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De Thou

Davila,

Mém. de

tome III.

duit, pour le déterminer même à une trève avec les Hérétiques, lui qui venoit HENRI III de promettre par l'édit d'union, de ne 1589. jamais entrer en accommodement avec réunion, par eux. Dans le deffein de hårer cette des écrits. union, le roi de Navarre publia le qua- tiver tre Mars un écrit touchant, dans lequel ifrendoit compte de fes difpofitions. liv. x. Après les proteftations de la plus fincère tendreffe pour le roi, & d'atta- la Ligue, chement à la France, il déploroit en termes énergiques fon malheur d'être obligé de porter les armes contre fa patrie. Plût à Dieu, difoit-il, que je n'euffe jamais été capitaine, puifque mon apprentissage devoit fe faire aux dépens de la France! Je fuis prêt de demander au roi mon feigneur, la paix, le repos de fon royaume, & le mien..... On m'a fouvent fommé de changer de religion; mais comment ? la dague à la gorge..... Si vous defirez fimplement mon falut, je vous remercie: fi vous ne defirez ma converfion, que par la crainte que vous avez qu'un jour je ne vous contraigne, vous avez tort. Il fomme enfuite les Catholiques de parler, de porter témoignage contre lui, fi Jamais il les a maltraités, & proteste d'avoir les mêmes égards dans la fuite.

*

Les promeffes du roi de Navarres, HENRI III. dont la lincérité n'étoit point fufpecte, 1589. faifoient inciiner en cour tous les efprits On la négocie à a réunion, excepté celui de Henri III, qui ne pouvoit fe perfuader, qu'à force d'argent, de dignités, d'offres de toute espèce, il ne viendroit point à bout de défarmer le duc de Mayenne. Il y employa le légat lui même Morofini, prélat plein de candeur & de bonnes intentions, qui échoua. Henri laif foit le duc maître des conditions. I fe lioit, s'enchaînoit, fe foumettoit à tout, pourvu qu'on mît bas les armes. Ses propofitions furent rejetées durement. Les bons François frémiffoient de dépit à la vue de cette foibleffe du roi Enfin, ou le détermina à ne plus s'hu milier devant des ennemis infolens, & à appeller le roi de Navarre. Le duc d'Epernon qui s'étoit lié à Bourbon pendant fa disgrâce, revenu en cour, avec toutes les marques de l'ancienne faveur, contribua beaucoup à cette réu nion. Mais la perfonne qui y travailla le plus efficacement, fut Diane légitimée de France, ducheffe d'Angoulê me, fœur naturelle de Henri III.

On la con

clut.

Cette princeffe avoit toujours mar qué une affection particulière pour le roi

1589. Le Lab. fur

Caftelnau.

de Navarre, fouvent même, elle avertit ce prince des pièges qu'on lui tendoit. HENRI III. Dans cette occafion, elle fe fervit utilement du crédit que lui donnoient fes fervices auprès de Bourbon, & de fon afcendant fur fon frère, pour établir la confiance & diffiper les ombrages réci proques. Les conditions furent l'ouvra ge des miniftres, de part &d'autre...

Elles fe réduifirent à trois; qu'il y auroit trève entre les deux rois pour un an, à commencer le trois Avril; qu'ils feroient de concert la guerre au duc de Mayenne; que le roi de Navarre auroit pour fa fûreté la ville de Saumur, pallage important fur la Loire. Ce dernier article fouffroit des difficul rés. Le roi de France ne voulut pas donner une plage fi confidérable. I propofoit les ponts de Cé, près d'An gers; mais le defordre qui régnoit alors aida à finir ce débat... zi

.2.0

T

Les gouverneurs une fois en poffef→ *1 fion de leurs places, les regardoient comine un bien qui leur appartenoit;. de forte que quand le roi vouloit les entiger, il tallpit acheter leur démiffion. On agit fur la connoiffance de cet usage"; dęs miniftres de Bourbon donnèrent avis au gouverneur des ponts

— de Cé, que le roi avoit besoin de for HENRI III. château, & ne pouvoit s'en paffer. En 1589. conféquence le gouverneur porta fa démission à un prix exorbitant. En même-temps on fit paffer de l'argent à celui de Saumur, à condition qu'il lâcheroit la main, quand le roi traiteroit avec lui. Et Henri trouvant meilleur marché de celui-ci conclut pour Saumur.

Tout arrêté & figné, le roi demanda encore quinze jours, avant de rendre fon accord public, dans l'efpérance d'obtenir pendant ce délai, quelques conditions fupportables du duc de Mayenne, auprès duquel le légat tras vailloit avec ardeur. Cé malheureux prince ne fut détrompé que quand il fe vit prêt à être invefti dans Tours partes troupes de la Ligue. Il n'y eut plus alors à différer; il fallut appeler le roi de Navarre. L'entrevue Te fit au château du Pleffis-les-Tours le dérnier Avril, Entrevue des Si Bourbon eût écouté quelques-uns de fes plus fidéles amis, & fes propres Cayet, t. I. répugnances, il n'auroit pas hafardé fa vie entre les mains du roi, dont il Ligue, tome avoit tant de fujets de fe défier: & par III. cette timide prudence peut-être fe feMémoires roit-il fermé le chemin au trône; máis de Mornay. il s'abandonna à sa fortune j & n'eut

deux rois.

P. 185.

Mém, de la

◄.667.

pas lieu de s'en repentir. Le maréchal d'Aumont, vieux guerrier, plein de pro- HENRI III. bité & de franchise, étoit médiateur 1589. de l'entrevue, & comme caution de la bonne-foi du roi. Il eut bien de la peine à furmonter les craintes des feigneurs attachés à Bourbon, qui ne croyoient jamais avoir pris affez de précautions ; & déja Henri III commençoit à fe piquer de tant de défiances, lorfque le roi de Navarre arriva dans le parc du château, où Henri se promenoit en l'attendant.

De toute fa troupe, nul n'avoit de manteau & de panache que lui. Tous avoient l'écharpe blanche, & lui vêtu en foldat, le pourpoint ufé fur les épau les & aux côtés, de porter la cuiraffe, le haut de chauffe de velours, feuille morte, le manteau d'écarlate, le chapeau gris, avec un grand panache blanc, où il y avoit une très-belle médaille. Les deux rois furent long-temps en préfence, fans pouvoir s'approcher à caufe de la foule. Enfin, Bourbon fe jeta aux pieds de Valois, prononçant quelques paroles de foumillion & de refpect, dont le défordre étoit plus expreffif que n'auroit été l'éloquence d'un difcours fuivi. Henri III le releva, l'embraffa, l'appela fon frère; ils conversè

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