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J'efpere que bien-tôt ces voûtes embrafées,
Ce Capitole en cendre, & ces Tours écrafées,
Du Sénat & du Peuple éclairant les tombeaux,
A cet hymen heureux vont fervir de flambeaux.

SCENE VI.

TITUS, feul.

IL fort; en quel état, en quel trouble il me laiffe!

Tarquin me l'eût donnée ! ah douleur qui me preffe !
Moi j'aurois pû!... mais non; Miniftre dangereux,
Tu venois découvrir le fecret de mes feux.
Hélas! en me voyant, fe peut-il qu'on l'ignore!
Il a lû dans mes yeux l'ardeur qui me dévore.
Certain de ma foibleffe, il retourne à la Cour,
Infulter aux projets d'un témeraire amour;
J'aurois pû l'époufer! lui confacrer ma vie!
Le Ciel à mes défirs eût deftiné Tullie!
Grands Dieux! s'il étoit vrai

égaremens

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Quels vaigs

De leur erreur flatteufe empoisonnent mes fens ? Cependant que j'embraffe un image frivole, Rome entiere m'appelle aux murs du Capitole. Le Peuple raffemblé fous ces Arcs triomphaux, Tout chargés de ma gloire, & pleins de mes travaux, M'attend pour commencer les fermens redoutables, De notre liberté garans inviolables.

Allons... mais j'y verrai ces Sénateurs jaloux,

Cette foule de Rois, l'objet de mon courroux.

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、༤.

Malheureux! ce Sénat, dont l'orgueil t'humilie,
Le haïrois-tu tant, i tu amois Tullie?
Tout révolte en ces lieux tes fens défefperez;
Tout paroît injuftice à tes yeux égarez...
Va, c'eft trop à la fois, éprouver de foibleffe.
Etouffe ton dépit, commande à ta tendresse ?
tant de
de paffions qui déchirent ton cœur,
Soient au rang des Tirans, dont Titus eft yainqueur.

Que

Fin du Second Aite.

ACTE TROISIE ME.

JE

SCENE I.

ARONS, ALBIN, MESSALA

ARONS, une Lettre à la main.

E commence à goûter une jufte espérance,
Vous m'avez bien fervi par tant de diligence;

Tout fuccéde à mes vœux. Ouï, cette Lettre,
Albin,

Contient le fort de Rome, & celui de Tarquin.
Avez-vous dans le Camp reglé l'heure fatale?
A-t-on bien obfervé la Porte Quirinale ?

CONDS

L'affaut fera-t-il prêt, fi par nos Conjurés
Les Remparts cette nuit ne nous font point livrés?
Tarquin eft-il content? croit-on qu'on l'introduise
Ou dans Rome fanglante, ou dans Rome foumise.

AL BIN.

Tout fera prêt, Seigneur, au milieu de la nuit.
Tarquin de vos projets goûte déja le fruit;
Il pense de vos mains tenir fon Diadême;
Il vous doit, a-t-il dit, plus qu'à Porfenna même.

ARONS.

Ou les Dieux, Ennemis d'un Prince malheureux,
Confondront des deffeins fi grands, fi dignes d'eux;
Ou demain fous fes Loix Rome fera rangée;
Rome en cendre peut-être, & dans fon fang plongée:
Mais il vaut mieux qu'un Roy fur le Trône remis,
Commande à des Sujets malheureux & foumis,
Que d'avoir à dompter au sein de l'abondance,
D'un Peuple trop heureux, l'indocile arrogance.
A Albin.

Allez, j'attens ici la Princeffe en fecret.

A Meffala.

Meffala, demeurez.

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SCENE II.

ARONS. MESSALA.

ARONS.

EH bien? qu'avez-vous fait?

Avez-vous de Titus fléchi le fier courage?
Dans le parti des Rois penfez-vous qu'il s'engage?

MESSAL A.

J'avois trop préfumé ; l'infléxible Titus
Aimé trop fa Patrie, & tient trop de Brutus.
Il fe plaint du Sénat, il brûle pour Tullie.
L'orgueil, l'ambition, l'amour, la jaloufie,
Le feu de fon jeune âge, & de fes paffions,
Sembloient ouvrir fon ame à mes féductions;
Cependant qui l'eût cru? la liberté l'emporte.
Son amour est au comble, & Rome eft la plus forte.
J'ai tenté par degré d'éfacer cette horreur,

Que pour le nom de Roy Rome imprime en fon

cœur.

En vain j'ai combattu ce préjugé févere;

Le feul nom des Tarquins irritoit sa colere;
De fon entretien même il m'a foudain privé;
Et je hazardois trop fi j'avois achevé.

ARONS.

Ainfi de le fléchir Meffala défefpere.

MESSALABAD

J'ai trouvé moins d'obstacle à vous donner fon frere, Et j'ai du moins féduit un dés fils de Brutus.

ARONS...

Quoi! vous auriez déja gagné Tiberinus?
Parquels refforts fecrets? par quelle heureuse intrigue?

MESSA LA.

Son Ambition feule a fait toute ma brigue.
Avec un œil jaloux il voit depuis long-temps,
De fon frere & de lui, les honneurs différens.
Ces Drapeaux fufpendus à ces yoûtes fatales,
Ces Feftons de Lauriers, ces Pompes triomphales,
Tous les cœurs des Romains, & celui de Brutus, t
Dans fes folemnitez volant devant Titus,
Sont pour lui des affronts qui dans fon ame aigrie
Echauffent le poison de fa fecrete envie.
Cependant que Titus fans haine & fans couroux,
Trop au-deffus de lui pour en être jaloux,
Lui tend encor la main de fon Char de Victoire,
Et femble en l'embraffant l'accabler de fa gloire.
J'ai faifi ces momens, j'ai fçû peindre à fes yeux.
Dans une Cour brillante un rang plus glorieux;
J'ai preffé, j'ai promis, au nom de Tarquin même,
Tous les honneurs de Rome, après le rang fuprème;'
Je l'ai vû s'éblouir, je l'ai vu s'ébranler;

Il est à vous, Seigneur, & cherche à vous parler.

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