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AN. 1025.

V I.

Retraite de fain

te Cunegonde.

Ben. p. 458.

confecr. Virg.

libre

En Allemagne l'imperatrice Cunegonde fe trouvant par le decés de faint Henri fon époux, fe retira au monaftere de Caufunge en Heffe prés de Caffel, Vita n. 7. fac. 6. qu'elle avoit fondé, & dont elle fit dédier l'églife le jour de l'anniverfaire de faint Henri, quinzième de Juillet 1025. Pendant la messe elle se presenta devant l'autel, revêtue de tous les ornemens imperiaux, & of frit premierement une particule de la vraye croix. Aprés l'évangile, elle fe dépouilla de la pourpre, & fe revêtit d'une tunique brune, qu'elle avoit faite de ses mains, & que les évêques avoient benie : elle fe fit couper les cheveux, qui furent gardez en fon honneur dans le moPontific Rom de nastere; & reçut des évêques le voile & l'anneau, chantant les prieres marquées, pour la confecration folemnelle des vierges. Ayant ainfi fait profeffion, elle paffa dans ce monaftere les quinze ans qu'elle vêcut encore, mais en fimple religieufe, foumise à toutes fes fœurs, & humble fans oftentation. Comme elle excelloit dans les ouvrages de broderie, elle travailloit de fes mains: fachant, dit l'auteur de fa vie, qu'il est 2.The.111.10. écrit: que qui ne travaille point ne doit point manger. Elle avoit toûjours l'efprit occupé de prière ou de lecture, qu'elle faifoit elle-même, ou qu'elle écoutoit : elle vifitoit les fœurs malades,& prenoit grand foin des pauvres. Enfin confumée de veilles & d'aufteritez, elle mourut le troifiéme de Mars 1040. & fut enterrée à Bamberg, prés de l'empereur fon époux; mais elle défendit qu'on lui fit de pompe funebre. Il fe fit plufieurs miracles à fon tombeau,&l'églife honore fa memoire le jourde fa mort.

Martyr, R. 3.

mart.

VII. Concile d'Anfe.

To. 9. p. 859.

La même année 1025. on tint un concile à Anfe prés de Lion, où affifterent douze évêques, favoir: Bouchard archevêque de Lion, l'archevêque de Vienne,

nommé auffi Bouchard; l'archevêque de Tarantai- AN. 1025. fe. Les évêques d'Autun, de Mâcon, de Challon, d'Auxerre, de Valence, de Grenoble, d'Uzcz, d'Aouste & de Maurienne. Comme ils traitoient de plufieurs fujets, touchant les affaires ecclefiaftiques, & l'utilité du peuple: Gauflin évêque de Mâcon, se leva au milieu de l'affemblée, & forma fa plainte contre Bouchard archevêque de Vienne : qui fans fa permiffion & fon confentement avoit contre les canons ordonné des moines dans le diocefe de Mâcon, c'eft-à-dire dans le monaftere de Clugny. L'archevêque de Vienne nomma l'abbé Odilon, qui étoit prefent, pour auteur & pour garent de ces ordinations. Odilon fe leva avec fes moines, & montra un privilege qu'ils avoient reçû de l'églife Romaine, pour n'être fujets ni à l'évêque, dans le territoire duquel ils demeuroient, ni à aucun autre : mais avoir la liberté d'amener tel évêque, & de tel païs qu'ils voudroient, pour faire les ordinations & les confecrations dans leur monaftere : par les confecrations, j'entends les dédicaces d'églifes.

Alors on lut les canons du concile de Calcedoine & de plufieurs autres, qui ordonnent qu'en chaque païs les abbez & les moines foient foumis à leur propre évêque; & défendent à aucun évêque, de faire dans le diocese d'un autre, ni ordination ni confecration, fans fa permiffion. En confequence de ces canons, les évêques déclarerent nul le privilege, qui non feulement ne s'y accordoit pas, mais y contrevenoit formellement; & deciderent, que l'abbé de Clugny n'étoit pas un garent fuffifant du procedé de l'archevêque de Vienne. L'archevêque convaincu par ces raisons, demanda pardon à l'évêque de Mâcon ; & par maniere de fatisfac

AN. 1025. tion, lui promit fous telle caution qu'il voulut, de lui fournir tous les ans, tant qu'ils vivroient l'un & l'autre, pendant le Carême, la quantité neceffaire d'huile d'olives, pour faire le faint chrême. Cet exemple & celui de la dedicace du monaftere de Loches, montrent que les évêques de ce tems-là, ne croyoient pas le pape au deffus des canons.

Sup liv. LVIII.

n. 16.

VIII

de S. Romuald.

n. 59.

act. Ben. p. 296.

Il eft tems de reprendre la fuite de la vie de faint Suite de la vie Romuald, & de voir sa bienheureufe fin. Aprés qu'il Sup. liv. LVII. eut quitté l'empereur Otton III. & lui eut predit fa mort, il se retira à Parenzo, ville fituée dans une peninfule de l'Iftrie, & y demeura trois ans : pendant la Vita.n.53. fac.6. premiere desquelles il fonda un monastere, & y établit un abbé, les deux autres années il demeura reclus. Là Dieu l'éleva à une fi haute perfection, qu'il connoiffoit l'avenir, & penetroit plufieurs myfteres de l'ancien & du nouveau teftament. Il y reçut tout d'un coup le don des larmes, aufquelles auparavant il s'excitoit inutilement ; & il lui dura tout le refte de fa vie. Souvent dans la contemplation il s'écrioit, transporté de l'amour divin: Mon cher Jefus, mon doux Jefus, mon defir ineffable, douceur des faints, fuavité des anges; & d'autres paroles au deffus du langage humain. Il ne vouloit plus celebrer la meffe devant beaucoup de monde, parce qu'il ne pouvoit retenir l'abondance de fes larmes ; & comme fi fes difciples avoient reçu le même don, il leur difoit : Prenez garde de ne pas répandre trop de larmes, elles affoibliffent la vue, & nui

2. 55.

fent à la tête.

Il fortit de cette retraite, cedant à l'inftante priere des freres de fes autres monafteres: mais l'évêque de Parenzo l'ayant appris en fut fi affligé, qu'il fit publier,

que

que quiconque donneroit une barque à Romuald pour repaffer en Italie, ne rentreroit plus à Parenzo. Il arriva deux barques de dehors, dont les mariniers le reçûrent avec joye, s'eftimant heureux de porter un fi grand tréfor; mais dans le passage il survint une fi violente tempête, que tous fe crurent prêts à perir: les uns se dépouilloient pour nager, les autres s'attachoient à une planche: Romuald ayant abaiffé fon capuce, & mis sa tête entre fes genoux, pria quelque tems en filence; puis il dit à l'abbé Anfon, qui étoit prés de lui, de déclarer aux mariniers qu'ils n'avoient rien à craindre; & peu de tems aprés ils arriverent heureusement à Caorle.

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Romuald vint à fon monaftere de Bifolco, dont il ". 58. trouva les cellules trop magnifiques, & ne voulut loger que dans une, qui n'avoit guére que quatre coudées. N'ayant pû perfuader à ces moines de fe foumettre à la conduite d'un abbé ; il les quitta, & envoya demander une retraite aux comtes de Camerin. Ils lui offrirent avec grande joye toutes les terres de leur état, defertes ou cultivées; & il choifit un lieu nommé Val de Caftro, qui eft une plaine fertile & bien arrofée, entourée de montagnes & de bois. Il y avoit déja une petite églife & une communauté de penitentes, qui lui cederent la place. Romuald commença donc à y bâtir des cellules, & à y habiter avec fes difciples; & il y fit des fruits incroyables. On venoit à lui de tous côtez chercher la penitence: les uns donnoient leurs biens aux pauvres, les autres quittoient le monde_entierement, & embraffoient la vie monaftique. Le faint homme étoit comme un feraphin, tellement embrafé de l'amour de Dieu, qu'il l'allumoit dans les cours de Tome XII. Nnn

n. Go!

8.62.

tous ceux qui l'écoutoient. Souvent lorfqu'ilprêchoit les larmes lui coupoient la parole tout d'un coup, & il s'enfuyoit comme un infenfé: quand il étoit à cheval avec les freres, il marchoit loin aprés lesautres, chantant toûjours des pfeaumes, & répandant continuellement des larmes.

Ceux qu'il reprenoit avec le plus de feverité c'étoit les clercs feculiers ordonnez par fimonie : leur déclarant qu'ils étoient perdus, s'ils ne renonçoient volontairement aux fonctions de leurs ordres. Ce difcours leur parut fi nouveau, qu'ils le voulurent tuer. Car la fimonie étoit tellement établie en tout ce païs, que jufques au tems de Romuald, à peine y avoit-il quelqu'un qui fçât quec'étoit un peché. Il leur dit apportez-moi les livres des canons,& voyez fi je vous dis la verité.Les ayant examinez,ils reconnoiffoient leur crime&les déploroient. Le faint homme persuada à plusieurs chanoines & à d'autres clercs, qui vivoient comme des laïques, d'obéir à des fuperieurs, & de vivre en commun : ce qui femble être le commencement des chanoines reguliers, que nous verrons dans la fuite. Quelques évêques, qui étoient entrez dans leurs fieges par fimonie, vinrent le confulter; & s'étant mis fous fa conduite, promirent de quit. ter l'épiscopat, & d'embraffer la vie monastique. C'est faint Pierre Damien qui raconte tout ceci dans la vie de faint Romuald; & il ajoûte : Je ne fçai toutefois fi le faint homme en put convertir un feul en toute fa vie. Car cette venimeufe herefie eft tres-dure & tres-difficile à guérir, principalement dans les évêques: on promet toûjours, & on differe de jour en jour: enforte qu'un Juif eft plus facile à convertir.

S. Romuald quitta Val de Caftro y laiffant quelquesuns de fes difciples, & paffa au païs d'Orviette : où il

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