éclaire: l'ignorance des fiécles paffés, bien plus encore que leur corruption, a caufé tous les maux qu'ont fouffert l'Eglife & l'Etat, c'eft elle qui a allumé la difcorde entre ces deux Puiffances dans le douzième & le treiziéme fiécles. La connoiffandonc & l'étude des droits du Prince, de ceux de l'Eglife & de leurs limites; eft de tous les moyens le plus propre pour les faire régner & gouverner d'intelligence.

Les Prêtres doivent être fçavans, & l'objet principal de leur fcience font les Saintes Ecritures & les régles de la conduite des mœurs. Ils font la lumiere du monde, ils doivent l'éclairer

par leur doctrine, & empêcher que l'erreur ne féduise l'esprit & ne corrompe le cœur. Ils font le fel de la terre, & ils doivent édifier par la pureté de leur vie, par la droiture de leurs intentions, par le plus vifamour pour la juftice, par le plus grand défintéreffement › par la pratique de toutes les vertus chré tiennes. Mais lés Prêtres que premiers Pasteurs établissent Juges, ceux avec lefquels ils partagent, pour ainsi dire, l'honneur & la follicitude de l'Epifcopat, doivent encore être Îça vans dans les Pratiqués anciennes & modernes de l'Eglife; ils doivent une étude particuliére aux Canons, aux Loix du Prin

lés

ce, aux Coutumes des lieux; ils doivent s'inftruire de la Jurifprudence des Cours fupérieures fur les matiéres Canoniques & Bénéficiales.

Dès-lors, ces Prêtres établis pour exercer la Jurifdiction de l'Eglife, en foutiendront les droits fans entreprendre fur ceux du Souverain; la cupidité & tout intérêt humain céderont en eux à l'amour de nos précieufes Libertés. Dès-lors, ces Juges marcheront d'un pas affuré, même dans les matières les plus délicates; ils ne formeront plus de doutes, ni d'opinions incertai nes fur des points décidés, foit par les Loix, foit par l'usage; ils connoîtront le danger de cé

der trop aifément à l'autorité des préjugés. Dès-lors, enfin, on verra le Confeil du Prince, & fes Parlemens, plus occupés à défendre les Jugemens des Cours d'Eglise, qu'à les réformer.

Quel étoit le but de M. de Marca, (a) de M. Boffuet, (b) de Fevret, du Préfident le Maître (c) & de Meffieurs Pithou & Dupuis,(d) dans les écrits favans que

ces Grands Hommes ont donnés au Public? Rechercher avec fcrupule les bornes qui limitent la Jurifdiction des deux Puiffances; montrer par des raisonne

(a) Concord. Sacerd. & Imp.

(b) Deff. decl. prop. Cleri gall. &c.
(c) Traités de l'abus.

(d) Comment. fur les Lib. de l'Egl. Gall.

mens folides que l'abus qu'ellés pourroient en faire, seroit une fource de défordre & de trouble dans l'Etat, établir des principes incontestables, donner des régles fures pour empêcher les entreprises réciproques de la part de ces deux Puiffances. Leurs vues ne pouvoient porter fur un objet ni plus haut, ni d'une utilité plus grande; c'étoit de rétablir pour toujours entre ces Maîtres du monde, la bonne intelligence & l'union, que haine & l'envie de leurs Offciers & de leurs Miniftres avoient troublés.

la

Ces Hommes illuftres étoient en effet fi fçavans dans l'Hiftoire Sainte & Profane de tous