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examinée. Et, pour s'accoûtumer à cela, chacun ne peut mieux commencer, que par ce qui fe paffe en luy-méme, & par l'examen de toutes les idées qu'il a de l'Ame & du Corps. C'eft ce que j'ay effayé de faire en mon particulier : j'ay tâché de recueillir dans les fix Difcours qui fuivent, tout ce que l'on a befoin d'observer touchant ces deux chofes; & fur tout ce qui peut fervir à les bien difcerner l'un de l'autre.

Dans le premier, j'examine les notions que nous avons en general des Corps & de la Matiere, de la Quantité, des Qualitez, du Lieu, du Repos, du Mouvement, du Vuide, & de la Forme; pour faire voir ce que l'on doit entendre par tous ces termes, qui font tout l'embarras de la Physique ordinaire.

Dans le second, j'examine les changemens que je connois dans la Matiere; & j'explique tous ceux qui regardent la Quantité, la Qualité, & la Forme par lemouvement local: ce qui fait voir qu'il n'est pas besoin d'en admettre d'autre. ·

Dans le troifiéme, j'explique le mouvement des machines artificielles, & celuy des machines narurelles par une même caufe ; & je dis quelle eft cette cause, à ne confiderer que les Corps.

Dans le quatrième, paffant au-delà des Corps, je parle de la Premiere Caufe du mouvement, faifant voir qu'aucun Corps, ni aucun Esprit créé, pour excellent qu'il soit, n'eft la veritable caufe d'aucun mouvement, & n'en peut être que l'occasion.

Ce qui me donne lieu d'examiner dans le cinquième, en quoy confifte l'union de l'Ame & du Corps, & comment ils agiffent l'un sur l'autre.

Enfin dans le fixiéme, apres avoir fait connoître ce que nous devons entendre, par ce que nous appellons nôtre Ame, & par ce que nous appellons nôtre Corps, je tâche de faire bien diftinguer l'un de l'autre, & même de montrer que l'on eft bien plus affuré de l'existence de l'Ame, que de celle du Corps.

En ce dernier Difcours, pour parler avec moins d'incertitude, je commence à ne plus parler, que de ce que je reconnois en moy. J'examine le plus précisément qu'il m'est poffible, toutes les operations qui dépendent de mon Ame, celles qui dépendent de mon Corps, & celles qui refultent de leur union : croyant qu'il ne fera pas difficile à tout homme de bon fens de démêler toutes chofes en foy-même, & de voir ce qu'il doit juger 1. de foy, 2. des autres hommes, 3. des bêtes.

Je n'ay pourtant pas traité ces deux derniers Points; & quoyque le partage du fixiéme Discours en promette l'explication, quelques confiderations m'ont empêché de la faire. Elles pourront ceffer, & me permettre de donner un jour ce que je retiens à préfent: mais il me femble que,pour peu que l'on faffe de reflexion fur ce que j'ay dit, on pourra facilement fuppléer ce qui me reste à dire,

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O

DISCOURS.

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1

N fçait qu'il y a des Corps, & que le nombre en eft prefque infiny. On fçait auffi qu'il y a de la Matiere: mais il me femble que l'on n'en a pas des notions affez diftinctes, & que c'eft de là que viennent presque toutes les erreurs de la Physique ordinaire...

A

Ainfi je me perfuade que le meilleur moyen d'y remedier, eft de bien démêler cette confufion, & d'éxaminer précisément ce que l'on doit entendre par les corps & la matiere.

par

LES CORPS font des fubftances étenduës. 1. Comme il y en a plufieurs, l'étendue de chacun doit être terminée; & ce terme eft ce que l'on appelle figure.

2. Comme chaque corps n'eft qu'une même substance, il ne peut être divifé: fa figure ne peut changer; & il ́est fi necessairement continu, qu'il exclud tout autre corps; ce qui s'appelle impenetrabilité.

3.

Le rapport, que les corps ont entr'eux par leur fituation, s'appelle le lieu.

4. Quand ce rapport change, on dit que les corps, à l'occafion defquels ce changement arrive, font mûs, ou (ce qui est la même chose) qu'ils font

en mouvement.

5. Et, quand ce rapport continuë, on dit qu'ils font en repos.

LA MATIERE est un affemblage de corps. 1. Chaque corps, confideré comme compofant cet affemblage, eft ce qu'on appelle proprement une partie de la matiere.

...

2. Plufieurs de ces corps confiderez enfemble, & féparément de tous les autres, font ce qu'on peut appeller proprement une portion de matiere.

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