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font des refiftances qui caufent des guerres.

VI.

Si le tout puiffant eft tres-méchant, il ne fe peut emporter qu'à des débauches, & à quelques cruaucontre des particuliers: mais jamais il n'a la pensée de détruire tout l'Etat.

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MAXIMES

TIREES

DE L'HISTOIRE

I

Un Prince doit toûjours respecter la memoire de fon Pere, la bien-feance le veut, & fouvent l'interêt.

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Hilippes Roy d'Espagne, aprés avoir fait brûler le phantôme de Conftance Ponce, Confeffeur de Charles-Quint fon pere, voulut auffi faire faire le pro

cés à la memoire de ce Prince pour herefie. Mais on luy reprefenta qu'il n'auroit aucun droit à la Couronne, s'il fe trouvoit que fon pere fût mort hérétique ; & qu'en ce cas la

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refignation qu'il luy avoit fait de fes Etats, feroit nulle : cela feul l'empécha de faire condamner la memoire de fon pere.

I I

C'est une faute que de prendre pour sûreté, la parole d'une perfonne, qui n'eft pas maître de la tenir.

En mil cinq cens foixante, Caftelnau, & les autres conjurez contre les Guifes, furent affiegez dans Nozé, par Jacques de Savoye Duc de Nemours, qui ne pouvant les avoir de force, les en tira par belles promeffes, leur difant qu'il les meneroit au Roy même, & qu'ils ne feroient point mis prifonniers. Ils devoient prendre garde que François II. ne fuivant que les mouvemens des Guises, ne tiendroit jamais cette promeffe. En effet, dés que Castelnau, & fes compagnons furent arrivez, les Guifes les firent emprisonner; & le Duc de Nemours crut en être quitte, en difant, je n'y puis rien. Il ne devoit donc pas promettre.

Cet exemple fait voir auffi, que tout est exposé, quand un Prince a la foiblesse de se laiffer gouverner

en tout.

III.

Un Prince, quelque jeune, & quelque mal-habile qu'il foit, obtient toujours quelque titre honorable, quand il eft de

bonnes mœurs.

François II. s'il n'eut de grande vertus,

moins d'être appellé le Roy fans vice.

merita au

IV.

Il eft difficile d'ufer de beaucoup d'artifices, lors qu'on gouverfans étre foupçonné de bien des crimes, que fouvent

on ne commet pas.

Catherine, mere de François II. avoit tant employé d'artifices, pour fe maintenir dans le gouvernement contre les Guifes, & les Princes de France, en favorifant toûjours le parti le plus foible, pour le mettre en état de balancer l'autre ; que la plupart, voyant les Guifes au deffus de tout, fi le Prince de Condé eût été décapité, & que cette éxécution avoit été empêchée par la mort fubite de François II; crûrent que Catherine avoit avancé la mort du Roy, pour fauver le Prince de Condé; & qu'elle n'avoit fauvé ce Prince, que pour balancer le crédit des Guifes.

V.

Les Princes croyent trop legerement ceux qui s'empreffent autour d'eux, pendant qu'ils regnent; s'ils regardoient ce qui eft toûjours arrivé aprés la mort de leurs fembla bles, ils ne croiroient pas fi legerement toutes les protefta tions, qu'on leur fait pendant qu'ils vivent.

De tant de grands Seigneurs, qui étoient à la Cour de François II. quand il mourut, il n'y eut que Saufac, & la Broffe qui avoient été fes gouverneurs, & l'Evêque de Senlis, qui priffent foin de fes funerailles. Jamais les Guifes, eux qui avoient fait fonner fi haut leur zele pour le fervice de ce Prince, & qui étoient redevables de tant de biens à fa bonté, ne fongerent à luy rendre ces derniers devoirs. Cela leur fut reproché, & l'on trouva fur le poëlle,

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qui couvroit le corps du Roy, un billet, avec ces mots; Tanneguy du Caftel, où es-tu? Ce Tanneguy eft celuy, qui revint pour faire les funerailles de Charles VII. fon bien-faicteur, fans craindre le reffentiment de Louis XI.

VI.

Il n'y a point de maux, que ne cause l'ambition d'une perfonne, qui veut toujours gouverner, parce qu'elle a commencé à gouverner.

Catherine fe fervoit tantôt du parti hugenot, & tantôt du parti Catholique, ne favorifant l'un & l'autre, qu'autant que les Chefs luy fembloient utiles à fon deffein. Cependant les chofes vinrent à tel point, qu'ayant fervi à fortifier peu à peu tous les deux, ils furent en état d'éclater, & fe rendirent maîtres de tant de places, que partageant toute la France, elle fe vit prefque en état de n'avoir aucune retraite fûre ni pour fon fils ni pour elle. En d'autres occafions, elle ne voulut jamais confentir à terminer les differens, par la prise du Prince de Condé. Il s'étoit rendu legerement dans un endroit, où elle étoit en puiffance de l'arrêter. cependant elle le laiffa aller. Et, aprés la prise de Bourges par le Roy, & le Duc de Guife, on n'avoit qu'à enveloper le Prince dans Orleans: mais elle n'y voulut jamais confentir, & fit refoudre qu'on iroit à Roüen.

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