LIVRE III. I. Cadmus consulte l'Oracle d'Apollon. TANDIS qu'aux bords Crétois le ravisseur d'Europe D'un taureau mensonger dépouille l'enveloppe; Agénor à-la-fois père injuste et pieux, Veut que son fils Cadmus la recherche en tous lieux. C'est peu de la chercher, il faut qu'il la ramène. S'il ne la trouve pas, l'exil sera sa peine. C De climats en elimats, las de courir en vain, Cadmus, de ses destins par l'Oracle averti, Bos stetit; et, tollens spatiosam cornibus altis 2 Silva vetus stabat, nullâ violata securi : Est specus in medio, virgis ac vimine densus, Efficiens humilem lapidum compagibus arcum ; Uberibus foecundus aquis. Hoc conditus antro Martius anguis erat, cristis præsignis et auro. Igne micant oculi: corpus tumet omne veneno: Tresque vibrant linguæ, triplici stant ordine dentes. 3 Quem post quàm Tyriâ lucum de gente profecti Infausto tetigêre gradu, demissaque in undas 1 C'était un usage religieux chez les anciens, à leur arrivée dans un nouveau pays ou à leur retour dans leur patrie, de se prosterner à terre, de l'embrasser, et d'adorer les dieux de la contrée. 2 Dans la version en prose attribuée à Malfilâtre, cet hémistiche qui fait image est rendu par « il y avait dans le voisinage une forêt »; comme s'il s'agissait d'un conte de fées, et non pas d'une narration poétique. 3 La vibration de la langue des Serpens est si vive et si prompte, qu'elle semble triple. L'imagination des poètes a peint comme une réalité ce qui n'était qu'une apparence. C'est le privilége de la poésie. yeux; Elle marche à pas lents : le Tyrien la suit. Ses soldats, par son ordre, au fond des bois obscurs, Une forêt s'élève, antique, révérée : Là, de ronces, |