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AN. 937

France par la Champagne, ravagerent le plat païs,brûlerent plufieurs maifons&plufieurs églifes,& emmenerent un grand nombre de captifs. Il y eut toutefois quelques églifes qu'ils ne purent brûler, comme celle de fainte Macre à Filmes, & celle de S. Bafle ; & un moine d'Orbais qu'ils avoient pris ne put jamais être bleffe de leurs fleches ni de leurs épées. Ce que Frodoard rapporte comme des miracles. De Bourgogne les HonChr. Caffin. grois pafferent en Italie, & vinrent jufques à Capoue, à Benevent & à Nole. Ils enleverent plufieurs ferfs de l'abbaye du mont Caffin; & pour les racheter on donna quantité de vafes d'argent & d'ornemens d'étofes precieuses, dont le prix marqué montoit à plus de cent cinquante Befans d'or. Mais étant entrez chez les Marfes dans l'Abruze d'aujourd'hui, & y faifant les mêmes ravages: ces peuples avec les Peligniens en tucrent la plus grande partie, & retirerent un grand butin.

$55.

XXIII. Artaud chaffe

940. hift. IV. c.

28.

to 9.Conc p.628.

G.

Aprés qu'Artaud cut gouverné l'églife de Reims de Reims. huit ans & fept mois, Hugues comte de Paris & HeFlod. Chr. an bert comte de Vermandois indignez de fon attachement au roi Louis, qu'il avoit facré, vinrent affieger Libel. Artaldi. Reims avec Guillaume duc de Normandie & quelques évêques de France & de Bourgogne. Le fiege ne dura que fix jours; & Artaud abandonné de prefque tous fes vaffaux, fut obligé de fe rendre. Le comte Hebert étant entré dans la ville, le fit venir à S. Remi devant les feigneurs & les évêques où, partie par perfuafion, partie par crainte, on le fit renoncer à l'administration de l'archevêché de Reims, fe contenter des abbayes de S. Bafle & d'Avenai; & demeurer à faint Balle. C'étoit l'an 940. Quelque tems aprés

:

Artaud

Artaud fe retira auprés du roi Louis, avec quelques- AN. 941 uns de fes parens, à qui Hebert avoit ôté les benefices ou fiefs qu'ils tenoient de l'églife.

L'année fuivante 941. les comtes Hugues & Hebert affemblerent les évêques de la province de Reims, & firent tenir un concile à Soiffons dans l'églife de S. Crefpin, pour regler le gouvernement de l'archevêché. Ils envoyerent Hildegaire évêque de Beauvais, qu'Artaud lui-même avoit ordonné en 933. avec quel- Libell. Artaldā, ques autres deputez vers Artaud, qui étoit à Laon à la cour du roi Louis: lui ordonnant de fe rendre au concile. Il répondit qu'il ne pouvoit aller où fes ennemis étoient affemblez; & ils convinrent d'un autre lieu pour conferer ensemble. Là il fe jetta à leurs pieds, les priant pour l'amour de Dieu, de lui donner un confeil convenable à eux & à lui. Ils le prefferent de confentir à l'ordination de Hugues, promettant d'obtenir pour lui quelque partie des biens de l'archevêché. Artaud aprés avoir long-tems differé de répondre, les voyant fermes dans leur refolution, fe leva, & leur declara tout haut, qu'il leur défendoit fous peine d'excommunication, d'ordonner un archevêque de Reims de fon vivant: s'ils le faifoient, il appelloit au faint fiege. Cette proteftation les ayant irritez, pour se tirer de leurs mains & pouvoir retourner à Laon, il adoucit sa réponse, & les pria d'envoyer avec lui quelqu'un, qui pût leur rapporter la refolution qu'il prendroit avec la reine & fon confeil: car le roi n'y étoit pas. Ils envoyerent Derolde évêque d'Amiens: mais quand Artauld fe vit à Laon en feureté devant la reine & les feigneurs de fa cour, il reïtera la menace d'excommunication & d'appellation au pape: excommuniant Tome XII.

E

AN.

Sup. n. s.

Fred. Chr.

Derolde lui-même, en cas qu'il ne fît pas un rapport 941. fidele de ce qu'il venoit d'entendre.

Papebr. Conat.

Le concile de Soiffons ne laiffa pas de paffer outre. On pretendit qu'Artaud, ayant une fois renoncé avec ferment à l'adminiftration de fon églife, ne pouvoit plus y revenir. On fit valoir les plaintes du clergé & de la nobleffe fur la vacance de ce fiege: enfin l'on ju gea, qu'on devoit ordonner archevêque Hugues fils du comte Hebert, qui y avoit été destiné depuis longtems, & qui étoit demandé par le clergé & par le peuple, c'est-à-dire par une partie. Il n'avoit qu'environ vingt ans, & pendant les quinze années qui s'étoient paffées depuis fon élection, il avoit demeuré à Auxerre, & y avoit fait fes études auprés de l'évêque Gui, qui l'avoit ordonné diacre, & Gui évêque de Soiffons l'ordonna prêtre trois mois aprés fon retour à Reims; ce dernier Gui étoit fils de Foulques comte d'Anjou; & après avoir été chanoine de faint Martin de Tours, il fut ordonné évêque en 937. Suivant la refolution du concile de Soiffons les évêques fe tranfporterent à Reims, & en ordonnerent Hugues archevêque dans l'église de S. Remi.

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Baron. an. 940. Il envoya à Rome des deputez pour demander le pallium, & ils s'adreflerent aupape Etienne VIII. car Leon VII. étoit mort en939. ayant tenu le faint fiege trois ans & demi. Comme Etienne étoit Alleman de naiffance, les Romains le prirent en telle aversion, qu'ils lui decouperent le vifage, & le defigurerent de forte, qu'il n'ofoit plus paroître en public. Il tint toutefois le faint fiege trois ans & quatre mois. Il accorda le pallium à Hugues pour l'archevêché de Reims, & fes deputez vinrent en 942. avec un évêque nommé Damafc que

le pape envoya legat en France. Il portoit des lettres AN. 942. aux feigneurs & à tous les habitans de France & de Bourgogne, pour reconnoître le roi Louis, & envoyer des deputez à Rome: avec menace d'excommunication, s'ils ne fatisfaifoient avant Noël, & s'ils continuoient de lui faire la guerre. Sur quoi les évêques de la province de Reims ayant conféré avec le comte Hebert: le prierent d'interceder auprés du comte Hugues, pour lui faire reconnoître le roi: car c'étoit fon plus puiffant adversaire.

XXIV.
Fin de faine

38. fac. §. Act.

III. n. 7.

La même année 942. le pape Etienne fit venir à Rome pour la troisième fois faint Odon abbé de Clugni, odon. afin de procurer la paix entre Hugues roi d'Italie & Elog Odon. w. le patrice Alberic: car la guerre continuoit toûjours B.p.141. entre eux. Pendant que faint Odon fut faint Odon fut à Rome Al- Vita per Fo. lib. beric lui donna le monaftere de S. Elie à Suppenton prés de Nepi, pour y établir la reforme. Ily mit pour abbé un de fes difciples nommé Theodard, qui voyant ces anciens moines fort attachez à manger de la chair, leur faifoit apporter à grands frais du poiffon des lieux d'alentour. Mais un torrent qui paffoit prés du monaftere, forma un étang qui les exempta de cette peine. Ce qui fut regardé comme un miracle, & attribué aux prieres de S. Odon.

Etant à Rome il fut attaqué d'une fievre violente & continuë, qui le reduifit à l'extremité; mais comme il fouhaitoit ardemment de finir fes jours au tombeau de faint Martin, où il avoit commencé de goûter la pieté il vit en fonge un perfonnage venerable qui lui dit: que fa mort étoit proche, & que toutefois S. Martin lui avoit obtenu un delai, pour retourner en pays. En effet il fe porta mieux, & eut affez de

:

fon pays.

An. 942.

Μου.

force pour venir jufques à Tours, où il arriva prés le tems de la fête du faint. Il la celebra avec une devotion extraordinaire: le quatrième jour la fievre le reprit, & il mourut le jour de l'octave dix-huitiéme Novembre 942. âgé de foixante quatre ans; la quinziéme Martyr. R. 13. année depuis qu'il fut abbé de Clugni. L'églife honore fa memoire le jour de fa mort. Il fut enterré dans l'église de S. Julien de Tours par l'archevêque Theotilon, qui par fon fecours avoit retabli ce monaftere fondé par faint Gregoire fon predeceffeur, & ruiné par les Normans. Theotilon mourut trois ans aprés en reFred. Chr. 945. Venant de Laon pour procurer la paix entre le roi & les princes; & fut enterré dans la même église de faint Julien,

Mabill.elog f

$33.

B. 22.

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, les

Entre les monasteres reformez par faint Odon, 1 plus connus font les fuivans. Aurillac en Auvergne fondé depuis peu par faint Gerauld, Fleury fur Loire Sup. liv. LIV. reformé à la follicitation du comte Elifiard, qui obtint cette abbaye de Raoul roi de France, pour la donner à faint Odon; & alla avec deux autres comtes & deux évêques l'en mettre en poffeffion, nonobftant la resistance des anciens moines, qui fe défendirent à main armée. S. Odon reforma auffi le monaftere de Sarlat en Perigord, & celui de Tulle en Limoufin, depuis érigez en évêchez. S. Pierre le vif à Sens: S. Julien à Tours: Romans-Mouftier au diocese de Laufa, Charlieu au diocefe de Mâcon. On le reconnoiffoit pour abbé de toutes ces maifons: mais il mettoit en chacune un abbé particulier, qui étoit comme fon vicaire. En Italie il reforma le monaftere de S. Paul à Rome, ceux de Soupenton, de Salerne, de S. Auguf tin à Pavic: établissant par tout le même ordre, c'eft

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