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avoir dévoué fes filles à la mort pour le falut de l'état, par le confeil de l'Oracle.

LÉPRÉAS ou LÉPRÉUS, fils de Glaucon & d'Aftydamie, & petit-fils de Neptune, avoit comploté avec Augias de lier Hercule, lorfqu'il demandoit la récompenfe de fon travail, felon la promeffe faite par Augias. Depuis ce tempslà, Hercule cherchoit l'occafion de fe venger; mais Aftydamie reconcilia Lépréas avec le héros. Après cela, Lépréas difputa avec Hercule à qui joueroit mieux au difque, à qui puiferoit plus d'eau en un certain temps, à qui auroit plutôt mangé un taureau d'égal poids, & à qui boiroit davantage: dignes exercices d'un héros! Hercule remporta partout la victoire. Enfin Lépréas, plein de vin & de colère, ayant de nouveau défié Hercule, fut tué dans le combat (a).

LERNE, c'est l'ancien nom d'un lac dans le territoire d'Argos, dont le circuit n'a guères plus d'un tiers de ftade (b), dit Paufanias. Ce lac eft renommé dans les anciens poëtes, à caufe de l'hydre de Lerne. Cette hidre étoit un monftre à plufieurs têtes; les uns

(a) Dans Athénée, liv. 10.

on

lui en donnent fept, d'autres neuf, & d'autres cinquante. Quand on en coupoit une, en voyoit autant renaître qu'il en reftoit après celle - là, à moins qu'on n'appliquât le feu à la plaie. Le venin de ce monftre étoit fi fubtil, qu'une fléche qui en étoit frotée, donnoit infailliblement la mort. Cette hidre faifoit un ravage incroyable dans les campagnes & dans les troupeaux. Hercule reçut ordre d'Euryfthée d'aller combattre ce monftre: il monta fur un char; Iolas lui fervit de cocher. Junon voyant Hercule prêt à triompher de l'hidre, avoit envoyé à fon fecours un cancre marin, qui le piqua au pied. Hercule l'ayant auffi-tôt écrasé, la Déeffe le plaça parmi les aftres, où il forme le figne de l'écreviffe ou du cancer. L'hidre fut tué enfuite fans obftacle. Ce fut un des travaux d'Hercule. On dit qu'Euryfthée ayant fçu qu'Iolas avoit accompagné Hercule dans le combat, ne voulut pas admettre celui-ci pour un des douze travaux auxquels le deftin avoit affujetti le héros. Quelques mythologues avoient dit que les têtes de l'hidre étoient d'or, fynbole de la fertilité qu'Her

(b) Le stade est environ la vingt-quatrième partie d'une de nos lieues.

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cule procura à un lieu inac ceffible. Euripide dit auffi que la faux dont fe fervit ce héros, pour couper les têtes de ce monftre, étoit d'or. Paufanias

rapporte d'autres particularités de ce lac de Lerne» c'est par ce lac, » dit-il, que les Argiens pré» tendent que Bacchus defcen» dit aux enfers pour en reti» rer Sémelé sa mère : ce qu'il » y a de vrai, ajoute l'hifto>> rien, c'est que ce marais eft » d'une profondeur exceffive, » & que qui que ce foit, juf » qu'à préfent, n'en a pu trou»ver le fond, de quelque ma>> chine qu'il fe foit fervi pour » cela : car Néron même fit » lier des cables bout à bout, » de la longueur de plufieurs » ftades; & par le moyen d'un » plomb que l'on y attacha, » il fit fonder le fond de ce » marais, fans qu'il fût poffi»ble de le trouver. On en » raconte encore une autre par» ticularité : c'est que l'eau de » ce marais, qui paroît tou»jours comme dormante » tournoie néanmoins telle>>ment, que quiconque ofe» roit

y nager, ne manque »roit pas de fe perdre «.

LERNÉES ou LERNÉENS, fêtes ou mystères qu'on célébroit à Lerna, près d'Argos, en l'honneur de Bacchus & de

(a) Odyff. liv. 10.

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Cérès. La Déeffe y avoit un bois facré, tout en platanes ; & au milieu du bois étoit fa ftatue de marbre qui la repréfentoit affife. Bacchus avoit auffi une ftatue. Quant aux facrifices nocturnes qui s'y font tous les ans à Bacchus, dit Paufanias, il ne m'est pas permis de les divulguer.

LESBOS, ifle de la mer Egée, qu'on appelle aujourd'hui Mételin. Les Lesbiens avoient la barbare coutume d'immoler à Bacchus des victimes humaines. V. Cadmus, ou Cadmilus.

LESTRIGONS étoient un peuple qui habitoit en Italie, proche de Caiette. Leur ville capitale, qu'Homère appelle Leftrigonie, & qui a eu depuis le nom de Formies, avoit été bâtie par Lamus. Voyez Lamus. Homère (a) nous donne les Leftrigons pour Antropophages. Ulyffe étant arrivé fur les côtes de la Leftrigonie, envoya deux de fes compagnons vers le Roi du pays: ceux-ci trouvèrent, à l'entrée du Palais, la femme du Roi, dont la vie leur fit horreur, car elle étoit auffi grande qu'une haute montagne. Dés qu'elle les vit, elle appella fon mari, qui leur prépara une cruelle mort; car empoi

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dre le fouvenir du paffé: c'é toient les ames qui devoient animer de nouveaux corps» Mais eft-il croyable, difoit » Enée à fon père Anchife, » aux champs Elysées, que les >>ames retournent fur la terre » pour animer une feconde fois >> des corps mortels ? Est-il » poffible qu'elles défirent avec >> tant d'ardeur de revoir la lu» mière, & qu'elles aient tant

gnant d'abord un des deux envoyés, il le mangea pour fon dîner; l'autre voulut s'enfuir, mais ce monstre se mit à crier & à appeller les Leftrigons. Sa voix épouvantable fut entendue de toute la ville. Les Leftrigons accoururent de toutes parts fur le port, femblables non à des hommes, mais à des géans, & du haut de leurs rochers efcarpés, accablèrent de pierres les compagnons d'U-» de goût pour cette malheulyffe: ils en faifirent plufieurs ; & enfilant ces malheureux comme des poiffons, ils les emportèrent pour en faire bonne chère. Ulyffe, qui n'étoit point defcendu à terre, s'éloigna au plus vîte de cet horrible lieu, après avoir perdu plus de la moitié des fiens. Cette hiftoire eft contée différemment par Ovide. Voyez Antiphate. Au refte, les Leftrigons ne cultivoient point la terre ; ils ne vivoient que de la chair & du lait de leurs troupeaux.

LÉTHÉ, un des fleuves de l'enfer, autrement nommé le fleuve d'Oubli. Les eaux du Léthé, dit Virgile, baignoient les champs Elysées: fur les bords du fleuve voltigeoit une foule d'ombres de toutes les nations de l'univers, qui paroiffoient fort empreffées de s'y plonger, & d'en boire à longs traits, pour per

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»reufe vie? Anchife lui ré» pond: lorfque le temps a » achevé d'effacer toutes les >> fouillures des ames dans les >> enfers, & qu'elles ont re» couvré la pureté de leur cé»lefte origine, & la fimplicité » de leur effence, un Dieu, >> au bout de mille ans, les >> conduit fur les bords du >> fleuve d'oubli, afin de les » rappeller à la vie, & de les >> unir, fuivant leurs défirs, à >> de nouveaux corps «. Ceux qui admettoient la métempsycofe, penfoient que c'étoit-là la caufe pourquoi on ne fe fouvenoit plus de ce qu'on avoit été auparavant. Il y avoit en Egypte un marais près du lac Querron, appellé Léthé, dont (a) le nom, en grec, fignifie oubli. Toute la fable du Léthé paroît bâtie uniquement fur la fignification du mot Léthé. Le Léthé étoit

auffi une rivière d'Afrique, qui fe jettoit dans la Méditerranée, proche le cap des Syrtes; il interrompit, dit-on, fa courfe,

& rentrant dans la terre, couloit par-deffous pendant quelques milles, & refortoit enfuite plus gros, près de la ville de Bérénice: c'est ce qui fit imaginer qu'il fortoit des enfers. Il y avoit encore en Efpagne deux fleuves de même nom; l'un dans la Béthique, c'eft le Guadalethe; l'autre dans le Portugal, aujourd'hui le Lima. Enfin on trouve dans l'ifle de Crète un fleuve Léthé, ainfi nommé, dit la fable, parce que Hermione y oublia fon mari Cadmus.

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LÉTHÉE & OLENE, changés en rochers. Voyez Olène.

LETTRES de Bellérophon, Voyez Bellerophon.

LÉVANA, divinité tutélaire des enfans. Elle préfidoit à l'action de celui qui levoit un enfant de terre: car quand un enfant étoit né, la fagefemme le mettoit par terre, & il falloit que le père, ou quelqu'un de fa part, le levât de terre, & le prît entre fes bras, fans quoi il påssoit pour illégitime. Voffius prétend que Lévana eft la même qu'Ilithie ou Lucine.

LEUCADIUS furnom d'Apollon, à caufe d'un temple qu'il avoit dans l'ifle de

Leucate, fur la côte d'Epyre.

LEUCATE, Promontoire de l'Acarnanie, où Apollon étoit honoré particuliére

ment; il étoit voifin d'Actium. C'eft à Leucate qu'Enée fit célébrer les jeux Troyens en l'honneur de fon père Anchife.

LEUCE, ifle du pont Euxin, dont les anciens ont fait une espèce de champs élyfées, ou habitoient les ames de plufieurs héros. » Il y a >> fur le pont Euxin, dit Pau » fanias, vers l'embouchure du » Lifter (le Danube ) une isle >> confacrée à Achille, qui a » nom Leucé : cette iЛe a

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quelques vingt ftades de >> circuit: elle eft toute cou» verte de forêts qui abondent » en bêtes fauves & de tou»te espèce. Achille y a un » temple & une ftatue. On dit que Léonimie de Crotone eft le premier qui ait abor» dé en ce lieu. En effet, la » guerre s'étant allumée entre >> les Crotoniates & les Lo» criens d'Italie, ceux-ci, à >> caufe de leur ancienne affi»nité avec les Opontiens, in

voquèrent Ajax, fils d'Oi» lée. Léonyme, qui comman» doit les Crotoniates, attaqua » les ennemis, & donna d'a»> bord fur un gros que l'on

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fuppofoit être commandé par » Ajax; mais il reçut une » grande bleffure dans l'efto» mac, ce qui l'obligea à se

» retirer du combat. Dans la » fuite, comme fa plaie lui » faifoit beaucoup de douleur, » il alla confulter l'Oracle de » Delphes. La Pythie lui or» donna d'aller dans l'ifle Leu»cé, que là il trouveroit Ajax » qui le guériroit: il y alla en > effet, & fut guéri. Les Cro>>toniates difent qu'à fon re» tour il affura qu'il avoit vu, » dans cette ifle, Achille, les » deux Ajax, & avec eux Pa>> trocle & Antiloque: qu'Hé » lène étoit mariée à Achille, » & que cette Princeffe lui » avoit recommandé, qu'auffi» tôt qu'il feroit arrive à Hi»'méra, il avertit Stéfichore » qu'il n'avoit perdu la vûe »que par un effet de fa colè »re & de fa vengeance; avis » dont le poëte profita fi bien, » que peu de temps après il » chanta la palinodie «. Il faut remarquer que. Paufanias

commence fon récit par ces mots : » Il faut que je rap>> porte un conte que font les Crotoniates fur Hélène «<.

Voyez Achillea...

LEUCIPIDES, Phoebé & Hilaire, filles de Leucippus. Voyez Caftor, Hilaire.

LEUCIPPE, fille de Theftor. Voyez Theftor.

LEUCIPPUS, fils d'Oenomaus, Roi de Pife, au rapport de Paufanias, devint paflionnément amoureux de Daphné mais il comprit que,

s'il la recherchoit ouvertement en mariage, il s'expoferoit à un refus, parce qu'elle avoit de l'averfion généralement pour tous les hommes; voici donc le ftratagême dont il s'avifa. Il laiffa croître fes cheveux pour en faire, difoit-il, un facrifice au fleuve Alphée; après les avoir noués à la manière des jeunes filles, il prit un habit de femme, & alla voir Daphné: il se présenta à elle fous le nom de la fille d'Oenomaüs, & lui témoigna avoir grande envie de faire une partie de chaffe avec elle; Daphné fut trompée à l'habit, & Leucippe paffa pour une fille, Comme d'ailleurs fa naissance & fon adreffe lui donnoient un grand avantage fur toutes les compagnes de Daphné, & qu'il n'oublioit rien pour lur plaire, il eut bientôt gagné fes bonnes graces. Ceux qui mêlent les amours d'Apollon avec cette aventure, continue l'hiftorien, ajoutent que le Dieu, piqué de voir Leucippe plus heureux que lui, infpira à Daphné & à fes compagnes, l'envie de fe baigner dans le Ladon; que Leucippe fut contraint de quitter fes habits comme les autres, & qu'ayant été reconnu pour ce qu'il étoit, il fut tué à coups de flèches ou de poignard. Cette histoire peut être vraie dans toutes fes circonftances, fi on en ôte l'ing

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