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Tonnifié, dans les monumens, par une figure de Diane Lune, qui porte le croiffant fur la ornement ordinaire de

tête, Diane.

. LUNE: le Soleil & la Lune furent les premiers objets de l'Idolâtrie, chez la plûpart des peuples de la terre. Les hommes, frappés à la vûe de ces deux arftres qui leur étoient fi utiles, fe perfuadèrent aifément que ces corps lumineux étoient les maîtres du monde, & les premiers Dieux qui le gouvernoient. Comme on s'imaginoit que la Lune caufoit plufieurs maux par fes influences, on la croyoit animée; & parce qu'on la voyoit toujours la même & fans aucune altération, on la croyoit immortelle: dès-lors, on commença à fe profterner devant elle, & à lui adreffer des vœux pour fe la rendre favorable. Un Auteur Païen, c'eft Macrobe, a prétendu même prouver que toutes les divinités du Paganifme pouvoient fe rapporter à ces deux aftres; les divinités du fexe féminin à la Lune, comme celles du fexe mafculin au Soleil. Selon cet Auteur, c'eft la Lune que les Egyptiens adoroient fous le nom d'Ifis, dont le nom fignifie la vieille ou l'antique ; ce qui convient fort à la Lune. C'eft elle que les Phéniciens adoroient fous le

nom d'Aftarte, les Arabes, fous le nom d'Alizat; les Perfes, fous le nom de Mylitra ; les Grecs & les Romains, fous les noms d'Artémis, de Diane. Dans l'Ecriture Sainte, il eft fouvent parlé du culte que l'on rendoit à la Reine du ciel. Héfiode dit que la Lune étoit fille de Théa; c'est-àdire, de la divinité; il donnoit la même origine aux autres aftres. Les Grecs & les Romains l'honorèrent, comme une Déeffe, fous le nom propre de Lune, ou Zeλvn, en grec. Son culte étoit auffi fort répandu I dans les Gaules; on trouve qu'il y avoit un Oracle de la Lune, deffervi par des filles Druideffes de profeffion, dans la petite ifle de Sain, fituée fur la côte Méridionale de la baffe Bretagne, au rapport de l'Auteur de l'histoire de la religion des Gaulois. Voyez Diane Ifis, Soleil. Quant aux amours de la Lune & d'Endymion, voyez Endymion. Les Magiciennes de Theffalie difoient avoir un grand commerce avec la Lune; elles fe vantoient de pouvoir, , par leurs enchantemens, la faire defcendre fur la terre ce qu'on appelloit, Lunam deducere. Lucien, dans fon Philopfeudès, parle d'un homme qui faifoit defcendre la Lune; & Pétrone fait dire à Chryfis, que les femmes de Crotone faifoient defcendre la

Lune quand elles vouloient. V. Sortilèges.

LUNUS: les anciens font mention d'un Dieu Lunus, qui n'eft autre que la Lune même, parce qu'on donnoit fouvent les deux fexes aux Dieux. Celui-ci, fuivant Spartien, étoit adoré à Carres, ville de la Méfopotamie, où l'Empereur Caracalla fit un voyage pour rendre honneur à ce Dieu. Voici comme s'exprime l'hiftorien fur ce Dieu Lunus. » Il eft à remarquer que les plus fçavans hommes ont écrit une chofe que ceux de Carres difent encore aujourd'hui, c'eft que ceux qui appellent la Lune du nom féminin, & qui la regardent » comme une femme, font » affujettis aux femmes & maîtrifés par elles; & qu'au contraire ceux qui croient que c'est un Dieu mâle, ont toujours l'empire fur leurs » femmes, & n'ont point à » craindre leurs piéges. De» là vient que les Grecs & » les Egyptiens, quoiqu'ils appellent la Lune d'un nom féminin, en parlent dans ars myftères, comme d'un Dieu mâle «. Ce Dieu Lunus eft appellé, par Strabon, Miv, qui, en grec, fe prend pour la Lune auffi- bien pour le mois. Dans plufieurs langues de l'Orient, la Lune a un nom mafculin; en d'au

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que

tres, comme en hébreu, elle a les deux genres. De- là vient que les uns en ont fait un Dieu; d'autres une Déeffe, & quelques-uns une divinité Hermaphrodite. Il y a des monumens qui ont confervé la figure du Dieu Lunus: il porte le bonnet Phrygien, recourbé fur le devant, à la manière des anciens bonnets des Orientaux: il eft debout en habit militaire, une pique à la main, tenant de la main gauche une victoire, & ayant à ses pieds un coq, dont le chant nous avertit, pendant la nuit, du retour de la lumière. Spartien nous apprend encore que les hommes facrifioient au Dieu Lunus en habit de femme, & les femmes en habit d'homme. Enfin, le Dieu Lunus étoit auffi quelquefois pris pour la Nuit.

LUPERCAL, c'eft la grotte où Rémus & Romulus avoient été alaités par la louve: elle étoit au pied du mont Palatin. Servius croit que cette grotte fut ainfi appellée, parce qu'elle étoit confacrée à Pan, Dieu de l'Arcadie, auquel le mont Lycée étoit auffi confacré qu'Evandre, Arcadien, étant venu en Italie, dédia de même un lieu au Dieu de fa patrie, & le nomma Lupercal, parce que c'eft par le fecours de ce Dieu que les beftiaux font préfervés des

loups. Il est vrai que le Lupercal étoit confacré à Pan, & que les Luperques, fes prêtres, lui faifoient-là leurs facrifices.

LUPERCALES, fêtes inftituées à Rome en l'honneur de Pan: elles fe célébroient, felon Ovide, le troifième jour après les ides de Février. Nous avons vû, au mot Lupercal, que Servius en attribue l'inf titution à Evandre. ValèreMaxime prétend que ces Lupercales ne furent commencées que fous Romulus & Rémus, à la perfuafion du berger Fauftulus. Ils offrirent un facrifice, immolèrent des chè yres, & firent enfuite un feftin, où s'étant échauffés la tête à force de boire du vin, ils divifèrent la troupe des bergers, qui s'étant ceints des peaux de bêtes immolées, alloient çà & là, folâtrant les uns avec les autres, En mémoire de cette fête, des jeunes gens couroient tout nuds, (remarquez que c'étoit au de Février), tenant d'une main les couteaux dont ils s'étoient fervis pour immoler les chèvres ; ils fe teignoient le front de ce fang, & enfuite fe faifoient effuyer cette teinture avec de la laine trempée dans du lait. Dans l'autre main ils avoient des courroies, dont ils frappoient tous ceux qu'ils trouvoient fur leur chemin. L'opi

mois

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nion où étoient les femmes, que ces coups de fouet leur fervoient à devenir fécondes ou à accoucher heureusement, faifoit que, loin de s'éloigner pour éviter leurs rencontres elles s'en approchoient pour recevoir ces coups fi favorables. Voici, felon Ovide, Faft. lib. 2, l'origine de cette opinion: Les Sabines furent long-temps fans concevoir après leur enlevement; maris & femmes s'adreffèrent à Junon, qu'ils allèrent invoquer dans un bois qui lui étoit confacré : elle répondit qu'il falloit qu'un vilain bouc faillit les femmes de Rome : Itatidus matres, inquit, caper birtus inito. Par bonheur un Au gure, qui fe trouva-là, les tira de peine: il immola un bouc, dont il ordonna que la peau fût mise en lanières, pour fouetter les femmes. Elles confentirent, & ne manquérent pas d'accoucher au dixième mois. Parmi les Luperques, il y avoit des gens de la première qualité, & des magiftrats qui couroient la ville tout nuds comme les autres.

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étoit avec eux s'en étant apperçus, mirent bas leurs habits pour courir plus aifément après ces voleurs ; & les ayant atteints, ils leur enlevèrent le butin. Comme cela leur avoit réuffi, la coutume de courir nud aux lupercales, s'introduifit & s'établit. Ovide, Faft. 2, en rapporte encore une autre raifon. Il dit qu'Hercule voyageant un jour avec Omphale, Faunus, qu'il prend ici pour le Dieu Pan, devint amoureux de la belle. Hercule & Omphale logèrent cette nuitlà dans une caverne. Pendant qu'on leur préparoit à fouper, Omphale s'amufa à parer Hercule de fes habits & de fes bijoux, & prit, à la place, la peau de lion, la maffue, le carquois & les flèches; ils foupèrent en cet équipage, & ne le quitterent point en fe couchant. Il fallut faire lit à part cette nuit-là, parce qu'ils devoient, dès le matin, faire un facrifice à Bacchus ; & cette cérémonie demandoit que l'on paffât la nuit dans la continence. Faune, qui avoit fuivi l'objet de fon amour, entra dans la caverne la faveur des ténèbres & du fommeil où tout le monde étoit plongé. Il va de côté & d'autres à tâtons, tant qu'enfin il trouva le lit d'Omphale; mais il n'eut pas plutôt touché la peau du lion, qu'il recule tout effrayé. Il

trouve enfin le lit d'Hercule; qu'il prit, au toucher des habits, pour Omphale. Il fe gliffa dans le lit; le héros s'éveille, &, d'un coup de coude, fait fauter Faune hors du lit. Omphale s'éveille, appelle fes gens, demande de la lumiè– re; on en apporte ; on trou

ve le pauvre Faune par terre, qui a de la peine à se relever, & en eft quitte pour une huée qu'il effuie. Il prit, de cette aventure, en horreur les habits qui l'avoient trompé, & voulut que fes prêtres n'en portaffent point pendant les cérémonies de fon culte. Du temps d'Augufte, cette fête, qui commençoit à s'abolir, fut rétablie & fe continua depuis au-delà même du paganifime, qui fut aboli à Rome dès le quatrième fiècle ; & cependant les lupercales fe faifoient encore à la fin du cinquième.

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LUPERCES ou LuPERQUES; ce font les prêtres du Dieu Pan qui célébroient les lupercales. C'étoient les plus anciens prêtres de la religion païenne à Rome, ayant été inftitués, ou par Evandre, ou par Romulus. Ils étoient divifés en deux collèges ou compagnies, celle des Fabiens & celle des Quintiliens. JulesCéfar en ajouta une troisième, qu'il nomma les Juliens de fon nom. Suetone donne à enten

dre que cet établiffement fut une des chofes qui rendit cet Empereur plus odieux. Il paroît même que cette compagnie de Luperques ne fut point inftituée par Céfar ni pour Pan, mais par les amis de Céfar, & en fon honneur ; » car il fouf>> frit, dit Suetone, qu'on lui » décernât des honneurs qui >> font au-deffus de l'homme: >> un fiége d'or dans le sénat & » fur le tribunal, des temples, » des autels, des ftatues au» près de celles des Dieux, » un flamine, des Luperques, » & qu'il y eût un mois qui »portât fon nom «. Cette efpèce de facerdoce n'étoit pas en grand honneur à Rome. Cicéron reproche à Antoine de l'avoir été ; & il traite le corps des Luperques de fociété agref

te,

inftituée avant l'humanité & les loix, c'est-à-dire, avant que les hommes fuffent humanifés & policés.

LUSTRALE, eau luftrale; c'eft celle dont on fe fervoit dans certaines cérémonies pour les lustrations. LUSTRALES. Voyez

Hoftie.

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fortes de luftrations, ou on les faifoit de trois manières par le feu ou le foufre, avec l'eau, ou par l'air; c'est-à-dire en remuant & agitant l'air autour de la chofe qu'on vouloit purifier. Il y avoit un jour fixé, auquel on faifoit des luftrations fur un enfant avant de lui donner un nom; c'étoit le neuvième après la naiffance pour les garçons, & le hui tième pour les filles : quelquefois pourtant on prenoit le cinquième. On trouve auffi que le dernier jour de la femaine étoit particuliérement affecté aux luftrations pour les enfans. C'étoit un jour de fête auquel la Déeffe Nondina préfidoit. Les fages-femmes & les domeftiques paffoient & repaffoient l'enfant autour du feu qui étoit fur les autels des Dieux; puis ils jettoient de l'eau fur lui par afperfion. De vieilles femmes mêloient dans cette eau de la falive & de la pouffière, qu'el les prenoient ordinairement dans les bains: enfin on faifoit un grand feftin. Voyez Expiations.

LUSTRATION, expiations, facrifices, cérémonies par lefquelles les païens purifioient, ou une ville, ou un champ, ou une armée, ou les perfonnes fouillées par quelque crime ou par quelqu'impureté. Il y avoit de trois

LUSTRE, c'est un espace de cinq ans. C'étoit autrefois une cérémonie ou un facrifice que faifoient les Romains après avoir fait le dénombrement du peuple de cinq en cinq ans.

LUTTE, combat de deux hommes, corps à corps, pour

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