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courageux, exercé aux armes, environ

né d'une nobleffe prefqu'invincible, HERRI IV d'autant plus redoutable, qu'il falloit .1590. aller l'attaquer dans fa propre maifon & dans le centre de fes forces. Auffi contraint par le confeil d'Espagne de tenter l'aventure, il n'y eut point de précaution que ce prudent général fe permît de négliger. Il prit une forte armée, & la pourvut de pontons, d'artillerie, de munitions de toute espèce, pour la rendre capable de fe foutenir par elle-même. Il y établit la plus exacte difcipline. On ne partoit qu'au foleil levé; l'armée étoit couverte par fes chariots dans la marche, & tous les foirs elle fe retranchoit en arrivant. Un corps de cavalerie légère précédoit toujours pour fouiller le pays, & affurer les campemens. Afin d'ôter au foldat tout prétexte de s'écarter, les vivres étoient fournis en abondance, & les repos auffi fréquens que la néceffité des affaires pouvoit le permettre.

Comme une marche fi bien combinée demandoit du temps, le duc de Mayenne prit toujours le devant avec un corps d'environ dix mille hommes., moins dans l'efpérance d'interrompre leblocus, que pour infpirer du courage Tome III,

M

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aux Parifiens, quand ils le fauroient près

HENRI IV d'eux. Il arriva à Meaux peu de temps 1590. avant le duc de Parme, qui le joignit à la tête de fon armée le vingt-deux août.

Il arrive err

roi, & fait le

Le roi fe trouva dans un extrême préfence du embarras. Il ne fe fentoit pas affez fort ver le blocus. pour faire tête à l'armée du duc, & conferver en même temps fes poftes; mais auffi lever le blocus, c'étoit perdre en un moment le fruit de plufieurs mois de peines & de travaux. Il fallut cependant fe réfoudre à ce dernier parti, dans la crainte de tout perdre en voulant tout gagner. Le monarque raffembla fon atmée le dernier jour d'août, & prit une pofition qu'il croyoit devoir forcer le duc, ou à renoncer à la délivrance de la Capitale, ou à livrer bataille. Il envoya même la lui offrir : mais le vieux général répondit àu trompette: « Dites à votre roi que je ne fuis pas venu de »fi loin pour prendre confeil de mon ennemi je fai que mes manœuvres ne lui plaisent pas; mais s'il eft fi bon général qu'on le publie, qu'il me force au combat, car de moi-même je ne ferai point affez imprudent pour expofer au hazard d'une bataille ce que je tiens dans la main. »

Stratagéme Inftruit des difpofitions du duc, Hen

du duc.

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apporta de nouveaux foins à fermer

1590.

fi bien les chemins de Paris, que les Ef- HENRI IV. pagnols ne puffent y arriver, fans avoir auparavant rifqué une action. Cependant les Parifiens murmuroient haute

ment: les provifions entrées depuis l'ouverture de quelques paffages, loin d'appaifer la faim, n'avoient fait que l'aiguifer davantage. Ils menaçoient à grand cris de fe rendre, s'ils n'étoient promptement délivrés.

Paris.

Comme s'il n'eût pu réfifter à ces cla- Les vivres meurs, le duc de Parme fort de fon entrent dans camp le cinq feptembre, publiant qu'il va tenter le fort des armes. A cette nouvelle Henri treffaille de joie : le foldat & l'officier, enflammés de la même ardeur, brûlent d'en venir aux mains. Les deux armées s'avancent; celle du duc à pas lents, encore retardée par des haltes fréquentes. Le François, pouffé par fon impatience naturelle, s'élance au-devant de l'ennemi; mais tout-àcoup ceux-ci fe replient fur eux-mêmes; als fe dérobent par un vallon à la vue des royaliftes, prennent une pofition avantageufe, qu'ils fortifient fur le champ de foffés & de redoutes, & portent toute leur artillerie contre Lagny. Lagny, ville Gruée fur la Marne,,

étoit un pofte très-important dans les

HENRI IV. circonftances, parcequ'au deffus de cet. 1590. te place les Ligueurs avoient fait des magafins de grains confidérables, defti nés à ravitailler Paris, quand la rivière feroit libre. La même raifon engageoit le roi à faire tous les efforts pour confer ver cette ville. Si-tôt qu'il la fait affiégée, il y envoie un renfort. Il délibère enfui te s'il attaquera le duc dans fes retran chemens, ou s'il paffera la Marne pour fecourir la place. Le premier parti étoit trop hazardeux; le fecond auroit laiffe toute la plaine libre aux convois des ennemis, qui n'attendoient qu'un débouché. Pendant ces incertitudes les affauts redoublent à Lagny, la place eft empor tée fous les yeux du roi, la rivière fe couvre de batteaux chargés de bleds, & les vivres arrivent à Paris en abondance.

Efcalade tensée à Paris.

Cet événement inattendu ruinoit tous les projets du roi; il le fentit : cependant il ne pouvoit encore renoncer à fes efpérances. Avant que de perdre la Capitale de vue, il fit fur elle une dermière tentative. La nuit du neuf au dix feptembre, le monarque préfenta l'ef calade de trois côtés. Comme les Parifiens avoient eu quelques foupçons, i

les trouva fur leurs gardes. Les royaliftes repouffés lâchèrent prife. Mais HENAI IV dans la perfuafion que la première al- 1590. larme paffée, chacun avoit abandonné fon pofte pour aller se repofer, le roi prend lui-même des troupes fraiches & les ramène à l'efcalade à la pointe du jour. Déja quelques foldats franchiffoient la muraille, lorsqu'un Jéfuite & un marchand libraire qui étoient reftés fur le rempart du quartier S. Jacques,entendant du bruit, crient aux armes. Ils renversent une échelle chargée d'hommes, dont les premiers étoient prêts à s'élancer fur le parapet, & précipitent les affaillans dans le foffe. Le corps de garde fe réveille & vient à leur fecours. En un moment les tambours donnent Fallarme dans les quartiers, les bourgeois courent à leurs poftes, la garnifon borde les murs, & Henri fe retire une feconde fois, non fans remords de n'avoir pas joint plutôt l'activité des attaques, aux progrès lents du blocus. On prétendit pour lors que l'armée Fautes com royale, amolie par les délices du camp, le blocus, s'étoit plus occupée de plaifir, que des fonctions militaires. Il s'y trouvoit beaucoup de jeunes officiers. Prefque tous avoient des connoiffances dans la ville,

mifes pendant

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