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gneusement dans le château de Tours.

HENRI IV. Pour les frères puînés, ils fortoient à 1589. peine de l'enfance. Mayenne naturellement modéré dans fes vues, modeste dans fes defirs, fait pour être bon citoyen & fujet fidéle, devint par le concours des circonftances, rebelle & chef de parti; tous ceux qui l'environnoient lui fouffloient l'efprit de trouble & de révolte. Sa mère lui redemandoit fes fils maffacrés à Blois. La veuve du duc le rendoit refponfable du fang de fon époux, s'il ne pouffoit la guerre. La furieufe Montpenfier, fa fœur, crioit encore vengeance, & non contente de l'affaffinat du roi, elle auroit voulu faire reffentir à tous les royaliftes les tranfports de la haine qui l'animoit contre leur chef. De leur côté les Ligueurs conjuroient le duc de ne les pas. abandonner à la merci d'un roi Hérétique. Les moins belliqueux paroiffoient trouver du courage en cette occafion. Tout Paris étoit en armes : les levées fe faifoient avec le plus grand fuccès dans les provinces. Dom Bernardin de Mendose, envoyé d'Espagne, montroir à Mayenne les tréfors de fon maître ouverts, & fes bataillons prêts à marcher au fecours de la religion.

Tant de motifs, tant d'efpérances empêcherent le duc de prêter l'oreille HENRI IV. aux propofitions d'accommodement,

de Bourbon déclaré roi

Journal de

Henri IV.

tome I.

1589. que Henri IV lui fit faire fous main, Le cardinal au moment même de la mort de Henri III. Jeannin préfident au Parlement de par la Ligue. Bourgogne, homme de grand fens,& inviolablement attaché à la maifon de Guife, donna pour lors à Mayenne un confeil, dont l'exécution auroit fort embarraffé le nouveau roi : c'étoit d'appeller les princes, les pairs, les principaux officiers de la couronne à la tête des deux armées, & de fommer Henri de fe faire Catholique, faute de quoi, on l'auroit déclaré déchu de ses droits au trône. Mayenne goûta peu cet avis, craignant que les royaliftes au contraire ne gagnaflent les autres, & qu'il ne fe vît abandonner lui-même. Quelquesuns lui proposèrent auffi de fe faire roi; il ne le voulut pas non plus. Mais le fept Août il fit proclamer roi, fous le nom de Charles X, le vieux cardinal de Bourbon, qui étoit alors prifonnier entre les mains de Henri IV fon neveu; & il prit lui-même le titre de lieutenantgénéral du royaume : enfuite, pendant que fon armée fe formoit, il alla concerter les opérations de la guerre, avec

le duc de Parme, commandant en Flan

HENRI IV. dre pour les Efpagnols, & revint à 1589. Paris, d'où il fortit à la fin d'Août à la tête de plus de vingt-cinq mille hommes, publiant qu'il alloit prendre le Bearnois.

τοί.

Mayenne

Journal de

liv. I.

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Mém. de la

Henri IV en partageant fon armée, pourfuit le n'avoit gardé qu'environ sept mille hommes. Il n'étoit pas à préfumer que Henri IV, eette poignée de monde tînt contre les forces de la Ligue : néanmoins le moLigue, tom. narque ne défefpéra pas, & en attenIV. p. 287. dant que les Anglois, avec les troupes de Picardie & de Champagne, qu'il avoit rappelées puffent le joindre, il fe fortifia auprès de Dieppe à l'extrêmité du pays de Caux, refolu d'y foutenir les premiers efforts de l'ennemi.

Combat d'Ar

ques.

Mayenne s'achemina lentement, & ne parut à la vue du camp royal, qu'au milieu de Septembre, il y resta jusqu'au x Octobre, & pendant cet intervalle il livra plufieurs affauts. Le plus meurtrier fut le vingt-un Septembre, du côté du village d'Arques, d'où ce combat a pris fon nom.

Le duc y employa tout ce que la fcience militaire peut imaginer d'expé Mém.d'An diens, dans une attaque dangereufe; & le roi tout ce que Fintrépidité peut

goulême.

1589.

fournir de reffources dans une défense difficile. Preffé de toutes parts, il fe HENRI IV. montroit par-tout; tantôt il fe tenoit ferme dans fes lignes, tantôt il en fortoit à la tête de fa cavalerie, à la pour. fuite des fuyards.

Les ennemis ne pénétrèrent qu'une fois dans les retranchemens, encore ne fut-ce que par furprise. Il y avoit des lanfquenets dans les deux armées; ceux de la Ligue, étant un jour chargés foit exprès, foit par hafard, de l'attaque d'un pofte défendu par leurs compatriotes, s'approchent les armes baffes, comme s'ils vouloient fe rendre. Les royaliftes trompés leur tendent la main, pour les aider à monter fur le revers du foffé; mais les traîtres n'y font pas plutôt, que fondant avec impétuofité fur ces foldats furpris & déconcertés, ils les chaffent de leur pofte, & leur enlèvent trois drapeaux. Heureu→ fement des troupes fraiches accouru→ rent au fecours des fuyards; les Reitres de Mayenne furent à leur tour culbu tés du haut du foffe ; mais on ne recouvra pas les drapeaux, dont les Ligueurs fe parèrent comme d'un trophée légitime.

A cette même action, qui fut très→→

- chaude, le roi fe trouva dans le plus HENRI IV. grand danger. Emporté par l'ardeur 1589. du combat, il s'étoit engagé entre deux corps confidérables de cavalerie. Se voyant prefqu'invefti, il s'écria d'un ton de défefpoir: Eh quoi! n'y aurat-il pas dans toute la France, cinquante gentilshommes, qui aient affez de réJolution, pour mourir avec leur roi? Courage, Sire, lui cria Chatillon, nous voici prêts à mourir avec vous; en difant ces mots, il charge les efcadrons oppofés & dégage le roi. Il y eut, les jours fuivans, d'autres efcarmouches auffi peu avantageufes, pour le duc de Mayenne: ce qui le détermina à décamper. Il gagna la Picardie, d'où il devoit fe rendre en Flandre, pour y prendre de nouvelles mefures avec les Espagnols.

Parifiens.

Bereurs des Tant que durèrent les attaques du camp d'Arques, les émiffaires des Ligueurs répandoient dans Paris les nouvelles les plus avantageufes au parti. On faifoit venir de Dieppe des couriers qui publioient que le camp du roi étoit invefti, qu'il ne pouvoit échaper, & que le duc de Mayenne alloit l'amener dans la capitale en triomphe lié & garrotté. Cette nouvelle s'acrédita fi

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