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» figures infâmes, non dans le » fecret, pour épargner la pu» deur, mais en public, pour » faire triompher l'iniquité. » Car on les mettoit honora» blement fur un chariot, que » l'on conduifoit dans la ville, » après l'avoir d'abord pro>> mené par les champs. Mais, » dans Lavinium, il y avoit » un mois entier pour les feu» les fêtes de Liber, pendant » lefquelles on difoit les plus >> grandes faletés du monde, >> jufqu'à ce que le chariot eût » traversé la place publique, » & fût arrivé au lieu que » l'on avoit destiné pour mettre ce qu'il portoit. Après » quoi il falloit que la plus » honnête dame de la ville al» lât couronner cet infâme dé» pôt devant tout le monde. » C'est ainfi qu'on croyoit >> rendre le Dieu Liber favo»rable aux femences, & qu'on » espéroit détourner des terres les charmes & les fortilé»ges «. Cette fête étoit différente des Bacchanales. Varron ajoute que de vieilles femmes, couronnées de lierre, fe tenoient affifes avec des Prêtres de Bacchus à la porte de fon temple, ayant devant elles un foyer & des liqueurs, compofées avec du miel, & qu'elles invitoient les paffans à en acheter pour faire des libations à Bacchus en les jettant dans le feu. On mangeoit en

public ce jour-là, & chacun avoit la liberté de dire ce qu'il vouloit.

LIBERALITÉ, cette vertu eft perfonnifiée fur les médailles Romaines. C'est une femme qui, dans un revers d'Hadrien, répand une corne d'abondance: dans une autre, elle tient la corne d'abondance d'une main, & de l'autre une tablette marquée de points ou de nombres; c'étoit pour indiquer la quantité, ou de grains, ou de vin, ou d'argent que l'Empereur donnoit. Outre ces figures de la Libéralité repréfentée en femme, il y en a plufieurs autres où l'action même du Prince, qui fait fes libéralités au peuple, eft représentée. On appelle même ces médailles Liberalitas. Lè globe étoit auffi un des fymboles de la Libéralité. Voyez Globe.

LIBERATOR, Jupiter fe trouve quelquefois appellé de ce nom dans les poëtes, lorfqu'il avoit été invo-. qué dans quelques dangers dont on croyoit être forti par fa protection.

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LIBERTÉ, c'étoit une Déeffe, chez les Grecs, fous le nom d'Eleutherie. Mais fon culte fut bien plus célèbre chez les Romains, fi amoureux de la Liberté, qu'ils lui bâtirent plufieurs temples, & lui élevèrent un grand nombre de

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force de fe pouffer les uns les autres, ils renverfèrent la colonne qui étoit fur le tombeau; l'urne qu'elle foutenoit; tombe & fe caffe: le foleil vit donc les os d'Orphée. Dès la nuit fuivante il y eut un orage effroyable; le Sus, un des torrens qui tombent du mont Olympe, groffi des eaux du ciel, fe déborde, inonde la ville de Libèthre, en jette à bas les murs, les temples, les maifons, gagne enfin avec tant de précipitation & de violence, que cette miférable ville, avec tout ce qu'elle renfermoit d'habitans, fut enfévelie fous les eaux. Ainfi fut accompli l'Oracle.

LIBÉTHRIDES: on donne quelquefois ce nom aux mufes; il étoit particulier à des Nymphes qui habitoient aux environs du mont Libéthrius, près de l'Hélicon. Près de-là étoit aufli la fontaine Libéthri de, qui fortoit d'une groffe roche, dont la figure imite le fein d'une femme, de manière que l'eau femble couler de deux mammelles, comme du lait. Les Mufes & les Nymphes Libéthrides avoient leurs ftatues fur le mont Libéthrius. LIBITINE, Déeffe qui préfidoit aux funérailles. Plutarque prétend que c'étoit Venus à qui on donnoit ce nom, pour avertir les hommes de la fragilité de la vie, & leur faire

comprendre que la fin n'en étoit point éloignée du commencement, puisque la même divinité préfidoit à l'un & à l'autre : c'eft auffi le fentiment de Denis d'Halicarnaffe. D'autres croient que c'étoit Proferpine. Libitine avoit un temple à Rome, qui étoit environné d'un bois facré : c'étoit dans ce temple qu'on vendoit tout ce qui étoit néceffaire pour les funérailles. Par une ancienne coutume établie par le Roi Servius-Tullus, on portoit à ce temple de l'argent pour chaque perfonne qui mouroit: on mettoit cet argent dans le tréfor de Libitine ; & ceux qui étoient préposés pour le rece→ voir, écrivoient fur un regiftre le nom de chaque mort pour lequel on venoit apporter cette espèce de tribut. Ce regiftre s'appelloit le registre de Libitine, Libitina ratio. C'eft-par-là qu'on fçavoit combien il mouroit de monde cha→ que année. On appella Litirinaires des Officiers publics qui avoient soin des funérail¬ les, & de tout ce qui concer noit cette cérémonie. Il paroît par la troisième Ode du troifième livre d'Horace, qu'on donnoit aufli le nom de Libitine à cette espèce de lit dans lequel on portoit les corps morts à leur fépulture.

LIBYE, fille d'Epaphus & de Caffiopée; ou, felon d'au

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curgue.

LICORNE, animal qui n'a qu'une corne: on le met aujourd'hui affez communément au rang des animaux fabuleux. Cependant on ne peut guères nier qu'il n'exifte dans la nature plufieurs espèces d'animaux qui n'ont qu'une corne. Parmi les quadrupedes, nous n'en trouvons pas moins de cinq efpèces, le boeuf & l'âne des Indes, le rhinocéros, l'oryx & le monocéros. Olaus & Albert en décrivent une forte parmi les poiffons ; & il s'en trouve encore parmi les infectes; telles font les quatre efpèces d'efcarbots naficornes, dont Muffétus nous a donné la defcription. Une des plus fortes raifons contre l'exiftence de la licorne, c'eft que la plupart des anciens, qui parlent de cet animal, en font des defcriptions contraires les unes aux autres,& qui fe détruifent fouvent. Pline dit que c'est un animal féroce & terrible; Vartoman au contraire, en fait un animal doux & traitable. Les licornes du Cap de Bonne-Efpérance font décrites par Garcias ab horto, avec des têtes de cheval: cel

les que Vartoman a ves avoient des têtes de cerf. Pline, Elien, Solin, Paul-Vénifien, témoins oculaires, affurent que les pieds de la licorne reffemblent à ceux de l'éléphant; celles, au contraire, dont parle Vartoman, avoient les pieds fendus comme les chèvres. Selon Elien, c'est un animal de la grandeur du cheval. Selon Vartoman, de la grandeur du poulain. Celle dont parle Thevet, de la grandeur d'une géniffe ; & PaulVénitien dit qu'elle approche de la grandeur de l'éléphant. De ces descriptions fi différentes, on doit conclure que ces divers auteurs ne parlent pas du même animal. La corne de ces différentes espèces de licor

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n'eft pas la même non plus. Celle dont Elien & Pline font mention, étoit noire : la nôtre eft prefque toujours blanche ; & des cinq que vit Scaliger, il y en avoit une d'un rouge clair, deux tirant fur le rouge, mais il n'y en avoit pas une qui fût noire. Parmi celles que l'on garde dans les cabinets des curieux, quelquesunes font torfes, d'autres ne le font pas. Celle que l'on montre à S. Denis eft fpirale & torfe en cela elle convient avec celle que décrit Elien. Les deux que l'on voit dans le tréfor de S. Marc à Venife, font unies & femblables

:

a peu près aux cornes de l'âne Indien. Celle qui eft chez l'Electeur de Saxe eft unie & folide. Albert-le-Grand parle d'une qui avoit dix pieds de long, & treize pouces de tour à fa bafe. Celle d'Anvers décrite par Bécan, ne lui cède guères on croit que cellesci font de licornes de mer, qui, au témoignage d'OlausMagnus, font fi grandes & fi fortes, qu'elles percent les côtés d'un vaiffeau. Mais ajoutons à ceci que, quoiqu'il y ait plufieurs espèces de licornes, &, par une fuite néceffaire, plufieurs fortes de cornes, il y en a beaucoup que nous prenons pour telles, qui ne font, en aucune façon, des cornes, mais des foffiles ou des pétrifications de corps durs, qui en ont les apparences.

Voici maintenant une fable de nos anciens naturalistes, rapportée (a) par Ifidore de Séville, fur la manière de prendre les licornes. » Rhinocéros, » ainfi appellé par les Grecs, » s'explique en latin, qui a » une corne fur le nés. Le » monocéros ou la licorne, de » même s'appelle ainfi, parce » qu'elle a au milieu du front » une corne de quatre pieds » de long. Cette corne eft fi » forte, qu'elle renverfe ou perce tout ce qu'elle frappe.

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» Elle combat fouvent contre » l'éléphant, & le tue en lui » perçant le ventre. Sa force » eft telle, que les chaffeurs >> ne pourroient jamais la pren»dre. Mais comme affurent » ceux qui ont écrit fur la na>>ture des chofes on fait » avancer une jeune fille vier»ge, qui découvre fon fein » devant la licorne lorsqu'elle approche; alors la bête dé» pofant toute fa férocité, »plique fa tête contre ce fein, » où s'étant comme assoupie, >> elle eft prise fans aucune pei»ne, comme fi la nature ne » l'avoit point armée «. Cette fable, qui choque la vraifemblance, auffi-bien que tant d'autres chofes que nous rapportent les anciens naturalistes, fe trouve exprimée fur une pierre gravée, qui eft du goût des beaux fiècles de l'antiquité.

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LICYMNIUS, frère d'Alcmène, fut tué par Tlépolème, fils d'Hercule. Voyez Argée, Enoüs, Tlépolème.

LIERRE. Cet arbre étoit fpécialement confacré à Bacchus, ou parce qu'il fut jadis caché fous cet arbre, felon quelques-uns, ou parce que le lierre toujours verd, marquoit la jeuneffe de Bacchus, qu'on difoit ne point vieillir. Plutarque (b) dit que ce Dieu enfeigna, à ceux qui étoient

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(a) Au liv. douzième de fes Origines, ch. 2. (b) Liv. 3 des propos de table, quest. 1.

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