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AU ROY.

S

IRE,

Sans bleffer le profond refpect avec lequel je prefente ce Livre à VOSTRE MAJESTE, j'oferay l'asurer qu'Elle y trouvera des chofes dignes de fon attention. Fexamine en cet Ŏu

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Furage les differentes operations de l'Ame & du Corps, & le fecret de leur union. Ainfi,propofant à chacun ce qu'il eft, & ce qui fe paffe en luy même, je croy pouvoir dire que je propofe à VOSTRE MAJESTE le plus digne objet, qui puisse arrêter fes regards,

meriter fes reflexions. Jamais l'union de ces deux excellentes parties qui font tout l'homme, ne fut fi merveilleuse qu'en Elle, & jamais Heros n'eut une fi grande Ame dans un fi beau Corps. Auffi ne regardons-nous pas vôtre Perfonne facrée, comme un pur Ouvrage de la "Nature: nous avons crû dés le moment de fa naissance qu'elle venoit du Ciel, & nous confiderons toutes fes actions, comme les fuites continuelles du Miracle, qui nous l'a donnée.

En effet, SIRE! nous ne voyons faire que des prodiges à VOSTRE MAJESTE'. Quand la chaleur de l'âge, & le bon fuccez de fes armes fembloient ne luy devoir infpirer que les combats, Elle nous a donné la Paix, & quand un fi profond repos fembloit ne luy devoir inSpirer que les delices, on a vû que par mille foins plus grands & plus glorieux que tous les travaux de la guerre, Elle a reparé presque en un moment les defordres de trente années. Ces merveilles ont furpris toute la Terre : mais VOSTRE MAJESTE n'en demeure

EPIST RE.

pas à ces illuftres commencemens. Elle médite de plus grandes chofes pour notre felicité. Elle penfe à corriger les abus de plufieurs fiecles; & ce qu'Elle fait chaque jour, pour avancer un fi grand deffein, marque bien qu'Elle fait confifter toute la gloire de fon Regne, à nous rendre parfaitement heureux.

On voit qu'Elle s'applique Elle-même à tout ce qui peut maintenir la Justice, l'abondance & le calme dans fon Royaume, & que loin d'écouter ces avis funeftes, qui n'alloient qu'à l'oppreffion de fes Peuples, elle les a vengez de leurs perfecuteurs, & ne veut plus entendre parler que des moyens d'établir le Commerce, de per fectionner les Arts, & de rendre la vie de fes Sujets plus douce, plus tranquille, & plus commode. On voit même que, pour exciter les Sçavans à la recherche de tout ce qui peut fervir à de fi belles entreprises, Elle honore les Sciences d'une protection toute particuliere. Enfin les Gens de bien ont le plaifir de voir qu'on peut pretendre à la faveur, dés qu'on eft capable de rendre fervice à l'Etat, & que celuy qui travaille le plus infatigablement pour le Public, eft celuy qui plait le plus à V OSTRE MAJESTÉ.

Le beau moyen, SIRE! de plaire aux Rois! qu'il y en a peu à qui l'on fasse ainsi sa Cour!

& que ce feroit un grand avantage à toutes les Nations, fi tous les Souverains fuivoient l'exemple de V. M. ou fi VOSTRE MAJESTE' regnoit fur tout le Monde!

Mais je ne m'apperçois pas que, fuivant plus mes inclinations que mon premier deffein, je parle de ce que j'admire en VOSTRE MAJESTE, & ne parle plus de mon Livre. La Matiere m'en a toûjours paru fi importante & fi belle, que j'ay tâché de ne rien omettre de ce qui la pouvoit éclaircir, pour en refoudre les difficultez, je ne me fuis fervi que des connoiffances, que nous avons naturellement de l'Ame du Corps. Je fouhaite, SIRE, que que mon travail foit utile au Public, afin qu'il foit agreable à VOSTRE MAJESTE'; Et, fi ceft trop demander, je fouhaite au moins qu' Elle le regarde comme un effet de l'extreme paffion que jay de luy plaire, & du zele ardent avec lequel je fuis,

SIRE,

De VOSTRE MAJESTE',

Le tres-humble, tres-obéiffant, & tres-fidele ferviteur & fujet, DE CORDEMOY.

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