fcilicet an opinio controverfa inter harefes recenfenda fit. Princeps verò res jam decifas auctoritate fud : tuetur, & paras excommunicationis aut regradationis ab Ecclefiâ irrogatas facularibus pænis intendit, fcilicet multis pecuniariis, aut exilio & relegatione, vel etiam ultimo Supplicio.

Quod attinet ad Canones, qui non quidem de fide aut Sacramentorum ritibus, fed de reliquâ difciplina feruntur, quia legum perpetuarum vires obtinere debent & Clericorum, imò etiam fapiffimè Laïcorum perfonas refpi

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ciunt, ex quibus reipublice corpus componi tur, novamque aliquando difciplina formam conftituunt: quam plurimi Principum inureft, ut ea decreta maturè difcutiant, antiquam eorum executionem publicam & forenfem lege fuá indulgeant, ne fortaffis aut pu blica utilitati, aut tranquillitati adverfentur: que neceffaria eft ut per omnes imperii Provincias exe utioni tradi poffint, & fi qui contradicant auctoritate publica coercean tur. (a)

la

Ainfi, fuivant l'efprit du canon doctrine eft indépendante de la puiffance des Rois; nous croyons l'avoir démontré dans la maxime précédente: cette partie de la difcipline qui concerne l'adminiftration des Sacremens & des faints Myfteres, l'eft également en foimême. Mais, comme dit M. de Marca, toutes les autres parties de la difcipline font du reffort des Princes, & il leur importe beaucoup d'en prendre connoif fance.

En effet, les loix, les réglemens de cette discipline ne font que d'inftitution humaine, & alors ils ne peuvent être publiés dans l'Etat, qu'autant qu'ils font

(b) Concord. Sacerd. & imp. lib. 2o. cap, re®,

acceptés du Prince, & revêtus de for autorité:comme Magiftrát politique, la Prince ufe de ce droit, parce qu'il eft. également de fon intérêt que ces loix he troublent point l'ordre public, & ne portent aucun préjudice aux droits de fa Couronne comme protecteur & dé fenfeur de l'Eglife, ce droit lui eft pareillement dévolu, parce qu'il doit veiller à la confervation de la foi, à la pureté de la morale, & à l'observation des faints canons. En cette derniere qualité, il est encore de fon miniftere de faire observer ces réglemens, & de fuppléer par la ri→ gueur de fes ordonnances, aux peines purement fpirituelles & médicinales l'Eglife peut impofer à ceux qui ne fe foumettent pas; & c'est en quoi confiste la terreur de la difcipline.

que

Le Prince donc fait usage de la terreur de la difcipline en quatre occafions différentes.

PREMIEREMENT. En établissant des peines pour punir ceux qui étant dans l'Eglife agiffent contre les loix & la difcipline de l'Eglife.

De-là, tant d'exemples de la connoiffance que les Empereurs & nos Rois ont

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