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qu'elles ébranlent toutes les parties entre lefquelles elles font engagées, & les font bouillir pele-mêle. Ce qui dure autant de temps, qu'il en faut à ces liqueurs, pour s'infinuer dans tous les pores des mas·fes ; & voilà ce qui arrive à la chaux vive, quand on y verse de l'eau.

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Quelquefois auffi la matiere fubtile eft caufe, que deux liqueurs, qui nous refroidiffent les mains, avant que d'être mêlées, nous brûleroient, si nous y touchions, quand on les a verfées dans un même vaiffeau; & cela arrive toutes les fois que l'une des deux liqueurs a les parties faites de forte, qu'elles fe peuvent infinuer entre les parties de l'autre, fans laiffer entr'elles, que ce qu'il faut d'espace à la plus subtile matiere. Car, dés le moment qu'elle les entoure, elle leur communique fon mouvement, les échauffe, & les fait bouillir.

C'est de cette maniere que le fang s'échauffe dans le cœur de l'homme : car, comme il ne chaffe pas dans les deux arteres, à chaque diastole, tout le fang, dont il eft plein, & qu'il en refte toûjours dans fes cavitez, dont les particules s'attenuënt par la demeure qu'elles y font; le nouveau fang, qui y tom be des deux veines, ne s'y peut mêler, fans s'élever incontinent, à caufe que les parties qui étoient restées dans le cœur, s'infinuant entre celles qui y furviennent', il ne reste entr'elles, que la plus fubtile matiere, qui les échauffe fi vîte, & fi à propos, que le cœur venant à fe comprimer, fait qu'elles entrent avec effort dans les deux arteres, dont elles pouffent

tout le fang jufqu'aux extrémitez du corps. Ce qui ne fe peut faire, fans qu'il entre du fang des arteres dans les veines, à caufe de la communication qu'elles ont ensemble; & fans que le fang, qui entre dans les veines par leurs extrémitez, repouffe tout le fang dont elles font pleines, vers le cœur. Or, pendant que ces choles le font, un peu de fang resté dans le cœur s'attenue & fe fermente, pour exciter celuy que les deux veines y laiffent tmber.

Ainfi, l'action du cœur continuë: il envoye toûjours du fang chaud aux extrémitez, qui repouffe celuy des extrémitez vers le cœur, pour s'y réchauffer; & comme les arteres font poreuses, leur mouvement, qui répond à celuy du cœur, fait qu'en certains momens leurs pores s'ouvrent, & laiffent échapper des parties du fang, qui fe joignant à celles des chairs, des os, ou des muscles, en font la nourriture.

par

Il y en a même qui s'échappent, fans qu'on s'en apperçoive, & d'autres qui, au fortir de la peau fe joignent & paroiffent comme de l'eau. Ainfi, c'eft par la matiere subtile, que le fang est échauffé : c'est elle, qu'il eft en état de nourrir le corps; & (ce qui fait le plus à nôtre fujet) c'est par elle que le fang monte dans les carotides, & puis dans le cerveau, où les plus fubtiles parties, paffant en des endroits, où les autres ne fe peuvent infinuer, elles fe démêlent des plus groffieres, & font cette foule de petits corps, que leur agilité fait nommer les cfprits, & qui coulant par les nerfs dans tous les

muscles, font mouvoir nôtre corps en tant de façons admirables. Ce font ces mêmes efprits, dont une partie coulant par une branche du nerf de la fixiéme conjugaison, dans les fibres qui compofent les chairs du cœur, font caufe de fes battemens. De forte que le cœur eft tout à la fois un vaiffeau, où le fang s'échauffe, & un muscle qui pouffe le fang vers toutes les extrémitez, aprés qu'il eft échauffé; &, comme le cerveau reçoit de luy le fang, dont fe forment les efprits, il reçoit du cerveau les esprits, qui luy fervent à chaffer le fang vers toutes les ties du corps.

par

Je n'explique pas plus à fond toutes ces chofes : il me fuffit d'avoir montré, par les exemples de la Montre, & du corps de l'homme, de l'homme, que les Machines artificielles & les naturelles n'ont qu'une même cause de leur mouvemement; & qu'à ne confiderer que les corps, cette cause est la plus fubtile matiere.

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NE confiderer que les corps, on ne doit chercher la caufe de tous les mouvemens, que dans la mariere la plus fubtile. Mais elle n'a pas le mouvement dile-meme; &, fi l'on en veut trouver la veritable cause, il faut aller au-delà des corps. Et, comme cette découverte eft l'une des plus importantes & des plus difficiles que l'on puiffe tenter, il n'y faut aller que pas à pas. C'eft pourquoy, fuivant la methode des Gécometres, j'expliqueray d'abord quelques termes, dont je me veux fervir, & qui pourroient faire équivoque. Enfuite je poferay quelques Axiomes puis je feray mes propofitions. Ainfi, chaque chofe étant féparée, fe pourra mieux examiner; &, s'il y a du paralogifme, on le pourra plus faç ilement

a

facilement connoître, que fi je faifois un difcours, dont toutes les parties euffent plus de liaison.

DEFINITIONS.

1. Causer le mouvement des corps, ne fignifie autre chofe, mouvoir les corps.

que

2. Avoir du mouvement, ne fignifie autre chose qu'être mû.

AXIOMES.

1. On n'a pas de foy, ce qu'on peut perdre, fans ceffer d'être ce qu'on eft.

2. Tout corps pourroit perdre de fon mouvement, jusqu'à n'en avoir plus, fans ceffer d'être

corps.

3. On ne peut concevoir que deux fortes de fubftances, fçavoir l'Efprit (ou ce qui pense) & te Corps. C'eft pourquoy on les doit confiderer comme les caufes de tout ce qui arrive; & ce qui ne peut venir de l'une, fe doit neceffairement attribuer à l'autre.

4.

action.

Mouvoir

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ou caufer le mouvement, est unc

5. Une action ne peut être continuée, que par l'agent, qui l'a commencée.

H

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