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HENRI IV.
1589.
Mém. de la
Ligue. t. IV.

Le Labour.

tome II.

Matthieu,

t. III,l. II, P. 253.

Qu'on le repréfente Henri IV, milieu de ce gros corps, compofé des meilleurs guerriers & de la principale nobleffe du royaume, auffi divifés d'intérêts que de religion : les uns attachés perfonnellement au nouveau monarque, lui juroient une fidélité inviolable: Sire, dui difoit Givry; vous êtes tome II. le roi des braves, & ne ferez aban- D'Aubigné, donné que des poltrons. Les autres incapables d'égards & de ménagemens; comme gens forcenés, en préfence du roi lui-même, enfonçoient leurs chapeaux, les jetoient par terre, crioient, heurloient, fermoient les poings, complotoient fe touchant dans la main, formant des vœux & promeffes, dont on oioit pour conclufions: Plutôt mourir que d'avoir un roi Huguenot. Mais les tranfports de ces zélés étoient moins à craindre, que le filence fombre des grands, qui, tantôt féparés, tantôt réunis, paroiffoient méditer quelque projet important.

Lá vraie caufe de l'embarras qu'on caule de cet remarquoit dans leur contenance, eft te diverfité, que chacun vouloit profiter de l'occafion & faire acheter au nouveau monarque fa foumiffion par des graces. Quelques-uns eurent l'impudence de

mettre ouvertement un prix à leur fi

HENRI IV. délité. D'autres moins effrontés for1589. moient des difficultés, afin d'entamer

Henri tient ferme.

Mém, de la

une négociation ou de fe faire offrir ce qu'ils n'ofoient demander.

Le roi dévoré de foupçons tenoit confeil avec fes miniftres, incertain Ligue.t.IV. s'il devoit confier fa fortune & fa vie à une armée, dont les principaux chefs lui étoient fufpects à tant de titres, ou s'il devoit fe retirer avec fes meilleures troupes, dans les provinces outre Loire, où étoit le plus grand nombre de fes partifans. Chaumont fieur de Guitry, un de fes capitaines, le détermina pour l'avis le plus honorable, quoique le plus dangereux; il lui fit fentir que s'il fe reléguoit au-delà du grand fleuve, qui partage le royaume, les Ligueurs feroient aifément croire qu'il défefpéroit lui-même de fa caufe, & que ces bruits répandus avec adreffe porteroient un coup mortel à fon parti. Cette réflexion engagea le roi à tenir ferme. :

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Ses courtifans s'employerent vivement à gagner les troupes & leurs chefs. Harlay de Sancy amena aux pieds du monarque les Suiffes, dont le bon exemple entraîna le corps de l'armée. Plufieurs princes & feigneurs, honteux

d'avoir

15894

davoir balancé,revinrent d'eux-mêmes; ils tinrent une affemblée dans laquelle HENRI IV quelques-uns, encore indéterminés, proposèrent de remettre l'élection d'un roi à l'affemblée des états, qui devoient être convoqués inceffamment & en attendant de nommer le roi de Navarre

feulement généraliffime; mais le plus grand nombre conclut à reconnoître Henri de Bourbon, héritier légitime de la couronne, & à lui prêter ferment de fidélité.

A quelles

En conféquence de cette décifion, on fit jurer au roi de conferver dans conditions. le royaume la religion Catholique, Apoftolique & Romaine, de fe faire inftruire, de fe foumettre à la décifion d'un concile général, ou national, qui feroit affemble dans fix mois, & de pourfuivre contre les affaffins du feu Toi la vengeance de fa mort. Après cet engagement folemnel de la part de Henri, les princes, les grands officiers de la couronne, les feigneurs & les gentilshommes, qui fe trouvoient alors à la cour, lui rendirent hommage, comme à leur légitime Souverain, & jurètent de facrifier leurs biens & leurs wies à fon fervice.

Tous ne fe portèrent point avec la Quelques
Tome IIL

H

même affection à l'accompliffement de

HENRI IV. cette promeffe. Le duc d'Epernon fa1589. vori de Henri II, fous prétexte d'une feigneurs l'a affaire de famille pour laquelle il avoit bandonment, déja obtenu un congé du feu roi,

Il met ordre à toutes les affaires.

fe retira dans fon gouvernement d'Angoulême avec toutes les troupes. On Jui fuppofa des vues fecretes d'ambi→ tion, comme l'efpérance de fe rendre indépendant à l'aide des troubles, qui alloient agiter le royaume. D'autres attribuèrent fa retraite à vanité & à dépit de fe voir réduit à ne jouer qu'un rôle inférieur dans la nouvelle cour, après avoir joué le premier avec tant d'empire dans l'ancienne. Plufieurs feigneurs l'imitèrent & quittèrent l'armée fous des prétextes auffi frivoles. Mais il n'en paffa prefqu'aucun dans le parti oppofe. Le roi fit bonne contenance, parut indifférent fur cette défertion, & dit publiquement qu'il permettoit à tous les mécontens de fe retirer: qu'il aimoit mieux cent François bien intentionnés, que deux cents, dont l'attachement lui feroit suspect.

Il mit enfuite ordre aux affaires du royaume. Les gouverneurs des provinces, les commandans de villes, les magiftrats, tous ceux qui avoient be

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1589.

foin de l'attache du nouveau roi, pour continuer leurs fonctions, furent con- HENRI IV. firmés. Il écrivit des lettres circulaires aux Parlements & aux autres tribunaux. Il convoqua les états généraux à Tours pour le mois d'Octobre, & en même temps partagea les troupes, qui lui reftoient, en trois corps. Le premier fut donne au duc de Longueville, gouverneur de Picardie, pour s'oppofer aux Efpagnols, qui menaçoient cette province; le fecond au duc d'Aumont, pour contenir la Champagne : avec le troifième le roi gagna la Normandie, où il devoit être joint, par les troupes auxiAiaires d'Angleterre.

des rebelles.

Mém. de

pag. 20

Cependant les feize & le peuple des Difpofitions Ligueurs continuoient à fe déchaîner infolemment contre la mémoire de Villero. Henri III, contre Henri IV, qu'ils t. I, p. 247. appelloient par dérifion, le Navarrois, Matthieu, le Bearnois; & les chefs travailloient t. II. liv. E efficacement à profiter de cette fureur. De la formidable maison de Guife, il he reftoit en état de figurer, que le duc de Mayenne, frère des deux tués à Blois. Le duc de Guife fils aîné du héros de la Ligue, avoit été arrêté au moment de la mort de fon père, & quoiqu'il fût encore très-jeune, on le gardoit foi

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