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zèle inconfidéré, mettent en piéces le

HENRI 111. meurtrier, & enlèvent par fa mort le 1589. moyen de connoître les complices.

La bleffure

mortelle.

Quelques fymptômes favorables fieft reconnue rent d'abord conjecturer que la bleffure ne feroit pas dangereufe, & on l'écrivit ainfi par ordre du roi à tous les gouverneurs de province; mais dès le foir elle fut jugée mortelle. Henri montra à fa dernière heure les difpofitions les plus chrétiennes; il fe confeffa, demanda l'abfolution des cenfures renfermées dans le monitoire du Pape, & reçut la communion.

proclame

varre fon fuecafkura

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Quand il eut mis ordre aux affaires le roi de Na- de fa confcience, il fit ouvrir les portes de fa chambre. Autour de fon lit fe rangèrent les principaux feigneurs du royaume. Il leur dit que fa feule peine en mourant, étoit de laiffer la France dans un fi trifte état; qu'il avoit appris dès l'enfance à l'école de J. C. à par donner, & qu'il ne defiroit pas qu'on vengeât fa mort. Il exhorta enfuite tous Jes affiftans à reconnoître après lui le roi de Navarre. Il dit que lui feul avoit droit au trône, qu'il ne falloit pas s'arrêter à la différence de religion; que ce prince, d'un naturel franc & fincère rentreroit tôt ou tard dans l'Eglife.

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Puis le faifant approcher, il jeta fes bras à fon col, le tint long-temps pref- HENRI III fé contre fon fein, les 1589. yeux levés au ciel, comme s'il eût prié pour lui, & lui dit: Soyez certain, mon cher beau frère, que jamais vous ne ferez roi de France,fi vous ne vous faites Catholique.

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Il meurt &

A cette fcène attendriffante, toute l'affemblée fondit en larmes; on n'en- eft regretté. tendoit que foupirs & fanglots. Henri, foible roi, mais bon ami, excellent maître, étoit chéri comme un père par tous ceux qui l'approchoient. Il fallut une malice auffi profonde que celle des chefs de la Ligue, pour le faire détefter de fes peuples. On a vu dans le cours de. l'hiftoire comment des défauts, qui auroient été fans conféquence dans un particulier, chargèrent de la haine publique un monarque fait pour être adoré de fon peuple. Toutes les actions mal interprétées, prirent aux yeux du plus grand nombre de fes fujers, la couleur que vouloient lui donner fes ennemis. On ne vit dans fes dévotions leur bifarrerie; dans fes libéralités, que leur profufion; dans fa patience, qu'un excès de timidité; dans fa politique, trop circonfpecte, que de la fraude & de la mauvaise foi. On commença par

que

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Henri IV &

le méprifer, & on finit par le hair.

Mais au moment d'une mort si tragique, la pitié effaça le fouvenir de fes défauts. On ne fe fouvint plus que de fes vertus. Sa bonté fur-tout, fon affabilité, cette douceur qui ouvroit fi aifément fon ame aux épanchemens de la confiance & de l'amitié; sa bienfaifance naturelle, & fes autres qualités eftimables, le firent regretter fincèrement. Henri eut la confolation de voir couler des larmes véritables. Il expira le deux août, âgé de trente-huit ans, entre les bras de fes ferviteurs, perfuadé par leurs regrets, que fes fautes ne lui avoient pas enlevé tous les cœurs.

LIVRE SEPTIEME. HENRI de Bourbon roi de Navarre, HENRI IV. entra dans la chambre de Henri, au 1589. moment que ce prince venoit de rénRegrets de dre l'efprit. Il fe jetta fur le corps fande l'armée, à glant, l'embraffa avec transport, puis la mort de le relevant, il dit d'un air pénétrẻ & le cœur gros de foupirs: Les larmes ne le feront pas revivre. Les vraies preuves d'affection & de fidélité font de le venger,pour moi j'y facrifierai ma vie,

Henri III.

Math. 1.11.

t. I, p. 1.

nous fommes tous François, & il n'y a rien, qui nous diftingue au devoir que HENRI IV. nous devons à la mémoire de notre roi, 1589. & au fervice de notre patrie. Plufieurs feigneurs & capitaines tombèrent à fes genoux, & lui baisèrent la main en figne d'engagement à le seconder. On propofa d'élever un catafalque fur le pont de Saint-Cloud, d'y faire défiler l'armée, & jurer à chaque foldat fur le corps du monarque de le venger; de fondre enfuite fur Paris avec ces troupes dévouées pour ainfi dire à la mort par cette action; d'y porter le fer & le feu, & de maffacrer le confeil de l'union, les feize, tous les Ligueurs, qui, autant que l'affaffin, avoient plonge le poignard dans le fein de leur roi.

Joie des Ligueurs.

II.

Cayet, t.

Satire de Ménippée

Ils auroient bien mérité ce traitement, encore trop doux, pour les excès auxquels ils fe livrèrent, quand ils apprirent la mort de Henri III. La ducheffe de Montpenfier fauta au col de celui qui lui en apporta la première page 147. nouvelle. Elle s'écria tranfportée de joye? Ha mon ami, foyez le bien venu! Mais eft-il bien vrai au moins ce méchant, ce perfide, ce tyran eft-il mort? Dieu que vous me faites aife! Je ne fuis marrie que d'une chofe, c'est qu'il

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n'ait fu, avant mourir, que c'est moi

HENRI IV. qui l'ai fait faire. Elle monta enfuite 1589. en caroffe avec fa mère, & fe

Partage d'o

promena dans les rues de Paris, criant bonnes nouvelles ; & excitant le peuple à se réjouir. On alluma des feux de joie : les prédicateurs firent l'éloge de Jacques Clement, qu'il appeloient faint martyr. On couroit en foule voir fa mère, pauvre villageoife, que la ducheffe de Montpenfier avoit reçue chez elle. Le confeil d'union lui fit une penfion : & les féditieux harangueurs des feize eurent l'effronterie de lui appliquer, comme ils avoient fait à la mère des Guifes, ces paroles de l'écriture, Heureux le ventre qui t'a porté, & benies foient les mamelles, qui t'ont allaité! Sixte V combla de louanges en plein confiftoire le crime affreux du parricide. Il s'échappa jufqu'à le comparer pour l'utilité à l'incarnation & à la réfurrection du Sauveur, & pour l'héroïfme aux actions de Judith & d'Eléafar. Cette déclamation scandaleuse, fut puiffamment réfutée par des écrits qui joignent trop d'aigreur aux raifons.

Tout ceci n'arriva que fucceffivepinions fur le ment. C'étoit dans l'armée qui affiégeoit droit de Hen- Paris, que les événemens se preffoient.

ki IV au trône,

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