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Hérétiques,le Pape auroit déclaré Henri

HENRI III. déchu de la royauté, qu'on l'auroit con1589. finé dans un monaftère, que le duc de Guife fe feroit fait déclarer par les Etats, lieutenant général du royaume, & auroit enfuite fait prendre la couronne au prince de Joinville son fils. C'est à peu près la marche de Charles Martel, qui, par fa qualité de maire du palais, fraya à Pepin le Breffon fils, le chemin au trône que le père n'osa occuper lui-même.

Il paroît fort

Que ce projet ait été formé dans le en colere con- temps, ou inventé d'après fa poffibiure Henri III. lité, il eft certain que le Pape n'en a ja

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mais rien laiffé échapper. Pour justifier l'aigreur qu'il montroit contre le roi, il prétextoit toujours l'obligation que fa place & fa confcience lui impofoient de punir un péché auffi grief, & un crime auffi fcandaleux que la mort d'un cardinal; & cependant ce n'étoit pas encore là fon vrai motif. S'il avoit été guidé par ces principes, il auroit écouté la juftification du roi, & s'il n'avoit pas été content de fes raifons, du moins il ne fe feroit pas refufé aux inftances du monarque, lorfqu'il vit fes ambaffadeurs profternés à fes pieds, lui demander pardon & absolution.

Mais, 1°, Sixte vouloit être en colè

re, afin de fe faire appaiser plus avantageufement. 2°. Il ne vouloit ni hâter HENRI III. l'abfolution, ni la refufer tout-à-fait, 1589. afin de pouvoir fe déterminer felon les circonftances: favorable au roi s'il prenoit le deffus, ou à la Ligue fi elle triomphoit. Auffi le roi de Navarre, qui avoit pénetré cette politique, difoit-il à Henri après leur réunion: Contre les foudres de Rome, il n'y a d'autres remèdes que de vaincre; vous ferez incontinent abfous, n'en doutez pas: mais fi vous êtes vaincu & battu, vous demeurerez excommunié, voire réaggravé plus que jamais,

L'action: c'étoit le feul moyen qui convînt à Henri; non feulement par rapport à la cour de Rome, mais à l'égard de fes fujets révoltés. Au lieu d'agir, le roi fe contentoit d'écrire, ou d'envoyer des agens dans les villes chancelantes, pour tacher de les retenir dans le devoir. Il répondoit aux libelles des Ligueurs, par des Apologies. Efpèce de combat toujours défavantageux au Souverain, quand il n'est pas fecondé par les armes. Pendant ce temps les principales villes du royaume fe révoltoient, les villes du fecond ordre fuivoient l'exemple des capitales, les

Tout le

royaume fe

révolte.

bourgs même & les villages prenoient HENRI III. parti; & l'étendard de la rebellion s'é1589. fevoit par tout le royaume.

trouve fans

parcis.

Henri III fe Il ne reftoit prefque point de plapuillance en- ces, point de provinces, qui ne fuffent tre les deux ou fubjuguées par la Ligue, ou entre les mains des Calviniftes. D'ailleurs l'orage groffiffoit du côté de Paris. A la vérité le duc d'Aumale voulant fecourir Orléans, que le roi preffoit, s'étoit laiffé battre ; mais malgré ce premier fuccès, Henri perdit cette ville, & le duc de Mayenne étoit prêt à fe préfenter avec une armée plus redoutable. Le reste du Parlement préfidé par le préfident Briffon, pendant la prifon de fes principaux membres, venoit d'enregistrer & de munir du fceau de l'autorité publique, le titre de lieutenantgénéral du royaume donné à Mayenne, par le confeil général de l'union. A la vérité Harlai de Sanci amenoit au fecours du roi une armée de Suiffes, que ce fidéle ferviteur leva fur fon crédit; mais ces troupes ne devoient point arriver fi-tôt, & il étoit poffible qu'en les attendant, Henri fût enlevé à Tours, où il s'étoit retiré, prefque fans troupes, avec les fugitifs du Parlement de Paris, de la chambre des Comptes, de la cour

des

1589.

des Aides & des autres cours Souverai-
nes, que le roi déclara être les feules HENRI III.
légitimes, caffant & annullant tout ce
qui feroit fait déformais par les mem-
bres reftés à Paris. Cette pofition criti-
que donna lieu à la négociation, qui

sentama avec le roi de Navarre.
Ce prince pendant les états de Blois,
tenoit lui-même une affemblée des égli-
fes à la Rochelle. On y conclut de con-
tinuer la guerre. Bourbon néanmoins
écrivit aux états,leur propofant des expé-
diens qui pourroient conduire à la paix
mais fa lettre ne fut pas feulement regar-
dée. Il fe mit donc en campagne & con-
tinua fes expéditions militaires dans le
Poitou & la Xaintonge'; toujours barré
par le duc de Nevers, que le roi avoit
envoyé contre lui; mais remportant
toujours quelques avantages qui lui
faifoient gagner du terrein.

Une maladie dangereuse interrompit fes exploits. Il fut réduit à la dernière extrémité, prêt à defcendre dans le tombeau,ce prince magnanime n'avoit de regret que celui de ne pouvoir tirer de Poppreffion les François,qui gémifloient fous la tyrannie de la Ligue. Dieu le rendit au befoin de la France. Ce fut peu de jours avant fa maladie, qu'il apprit la

Tome III.

Le roi de ue de vai

Navarre con

cre.

mort du duc de Guife. Il ne s'en réjouit,

HENRI III. ni ne s'en affligea trop grand pour 1589. triompher du malheur d'un ennemi eftimable à bien des égards; trop fincère, pour ne pas s'avouer heureux d'être débarraffe d'un adversaire fi redoutable.

Il avance

Il fut alors queftion de fe tracer un vers le roi. plan d'opérations, convenable aux cirMémoires conftances. Le duc de Nevers avoit été de Mornay. 16 5. rappelé au fecours du roi, & Bourbon ne fe voyant plus d'armée fur les bras, avoit deffein de faire le fiége de Xaintes, & de Brouage: Cela eft bon, lui dit le fidéle Mornay, fi nous avons à vieillir dans ces marais; mais fi vous devez un jour être roi de France, il faut porter vos deffeins ailleurs. Le plus court de ces deux fiéges vous retiendra deux mois, & pendant ce temps, la France eft perdue; mais mettez-vous en campagne, avec toutes vos troupes & canons, faites des entreprises, tournez vers la Loire, attaquez des places comme Saumur & autres; le roi preffé des deux côtés, ne pourra fe déterminer à traiter avec Mayenne, les mains encore teintes du fang de fes frères, & il fera forcé de fe jeter entre vos bras. Ce qui arriva.

Il prépare les Mais il falloit une extrémité auffi efprits à la preffante que celle où Henri étoit ré

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