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Premve.

Preuve.

Preuve.

CONCLUSIONS.

I.

Nul corps n'a le mouvement de foy-même.

Par le premier Axiome, on n'a pas de foy ce qu'on peut perdre, fans ceffer d'être ce qu'on eft. Or, par le fecond, tout corps peut perdre fon mouvement, fans ceffer d'être corps.

Donc nul corps n'a le mouvement de foy-même.

I I.

Le premier moteur des Corps n'eft point Corps.

Si le premier moteur des Corps étoit corps, il s'enfuivroit qu'un corps auroit le mouvement de foy-même.

Or, par la premiere propofition, nul corps ne l'a de foy.

Donc le premier moteur des Corps n'est point

corps.

III.

Ce ne peut être qu'un Esprit, qui foit
premier moteur.

Par le troifiéme Axiome, il n'y a que deux fortes

de fubftances, fçavoir le Corps & l'Esprit; & ce qui ne peut appartenir à l'un, fe doit neceffairement attribuer à l'autre.

Or, par la feconde proposition, un corps ne peut être premier moteur.

Donc ce ne peut être qu'un efprit, qui foit pre

mier moteur.

IV.

Ce ne peut être que le même Esprit, qui a commencé à mouvoir les Corps, qui continuë de les mouvoir.

Pofé que, fuivant le IV. Axiome, mouvoir les preuves corps foit une action, & que, fuivant le cinquième, une même action ne puiffe être continuée, que par l'Agent qui l'a commencée : il s'enfuit que, fi un efprit a commencé à mouvoir les corps, le même efprit doit continuer de les mouvoir.

Or, par la troifiéme propofition, c'est un esprit, qui a commmencé à mouvoir les corps.

Donc ce ne peut être que le même efprit, qui continuë de les mouvoir.

On peut trouver plus de difficulté en cette derniere propofition, que dans les precedentes : parce que l'on eft perfuadé qu'un corps en peut mouvoir un autre; & l'on s'imagine que, pourveu que l'efprit, qui a été reconnu dans la troifiéme propofition, pour premier moteur, ait une fois agité cer

taines portions de la matiere, elles en ont pû mouvoir d'autres. On croit même avoir reconnu dans toutes les experiences des chofes fenfibles, que c'est toûjours un corps, qui en fait mouvoir un autre.

Mais, pour ne fe pas tromper, il faut foigneu fement difcerner ce qu'on a effectivement reconnu, d'avec ce qu'on a feulement conjecturé : car c'est de la confufion de ces deux chofes, que viennent toutes nos erreurs fur ce point.

Lors qu'on dit, par exemple, que le corps B a chaffé le corps C de fa place; fi on examine bien ce qu'on reconnoît de certain en cela, on verra seulement que B étoit mû, qu'il a rencontré C, qui étoit en repos; & que depuis cette rencontre, le premicr ceffant d'être mû, le fecond a commencé de l'être. Mais que l'on reconnoiffe que B donne du mouvement à C, cela n'eft en verité qu'un préjugé, qui vient de ce que nous ne voyons pour lors que ccs deux corps; & que nous avons coûtume d'attribuer tous les effets qui nous font connus, aux chofes que nous appercevons: fans prendre garde que fouvent ces chofes font incapables de produire de tels effets, & fans confiderer qu'il peut y avoir mille causes, qui, tout imperceptibles qu'elles font, peuvent produire des effets fenfibles.

Cependant, nous fommes déja convenus qu'une caufe imperceptible peut produire un effet fenfible; puifque nous avons été obligez dans la troifiéme propofition, d'admettre un efprit, que nous ne voyons pas, pour caufe du mouvement, que nous ap

percevons dans les corps. Ainfi, il refte à voir fi, lors que nous difons que Ba chaffé C de fa place, nous avons raifon de penfer, que le mouvement de l'un ait pû être produit par l'autre. Car, au cas que nous reconnoiffions que le corps B, qui, de toutes les chofes qui nous paroiffent pour lors, est la seule que nous jugeons capable de cet effet, ne le puiffe produire; il faudra conclure que la cause en est cachée aux fens, & tâcher de la découvrir par la raifon.

Premierement, quand on a dit que B étoit mû, fi l'on n'a pas pensé à ce qui le faifoit mouvoir, on a entendu, qu'il étoit en un certain état; & en ce fens, on n'a pas dû croire, qu'il pût communiquer fon mouvement à C: car l'état d'un corps ne paffe point dans un autre.

Secondement, fi, lors qu'on a dit que C a commencé d'être mû, on a pensé à ce qui le faifoit mouvoir; on n'a pû croire que ce fût B, parce que luy-même n'étoit plus en mouvement, & commençoit d'être en repos.

Ainfi puifque, de quelque façon qu'on prenne le mouvement, celuy du corps C ne peut avoir été caufé par le corps B; il faut conclure que la caufe en est insensible. Et enfin, puifque nous fommes affurez par la troifiéme propofition, qu'un efprit eft premier moteur, fi nous fuppofons que B'ait été mû par cet esprit, jufqu'à ce qu'il ait rencontré C ; nous ne devons point douter, lors que C commence d'être mû, que ce ne foit par le même esprit. Il est

capable de mouvoir C, comme il l'étoit de mouvoir B; & nous voyons que B en repos, n'eft pas capable de mouvoir C..

que

Mais, dira quelqu'un, fi B garde la moitié de fon mouvement, aprés avoir rencontré C; ne pourroit-on pas affurer, s'ils continuoient d'aller enfemble, B feroit mouvoir C? Non, ce me femble; & quand on dit que B, qu'on fuppofe être mû par le premier moteur, garde la moitié de fon mouvement; on doit entendre que, fi cet efprit le mouvoit comme huit, il ne le meut plus que comme quatre, aprés la rencontre de C; & que C commence d'être mû comme quatre par le même efprit.

On doit auffi prendre garde que chacun de ces corps, quand il eft mû, a tellement fon mouvement à foy, qu'iln'en a jamais que pour foy. Ce qui paroîtroit, fi l'on fuppofoit (comme on fçait que cela peut arriver) que le corps B rejallît du corps Ċ, en même temps que C feroit mû à fa rencontre. Car, encore qu'en ce cas, on pût dire que le second seroit mû, par ce qui auroit mû le premier, & qu'on dût rabattre fur le mouvement de celuy-cy, les degrez dont celuy-là commenceroit d'être mû; néanmoins on ne pourroir dire que les degrez, qui feroient reftez à l'un, ferviffent à l'autre : puifqu'ils iroient également, aprés être féparez. Et, par la même raison, on ne doit dire, quand ils continuent d'aller ensemble, que l'un aille par l'autre, mais feulement, qu'étant dirigez en même fens, & avec autant de degrez de mouvement, ils doivent aller également vîte, & ainfi ne Le point quitter,

a

pas

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