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Je n'examine pas non plus, fi elle eft plus vraye que les autres. Il a dit luy-même comme je l'ay déja remarqué, qu'elle pouvoit être fauffe. Et veritablement entre une infinité de moyens, dont Dieu fe peut fervir pour faire une même chofe, il eft difficile d'affurer duquel il s'eft en effet servi. Mais il me femble que les hommes ont fujet d'être contens, quand ils en ont trouvé un qui peut expliquer tous les phénoménes, & qui n'eft pas contraire à ce que Princip, de l'Ecriture ou l'Eglife nous propofe. Monfieur Def1. part. cartes a eu fi peur de rien avancer qui ne fût pas conforme à ce qu'elles nous prefcrivent, qu'il a foûmis expreffément au jugement de l'une, ce qu'il femble avoir entierement tiré de l'autre.

De cartes

n. CC/11.

Ainfi, quiconque lira fes Ecrits dans le même efprit qu'il avoit en les faifant, ne fera point en danger de fe tromper jufqu'à l'herefie, & fera toûjours prêt à reconnoître fes erreurs, fi-tôt que ceux qui font prépofez pour diriger fa croyance, l'en feront appercevoir. Pour moy, je fuis perfuadé que, fi l'on condamnoit ce que Monfieur Descartes a écrit de la maniere, dont se font les divers aspects du Soleil & de la terre ; & que, fi jugeant que ce n'eft pas affez de ftabilité pour elle, que , que d'être toûjours au milieu de toute la matiere celefte qui fe trouve entre le corps de la Lune & le fien on venoit

,

à décider que le cercle, que Monfieur Descartes fait parcourir à toute cette matiere en un an autour du Soleil, eft oppofé à ce qu'on doit croire du repos de la terre, fes plus grands fectateurs, imitant

fa foûmiffion, fe foûmettroient les premiers. Car enfin, comme ils fçavent, par des démonstrations évidentes, non feulement que c'eft Dieu qui eft cause du mouvement de la moindre portion de matiere, mais encore que c'eft fa main tout-puiffante qui la conduit par tout; il leur feroit bien plus aifé qu'à d'autres, de concevoir que cette même main peut diriger les mouvemens du Soleil & de toute la maticre celefte autour de la terre, fans qu'elle en reçoive le moindre ébranlement.

Au reste, je crois ne pouvoir trop répéter que Monfieur Descartes n'a pas pretendu que fon hypothese fût veritable en general, & même qu'il a reconnu qu'elle étoit fauffe en certaines choses. Mais, encore un coup, j'eftime qu'il a eu raifon de penfer, qu'il étoit permis aux hommes de faire des fuppofitions, & qu'elles étoient toutes recevables, pourvû qu'elles fatisfiffent à toutes les apparences, & qu'elles ne fuffent pas contraires à la Religion.

Lettr. P.

352. 358.

Difc. de la

60.

Vous trouverez, M. R. P. en quelqu'une de fes Tom. 2. det Lettres, qu'il s'eft mis fort en peine, lors qu'il a voulu avancer certaines propofitions, de fçavoir fi elles 359 n'avoient pas été condamnées par la Chambre de Method P. l'Inquifition de Rome. C'est par les motifs de cette pieuse crainte, qu'il dédia ses Méditations à Messieurs de Sorbonne. Et enfin il paroît dans toute fa conduite qu'il n'eût pas voulu pour toute la science du monde, & pour toute la gloire qui en peut revenir, courir le hazard, je ne dis pas d'un anathême, mais de la moindre cenfure, Je vous diray encore que je

noy de va

telis fortu

nâ.

pense connoître une partie des meilleurs efprits, qui font le plus attachez à fes fentimens ; & je n'en connois point qui n'abandonnât fa doctrine, fi elle étoit cenfurée. Je ne fçay s'il en arriveroit de même à ceux M. de Lau- qui fuivent Ariftote, fi l'on condamnoit fes opinions ria Arifto de nouveau: je dis de nouveau, car vous fçavez, M. R. P. qu'elles l'ont été par les Loix, les Loix, & même par Cone. Se un Concile. Cependant, quoy que depuis on n'ait M. CCLX. rien changé aux Canons sur cette matiere, plusieurs s'imaginent le pouvoir fuivre de bonne foy. Mais infenfiblement je pafferois les bornes que je me fuis prefcrites. Mon principal deffein n'eft pas de blâmer Ariftote: je veux feulement juftifier Monsieur Descartes ; & je pense l'avoir fait fuffifamment. Jefuis ̧

non. an.

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1

I TRAITE

DE

METAPHYSIQUE

1. 長

Ce qui fait le bonheur, ou le malheur des efprits.

I Eu a créé les efprits pour être heureux: ils ne le peuvent être, s'ils ne connoiffent en quoy confifte le bonheur, s'ils ne le veulent, & s'ils n'y font fenfi

bles.

II. Ils ne peuvent entendre ni vouloir, fans être affectez auparavant; c'est-à-dire, fans éprouver en eux-mêmes quelque changement à l'occasion des objets, qui font ou fpirituels ou corporels.

III. Si le changement, qu'un efprit éprouve à l'occafion des objets, ne fert qu'àles luy faire apperce

voir, c'eft une fimple perception ou fenfation. Si la feule perception cft agreable ou défagreable, c'est un fimple attrait, ou une fimple aversion. Mais, fi l'objet affecte l'efprit d'une maniere, qui le faffe fouffrir, cet état eft la douleur; l'état contraire est le plaifir.

IV. La fimple sensation l'incline à vouloir connoître.

L'agrément l'incline à se vouloir unir; & l'averfion à vouloir le contraire.

Le plaifir l'incline à fe vouloir tenir uni; & la douleur à fe vouloir-défunir.

V. Comme il est créé pour être heureux, il tend inceffamment à le devenir : cette pente eft caufe de toutes les actions; & il cherche fans ceffe les moyens, qui le peuvent faire arriver à cette fin.

Dés le moindre changement, qui arrive en luy à l'occasion d'un objet, il le veut connoître, pour fçavoir fi ce n'est point ce qu'il defire, ou du moins quelque chofe de propre à luy procurer ce qu'il de

fire.

a

Dés qu'il apperçoit cet objet avec quelque agrément, il incline à s'y unir.

Et, dés qu'il fent du plaifir par cette union, il ne s'en veut plus séparer, du moins tant que ce plaifir

dure.

VI. Il est dangereux mêmes qu'il ne prenne le plaifir, qu'il trouve dans les moyens, pour le veritable bonheur, qui ne fe peut trouver que dans la fin pour laquelle il eft créé.

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