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tout étourdi & tout hors de vous. Vous repreniez vos fens peu à peu, & vous recom¬ menciez à pouvoir rire car jufques-là la grandeur des myftères, & la divinité dont vous étiez rempli, vous en avoient bien empêché.

Paufanias nous dit qu'il n'y a jamais eu qu'un homme qui foit entré dans l'antreldes Tro phonius, & qui n'en foit pas forti. C'étoit un certain efpion que Démétrius y envoya, pour voir s'il n'y avoit pas dans ce lieu faint quelque chofe qui fût bon à piller. On trouva loin de-là le corps de ce malbeureux, qui n'avoit point été jetté dehors par l'ouverture facrée de l'antre.

Voici les réflexions fenfées dont M. de Fontenelle (a) accompagné ce récit. » Quel loi >> fir, dit-il, n'avoient pas les » prêtres pendant tous ces dif»férens facrifices qu'ils fai» foient faire d'examiner ofi on étoit propre à être envoyé dans l'antre : Car af furément Trophonias choi» fiffoit les gens, & ne fecevoit pas tout le monde. » Combien toutes ces ablutions, & ces expiations, & ces voyages nocturnes, & » ces paffages dans des caver»nes étroites & obscures, rem»pliffoient-elles l'efprit de fu

(4) Hift. des Oracles, p. 2.

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» étoient toujours les inter» prètes «

«

Trophonius étoit auffi un furnom de Jupiter.

TROS, fils d'Erichtonius, donna fon nom à la ville de Troye, qu'on appellon auparavam Dardanie. Il eut de la Nymphe Callirhoë trois enfans, Ilus, Affaraons & Ganimède. Il fit plufieurs conquêtes fur fes voifins: la jalou fie qu'il fçavoir que fes fuccès leur inspiroient, lui fit croire que c'étoit Tantale, Roi de Lydie, qui lui avoit enlevé fon fils Ganymede, ce qui fint la cause d'une longue guerre entre ces deux Princes & leurs defcendans. Homère dit que Jupiter, pour confoler Tros de l'enlevement de fon fils, lui fitpréfent de fort beaux chevaux. Voyez Ganymede, Tantale.

TROYE ville célèbre de l'Afie Mineure, fur le bord de la mer. Laomedon la fit environner de fi fortes muraitles, qu'on attribua cet ouvrage à Apollon, Dieu des beaux arts. Les fortes digues qu'il fallut faire contre les vagues de la mer, pafferent pour l'ouvrage de Neptune; & comme dans la fuite les vents & les inondations ruinèrent une partie de ces ouvrages, on publia que Neptune s'étoit vengé du perfide Laomedon. V. Apollon, Laomedon, Neptune.

Tout le monde fçait que l'endevement d'Hélène par Paris, fut le motif qui porta des Greas à entreprendre le fameux fiége de cette ville: mais il y avoit entre des deux nations d'asciens gemmes d'animofiné. V. Tamale.

Le fiége de Troye dura dix ans ; la deftinée de cette ville, felon Homère, dépendoit d'Hector: Troye devoit le défendre tant qu'il feroit en vie. Les poëtes poftérieurs à Homère ont ajouté que la ruine de Troye étoit attachée à certaines fatalités qui devoitat être accomplies auparavant. La première étoir qu'elle ne pouvoit être prife, s'il n'y avoit parmi les affégeaus un defcendant d'Eacus. Voyez Achille, Pyrrhus. Se tondement, il falloit avoir les

èches d'Hercule. Voyez Phitotète. En troisième lieu, on devoit enlever le Palladium. Voyez Palladium. Il falloit quatrièmement empêcher que les chevaux de Rhelus ne bûffent de l'eau du Xamhe. Voy. Rhéfus. La cinquième fatalité étoit la mort de Troile, fils de Priam, & la destruction du tombeau de Laomedon. Voy. Laomedon, Troile. Enfin Troye ne pouvoit être prife fans que les Grecs euffent dans leur armée Téléphe, fils d'Hercule & d'Auge, allié des Troyens. V. Téléphe. V. auffi Farainés.

A la fin de la dixième année (a) les Grecs, laffés d'un fiége qui duroit depuis tant d'années, & rebutés par tant de vaines attaques où le deftin leur avoit été contraire, eurent recours à un ftratagê me. Ils s'avifèrent de conftruire, fuivant les leçons de Pallas, un cheval énorme, haut comme une montagne, compofé de planches de fapin artiftement jointes enfemble, & ils publièrent que c'étoit une offrande qu'ils confacroient à cette Déeffe pour obtenir un heureux retour. On tira enfuite au fort les foldats qui devoient être enfermés dans les vaftes flancs de ce cheval. Les Troyens, voyant ce coloffe fous leurs murs, fe propoferent de le faire entrer dans leur ville, & de le -placer dans la citadelle on abat une partie des murailles de la ville; on fait entrer ce monftre fatal, & on le place à la porte du temple de Minerve. La nuit fuivante, pendant que tout le monde dormoit profondément, le traître Sinon va ouvrir les flancs du cheval, & fait fortir les Grecs qui y étoient cachés. Sur cette fable de Virgile, Paufanias s'explique ainfi » Ce fameux cheval de bois étoit certai

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(2) Endid, liv. 2, No 1 30

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» nement une machine de »> guerre propre à renverser

des murs, ou bien il faut >> croire que les Troyens » étoient des stupides, des in»> fenfés, qui n'avoient pas ombre de raifon «. Lon croit que cette machine étoit la même que l'on a depuis appellée Aries on Bélier. D'autres ont dit que les Grecs firent réellement femblant de fe retirer; qu'ils pofèrent une embufcade dans une caverne voifine; que les Troyens, croyant n'avoir plus rien à craindre des Grecs, gardèrent négligemment leurs murailles, & fe livrerent à la joie & à la débauche; que les Grecs, cachés, efcaladèrent les murs pendant la nuit, tuèrent les gardes, & ouvrirent les portes à toute l'armée qui faccagea & brûla la ville cette même nuit. Voyez Laocoon, Sinon.

TROYE. On donnoit ce nom aux jeux Pyrrhyques. V. ce mot.

TRUIE cet animal étoit la victime la plus ordinaire de Cérès & de la Déeffe Tellus. On facrifioit, à Cybèle une truie pleine. Lorsqu'on juroit quelqu'alliance, ou qu'on faifoit la paix, elles étoient confirmées par le fang d'une

truie: c'eft ainfi que Virgile (a)
représenté Romulus & Tatius
fe jurant une alliance éter-
nelle devant l'autel de Jupi-
ter, en immolant une truie,
cafâ porca.

TRUIE qui fert de préfage
à Enée. Ce Prince, au rapport
de Denys d'Halicarnaffe, avoit
appris de l'Oracle de Dodone
que, lorfqu'il feroit arrivé en
Italie, il devoit prendre pour
guide un animal à quatre pieds,
& que,
dans l'endroit où cet
animal feroit tombé de fati-
gue,
bâtir une
il devoit y
ville. Au fortir des vaiffeaux,
comme il fe préparoit à faire
un facrifice, une truie, pleine
& prête à faire des petits, qui
devoit être immolée, rompit
fes liens lorfque les prêtres
s'en faififfoient pour commen-
cer le facrifice; & s'étant
échappée de leurs mains, fe
mit a traverfer la campagne.
Enée comprit que c'étoit - là
le guide annoncé par l'Ora-
cle, & le fuivit de loin avec
un petit nombre de fes com-
pagnons, de peur de l'effarou-
cher, & de le détourner
de la voie marquée par les
deftins. La truie s'éloigna
de la mer environ de vingt-
ftades,
le
&: gagna
quatre
fommet d'une colline, où
elle tomba de laffitude. Enée,
faifant réflexion fur la fitua-

(a) Enéid, liv. 8, v. 641.

tion de ce lieu peu com-
mode doutoit s'il devoit
obéir à l'Oracle,lorfqu'il enten-
dit une voix qui parloit du bois
prochain, fans qu'on apperçût
perfonne qui parlât : cette voix
lui ordonnoît de bâtir au plu-
tôt une ville en cet endroit ;
que les deftins réservoient aux
Troyens un établiffement plus
confidérable, aprés qu'ils au-
roient demeuré dans celui-ci
autant d'années que la truie
auroit fait de petits. Enée obéit
à la voix célefte, & bâtit-là
fa ville de Lavinium. Le jour
d'après, la truie mit bas trente
petits ce qui apprit à Enée.
que les Troyens, trente ans
après, bâtiroient une ville plus
confidérable. Enée immola à
fes Dieux Pénates, fur le lieu
même, la mère avec fes trente
petits. Voyez Lavinium.

TUBILUSTRE, fête def
tinée à purifier les trompettes
facrées. Elle arrivoit le der-
nier jour de la fête appellée
Quinquatrus, ou Quinquatria,
qui fe célébroit deux fois l'an-
née, le 19 Mars & le 18 Mai ;
ou, felon le plus grand nom→
bre d'auteurs, le 18 Juin. Le
facrifice qu'on y offroit, étoit
d'un agneau femelle.

TUCIA, veftale, ayant
été
accufée d'incefte, s'en purgea
en cette manière, au rapport
de Pline & de Valère- Maxi-

de la part de fon peuple tant de vénération, qu'après fa mort il fut mis au rang des Dieux. Une des principales cérémonies de fon culte étoit de chan

TUMULTE étoit un Dieu fils de Mars.

me. Elle prit un crible & fit cette prière: » Vefta, fi j'ai » toujours confervé la chafteté » en célébrant vos facrés myf>>tères, faites enforte que l'eau » que je puiferai avec ce criter fes louanges, qu'on avoit »ble dans le Tibre, y dem mifes en vers. Céfar croit que » meure jufqu'à ce que je l'au- c'étoit Pluton qu'on honoroit »rai rapportée à votre tem fous le nom de Tuifton. »ple «. Elle alla puifer l'eau avec confiance, la rapporta dans le crible fans qu'elle s'écoulât, & confondit les accu fateurs par cette preuve fo lemnelle de fon innocence. Valère - Maxime ajoute à ce récit : » Ces vœux étoient té » méraires, néanmoins la nas » ture s'y foumit «. Il faudroic d'autres témoins que les deux auteurs cités pour perfuader de la vérité de cette merveille. Pline place ce fait à l'an de Rome 519, lorfqu'on ferma, pour la première fois depuis Numa, le temple de Janus. TUCHÉ étoit, felon Homère, une des filles de l'Océan, qui jouoient avec Proferpine lorfqu'elle fut enlevée. C'eft auffi le nom que les Grecs donnent à la Fortune.

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TURNUS, Roi des Rutules, étoit fils de Daunus & de Vénilie, & neveu de la Reine Amate. Il fut élevé dans le palais de Latinus, & fe ftattoit d'époufer la Princeffe Lavinie mais les Dieux, par d'effrayans prodiges, s'oppofoient à ce mariage, dit Virgile. Turnus voyant qu'Enée lui étoit préféré, fe met à la tête de fes Rutules, & porte la guerre dans le Latium. Après deux batailles perdues contre les Troyens, il confent à un combat fingulier avec Enée, qui en avoit propofé le défi, & demande à Latinus que le vainqueur foit fon gen dre & fon fucceffeur. Virgile fait commencer finguliérement ce combat: >> Turnus, dit-il,

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apperçoit une de ces groffes » pierres qui fervent de bornes » à un champ pour en fixer

les limites. Douze honumes, » tels que ce fiècle en pro>> duit, auroient levé avec pei >>>ne cette maffe énorme : ce>> pendant Turnus, dans fa fu

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