Imágenes de páginas
PDF
EPUB

efprit n'être pas un fot, ni un fat, ni Homme, un impertinent.

De

* Un homme qui n'a de l'efprit que dans une certaine médiocrité, est sérieux & tout d'une piece, il ne rit point, il ne badine jamais, il ne tire aucun fruit de la bagatelle: auffi incapable de s'élever aux grandes chofes que de s'accommoder même par relâchement des plus petites, il fait à peine jouer avec fes enfans.

*`Tout le monde dit d'un fat, qu'il eft un fat, perfonne n'ofe le lui dire à lui-même : il meurt fans le favoir, & fans que perfonne s'en foit vengé.

* Quelle méfintelligence entre l'efprit & le cœur! Le Philofophe vit mal avec tous fes préceptes; & le Politique rempli de vûes & de réflexions ne fait pas le gouverner.

* L'efprit s'ufe comme toutes chofes; les Sciences font fes alimens, elles le nourriffent & le confument.

*Les petits font quelquefois chargés de mille vertus inutiles: ils n'ont pas de quoi les mettre en œuvre.

* Il fe trouve des hommes qui foutiennent facilement le poids de la fa

veur & de l'autorité, qui fe familia- CHAP.
rifent avec leur propre grandeur, & XI.
à qui la tête ne tourne point dans les
poftes les plus élevés. Ceux au con-
traire que la fortune aveugle, fans
choix & fans difcernement, a comme
accablés de fes bienfaits, en jouïffent
avec orgueil & fans modération :
leurs yeux, leur démarche, leur ton
de voix & leur accès marquent long-
tems en eux l'admiration où ils font
d'eux-mêmes, & de fe voir fi émi-
nens; & ils deviennent fi farouches,
que leur chûte feule peut les appri-
voifer.

* Un homme haut & robufte, qui a une poitrine large & de larges épaules, porte légerement & de bonne grace un lourd fardeau, il lui refte encore un bras de libre, un nain feroit écrafé de la moitié de fa charge: ainfi les poftes éminens rendent les grands hommes encore plus grands, & les petits beaucoup plus petits.

*Il y a des gens qui gagnent à être extraordinaires : ils voguent, ils cinglent dans une mer où les autres échouent & fe brifent: ils parviennent, en bleffant toutes les régles de C2 par

[ocr errors]

l'Homme.

parvenir : ils tirent de leur irrégularité De & de leur folie tous les fruits d'une fageffe la plus confommée; hommes dévoués à d'autres hommes, aux Rois à qui ils ont facrifié, en qui ils ont placé leurs dernieres efperances, ils ne les fervent point, mais ils les amufent les perfonnes de mérite & de fervice font utiles aux Rois, ceux-ci leur font néceffaires, ils blanchiffent auprès d'eux dans la pratique des bons mots, qui leur tiennent lieu d'exploits dont ils attendent la récompenfe : ils s'attirent à force d'être plaifans, des emplois graves, & s'élevent par un continuel enjouement jufqu'au férieux des dignités ; ils finiffent enfin, & rencontrent inopinément un avenir qu'ils n'ont ni craint ni efperé. Ce qui refte d'eux fur la terre, c'eft l'exemple de leur fortune, fatal à ceux qui voudroient le fuivre.

* L'on exigeroit de certains perfonnages qui ont une fois été capables d'une action noble, héroïque, & qui a été fûe de toute la terre, que fans paroître comme épuifés par un fi grand effort, ils euffent du moins dans le refte de leur vie cette conduite fage

&

XI.:

& judicieufe qui fe remarque même CHAP. dans les homines ordinaires, qu'ils ne tombaffent point dans des petiteffes indignes de la haute réputation qu'ils avoient acquife, que fe mêlant moins dans le peuple, & ne lui laiffant pas le loifir de les voir de près, ils ne le fiffent point paffer de la curiofité & de l'admiration, à l'indifférence & peutêtre au mépris.

* Il coûte moins à certains hommes de s'enrichir de mille vertus, que de fe corriger d'un feul défaut : ils que ce vice eft souvent celui qui convenoit le moins à leur état, & qui pouvoir leur donner dans le monde plus de ridicule : il affoiblit l'éclat de leurs grandes qualités, empêche qu'ils ne foient des hommes parfaits, & que leur réputation ne foit entiere. On ne leur demande point qu'ils foient plus éclairés & plus amis de l'ordre & de la discipline, plus fidéles à leurs devoirs, plus zélés pour le bien public, plus graves on veut feulement qu'ils ne foient point amoureux.

font mêmes fi malheureux ch

Quelques hommes dans le cours de leur vie font fi différens d'eux mêmes

[blocks in formation]

De

par le cœur & par l'efprit, qu'on eft Homme. für de fe méprendre, fi l'on en juge feulement par ce qui a paru d'eux dans leur premiere jeuneffe. Tels étoient pieux, fages, favans, qui par cette molleffe inféparable d'une trop riante fortune ne le font plus. L'on en fait d'autres qui ont commencé leur vie par les plaifirs, & qui ont mis ce qu'ils avoient d'efprit à les connoître, que les difgraces enfuite ont rendu religieux, fages, temperans. Ces derniers font pour l'ordinaire de grands fujets & fur qui l'on peut faire beaucoup de fonds ils ont une probité éprouvée par la patience & par l'adverfité: ils entent fur cette extrême politeffe que le commerce des femmes leur a donnée, & dont ils ne fe défont jamais, un efprit de régle, de réflexion, & quelquefois une haute capacité, qu'ils doivent à la chambre & au loifir d'une mauvaise fortune.

[ocr errors]

Tout notre mal vient de ne pouvoir être feuls de là le jeu, le luxe la diffipation, le vin, les femmes, l'ignorance, la médisance, l'envie, l'oubli de foi-même & de Dieu.

* L'homme femble quelquefois ne

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »